Le Québec en marche

17. Actualité archives 2007


Paris - Je me trouvais vendredi dans une petite salle de spectacle, la Boule Noire, à Paris. Mes voisines étaient debout sur leurs chaises faisant un triomphe à Pierre Lapointe.
Un ami qui pratique le journalisme depuis plus de 15 ans dans la Ville lumière me dit que j'ai tout juste raté, trois jours avant, un fabuleux concert de Karina Gauvin et Marie-Nicole Lemieux. La semaine précédente, le cinéma québécois était à l'honneur sur les Champs-Élysées, en même temps qu'une pièce de Wajdi Mouawad était présentée en tournée en province et que Bombardier décrochait un deuxième contrat en quelques semaines.
Hier, j'ai reçu par courriel l'annonce de la tenue d'un colloque international sur le Québec qui aura lieu à Dallas, au pays de George W. Bush, au début du mois de mars prochain. Quelque 75 conférenciers provenant d'Europe, des États-Unis, du Canada et d'Afrique de l'Ouest prendront la parole.
Toujours hier, en sortant de la FNAC, où le dernier CD de Dobacaracol est en vedette, je croise par hasard, sortant de l'hôtel de ville, l'ancien président de la CSN, Gérald Larose. Celui-ci, professeur à l'UQAM, a été invité par des élus locaux en France pour leur enseigner comment inclure les entreprises et les organisations d'économie sociale dans leurs stratégies de développement.
Le soir même, je devais prendre un café, mais ça ne s'est pas réalisé, avec un ami, directeur à Montréal d'une multinationale de conseil stratégique, venu rencontrer un client parisien. Faute de le voir, j'ai allumé la télé où l'on annonçait pour Noël le dernier disque de Lynda Lemay.
Je termine de mon côté une mission en France et en Belgique pour consolider des alliances avec le ministère français des Affaires étrangères, l'Office franco-québécois pour la jeunesse, la Communauté française de Belgique et l'Organisation internationale de la Francophonie pour l'Institut du Nouveau Monde.
Je n'aime guère raconter ma vie dans les journaux, mais, en une semaine, il me semble avoir recueilli, sans faire le moindre effort de recherche, un nombre impressionnant d'indices, à l'intérieur de mon seul petit univers personnel, que le Québec n'est pas tout à fait immobile.
Des talents, des expertises rayonnent partout dans le monde autant dans l'économie, la culture et le social.
En étant à l'étranger, ces exemples de réussites individuelles, qui sont autant de preuves que la société québécoise est un incubateur d'entreprises à succès, de créativité et d'innovations sociales porteuses, m'ont sauté aux yeux plus que d'habitude.
Dans son dernier numéro, la rédactrice en chef de L'actualité, Carole Beaulieu, montre bien que le Québec est plus vivant que jamais. Le magazine fait la part belle à des Québécois qui changent le monde ici et à l'étranger.
Je me demande franchement pourquoi, depuis quelque temps, des personnalités publiques du Québec nous renvoient une image de perdants. Le Québec, disent-ils, souffrent d'un immobilisme «stérile et satisfait», et notre culture serait en déclin inexorable.
Depuis quelque temps, heureusement, quelques voix se lèvent pour dénoncer les chantres de l'immobilisme. Le Québec avance, progresse, depuis des décennies. Dans tous les domaines, y compris sur le plan économique.
On peut certes observer que les investissements privés sont en panne cette année, tandis qu'ils atteignent des sommets en Alberta. Il y a quelques années à peine, c'était cependant exactement le contraire. Et puis, le capital de risque est disponible. En outre, le Fonds de solidarité de la FTQ a connu, l'an dernier, sa meilleure année depuis sa création il y a 23 ans.
Intrigué par une espèce de torpeur ambiante, j'ai demandé à une quinzaine d'experts de colliger les faits, de vérifier si le Québec en est panne ou en marche, et ce thème fait l'objet du dossier principal de L'Annuaire du Québec 2007, dont je suis le directeur avec ma collègue Miriam Fahmy. L'ouvrage vient de sortir des presses.
La conclusion n'est évidemment pas celle des pessimistes, car les faits leur donnent tort. Le taux de chômage au Québec n'a jamais été aussi bas et le taux de participation au marché du travail, particulièrement chez les femmes (merci aux CPE), n'a jamais été aussi élevé. L'économie du Québec va croître en 2006 plus rapidement qu'en Ontario.
Malgré les difficultés dans le secteur forestier, les livraisons manufacturières avaient progressé de 4,5 % durant les six premiers mois de l'année. Même dans les régions dites périphériques (de la Gaspésie à l'Abitibi), l'emploi a cru de 8000 postes entre 2005 et 2006, et le déclin démographique semble avoir été freiné. L'activité en hausse dans le secteur minier et le lancement de la filière éolienne ont compensé les pertes dont l'industrie forestière est affligée.
Le secteur coopératif et l'économie sociale et solidaire ont connu pour leur part une hausse de 30 % du chiffre d'affaires et du nombre d'emplois créés depuis 10 ans.
Les Québécois se sont même remis en plus grand nombre à faire des enfants, et le taux de fécondité devrait, selon l'Institut de la statistique du Québec, atteindre 1,6 en 2006, contre 1,45 deux ans auparavant. La confiance des consommateurs est elle aussi à la hausse.
Il serait temps que l'on sorte de la morosité. Nous n'avons aucune raison d'y sombrer.
Cela veut-il dire que tout va bien au Québec? Bien sûr que non. Comme toutes les sociétés, nous connaissons notre lot de difficultés dans certains secteurs et nous serons bientôt confrontés à de sérieux défis. J'y reviendrai, la semaine prochaine, dans ma dernière chronique.
michel.venne@inm.qc.ca

Featured 84aa397226e915364f8658cc58409cdd

Michel Venne35 articles

  • 17 864

Directeur général Institut du Nouveau Monde

Michel Venne est le fondateur et le directeur général de l’Institut du Nouveau Monde. Il est le directeur de L’annuaire du Québec, publié chaque année aux Éditions Fides. Il prononce de nombreuses conférences et est l’auteur de nombreux articles scientifiques. Il est membre du Chantier sur la démocratie à la Ville de Montréal, membre du comité scientifique sur l’appréciation de la performance du système de santé créé par le Commissaire à la santé et au bien-être du Québec, membre du conseil d’orientation du Centre de collaboration nationale sur les politiques publiques favorables à la santé, membre du conseil d’orientation du projet de recherche conjoint Queen’s-UQAM sur l’ethnicité et la gouvernance démocratique.





Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé

-->