Le Québec doit produire les films auxquels il tient

Le wokisme s’insinue partout, même dans la production cinématographique

Tribune libre

     Le wokisme s’insinue partout, même dans la production cinématographique. Il m’apparaît par exemple étonnant que la productrice Denise Robert ait obtenu le concours financier de Téléfilm Canada et de la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC) pour son film Chien blanc, tiré du roman français de Romain Gary et réalisé par Anaïs Barbeau-Lavalette.


     Le sujet clé de Chien blanc – le racisme antinoir aux États-Unis – est certes dans l’air du temps depuis la mort de George Floyd, mais en quoi peut-il intéresser particulièrement le Québec ? Les États-Unis ont promu l’esclavagisme à grande échelle, créant des fractures au sein de leur population qui perdurent encore aujourd’hui à des degrés divers, mais rien de tel au Québec.


     Chien blanc a pu voir le jour, alors qu’un film de fiction d’envergure n’a pas encore été réalisé sur la plus célèbre affaire criminelle des dernières décennies au Québec, à savoir l’affaire Shafia, du nom de ce père de famille d’origine afghane installé au Québec, qui, aidé de son fils et de sa deuxième épouse, a orchestré en 2009 l’assassinat de ses trois filles et de sa première épouse, des crimes d’honneur.


     Pourquoi diable un producteur (ou, encore mieux, une productrice) n’a-t-il pas encore mitonné un projet tiré de l’affaire Shafia ? C’est que Téléfilm Canada l’aurait rejeté, supputant que le film alimenterait l’islamophobie « rampante » au Québec. À l’évidence, des producteurs s’autocensurent, sachant que l’organisme fédéral, qui est constitué essentiellement de décideurs multiculturalistes, rejette d’emblée certains projets qu’ils estiment contraires aux intérêts du pays.


     Voilà pourquoi le gouvernement caquiste devrait modifier les statuts de la SODEC. Une partie de son budget devrait être dévolue à des projets auxquels elle tient mordicus, mais que Téléfilm Canada a rejetés, compromettant ainsi leur réalisation. En comblant le vide laissé par le fédéral, la SODEC enverrait le message aux scénaristes qu’ils n’ont pas à faire de concessions pour espérer emporter l’adhésion des décideurs fédéraux. De la sorte, les projets chers au Québec qui heurteraient le fédéral multiculturaliste verraient quand même le jour. Voilà une autre façon d’affirmer son autonomie.


     Rappelons que Téléfilm Canada avait refusé à cinq reprises de subventionner le film de Pierre Falardeau, 15 février 1839, avant de finalement donner son aval. De quoi décourager un cinéaste.



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