Nous, c'était la pelle et le collier

Le Québec au temps des clubs privés

Chronique de Louis Lapointe

On nous a promis la compassion

Puis on nous a donné la compromission
Il faut dire qu’ils se sont donné une mission
Nous conduire à la soumission
*
Nous aurions voulu empirer notre sort

Qu’on n’aurait pas pu se faire plus de tort
Mais aujourd’hui il est trop tard
Nous avons voté du mauvais bord
*
Quand y aura-t-il un gouvernement
Pour comprendre que le vrai changement
C’est pas rien qu’une tempête de vent
C’est d‘abord l’amour de nos enfants
*
On se croirait revenu au temps des clubs privés

Avant qu’on pense à se séparer
Y avait les pauvres et les fortunés
Ceux qui pouvaient décider, les autres devaient s’incliner
*
On voulait pas de syndicats

Parce qu’on voulait pas de débats
On préférait être des bons gars
Comme ça y avait pas de dégâts
*
Même si elle critiquait de temps en temps
La presse supportait le gouvernement

Y était pas question de vrai changement
Ça coûtait bien trop d’argent
*
On parlait pas de frais de scolarité
Encore moins de bourses pour étudier
L’université c’était pour les huppés
Nous, c’était la pelle et le collier
*
C’était bien avant l’assurance-maladie
Au temps où on ne pensait même pas aux garderies
Nous étions trop occupés par la démographie
On se demande d’où vient cette nostalgie
*
Pendant que les riches pratiquaient la compassion
Et que l’Église s’occupait de ses missions
Les gouvernements se livraient à la compromission
C’était la seule façon d’accorder des soumissions
*
La presse, le clergé, le gouvernement
Ils étaient tous dans le même camp
On leur avait réservé quelques divans
Dans le club des vrais dirigeants
*
On se croirait revenu au temps des clubs privés

L’Université y a remplacé le clergé
Bradant son âme contre l’argent des fortunés
Quel plaisir de consulter, quand tout est déjà décidé!
**
Brossard, le 11 mars 2004
***

Featured bccab87671e1000c697715fdbec8a3c0

Louis Lapointe534 articles

  • 888 894

L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fondation.





Laissez un commentaire



5 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    27 avril 2010

    Le gang des sacs d'argent !
    http://www.sarkozynicolas.com/wp-content/uploads/2008/02/desmarais-sarkozy-photo.jpg
    http://www.europe1.fr/Faits-divers/Sarkozy-est-au-centre-de-la-corruption-182521/

  • Raymond Gauthier Répondre

    25 avril 2010

    Notre dernier mot n’est pas encor dit
    Le jeu du plus fin ça se joue à deux
    Le peuple est tranquille et est en maudit
    Que dis-je en maudit il est en torrieu
    Encore un peu plus c’est en sacrament
    Qu’on va le trouver démobilisé
    N’est-il pas le temps le meilleur moment
    De canaliser l’agressivité
    Envers Ottawa et Charest le traître
    Pour la transformer en vague de fond
    Nettoyer la place et devenir maîtres
    {{Chez-nouz au Québec
    vite et pour de bon
    Raymond Gauthier

  • Archives de Vigile Répondre

    24 avril 2010

    Vous avez tristement raison, M. Poulin.
    Lawrence Tremblay.

  • Raymond Poulin Répondre

    24 avril 2010

    La datation de vos tristes versets
    Montre que si, alors, on reculait,
    On est redevenus plus que tout fin prêts
    À plonger plus creux encor qu’on pensait.
    Comme dans l’tramway, on avance en arrière,
    La burqa chasse la cornette d’hier,
    Les prédateurs sont de chez nous, calvaire!
    Le roi-nègre se blanchit le derrière...
    Mêlant transparence et indépendance,
    Des Vigileurs veulent la rue en transe.
    Ils ne s’aperçoivent même pas, Bondance!
    Que Jos Bleau pense d’abord à sa panse.
    Dans son p’tit coin, chacun ronge son frein,
    Tout en rêvant de sparages malins
    Qu’il remet toujours à la Saint-Glinglin :
    La lutte finale, c’est pas pour demain...

  • Archives de Vigile Répondre

    24 avril 2010

    M. Lapointe,
    Bravo pour vos quatrains!
    Et j'appuie votre critique sur "Me Bastarache".
    Lawrence Tremblay.