J’ai eu l’occasion de m’adresser aux Intellectuels pour la souveraineté (IPSO) ce dimanche, dans le cadre d’une conférence qui avait pour titre : « Le Québec a-t-il un avenir dans le Canada? » Et la réponse à cette question m’apparaît évidente, c’est non!
Le Québec n’a pas sa place dans le Canada parce que les fédéralistes ont jeté la serviette, comme en témoigne leur absence d’ouverture et de proposition au cours des vingt dernières années. L’effet conjugué du canadian nation building et de la baisse démographique du Québec nous affaiblit continuellement dans le cadre canadien, et cela freine les Québécoises et les Québécois dans la manifestation de leurs valeurs, de leurs intérêts et de leurs priorités.
À mon avis, il est grand temps que les intellectuels souverainistes reprennent le bâton du pèlerin, notamment par leurs interventions dans les journaux et toutes les tribunes, afin de briser l’illusion fédérale. Car les souverainistes ont une responsabilité face à l’histoire, ils ont la responsabilité de s’impliquer, de s’investir, pour faire en sorte que le meilleur puisse advenir.
J’aimerais connaître votre avis sur cette vaste question. Le Québec a-t-il un avenir dans le Canada?
Gilles Duceppe
Chef du Bloc Québécois
Pour plus d’information : dossier complet sur la souveraineté, dans le site web du Bloc Québécois
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« Le Québec a-t-il un avenir dans le Canada? Non! » – Gilles Duceppe
Ottawa, dimanche 29 novembre 2009 – « Depuis l’échec du Lac Meech, il y a 20 ans, les fédéralistes québécois et canadiens n’ont cessé de répéter que le ″fruit n’était pas mûr″ et que le ″terrain n’était pas fertile″ pour tenter de réintégrer le Québec dans la constitution canadienne. Cette absence de volonté politique dure depuis 20 ans maintenant et un constat s’impose : une offre constitutionnelle du Canada répondant aux besoins du Québec ne viendra jamais. La seule véritable solution pour éviter que le Québec ne s’affaiblisse davantage, c’est de sortir du Canada », a lancé le chef du Bloc Québécois, Gilles Duceppe, lors d’une conférence prononcée devant les Intellectuels pour la souveraineté (IPSO).
« On sait que la Constitution est verrouillée et, même si ce n’était pas le cas, il n’y a absolument aucun appétit politique au Canada pour satisfaire les aspirations nationales du Québec. Et les fédéralistes québécois, de leur côté, ont baissé les bras : il n’y a plus aucune proposition, plus aucune ambition sur la table de leur part », a poursuivi Gilles Duceppe.
Le recul politique et juridique du Québec
« D’abord, en termes de poids politique, le Québec est inévitablement appelé à reculer au sein du Canada. En 1867, lorsque le Canada a été formé, le poids politique du Québec était de 36 %. Les conservateurs veulent le ramener à moins de 22 % et la démographie nous condamne inéluctablement à la réduction de notre poids politique. Le Canada que les Québécois ont connu, avec un Québec qui pesait lourd, est bel et bien en train de disparaître. On n’a qu’à faire la nomenclature de tous les consensus québécois qui sont ignorés par Ottawa pour réaliser ce qui nous attend », a indiqué le chef du Bloc Québécois.
« Recul politique, donc, mais aussi recul juridique. Le meilleur exemple en est la Charte de la langue française, dont la portée est constamment réduite. Encore dernièrement, la Cour suprême a désavoué la loi 104 qui visait à boucher une échappatoire à la Charte. On assiste donc à une érosion des capacités juridiques du Québec, non seulement à l’interne, mais aussi du fait des traités internationaux, une compétence quasi exclusive du gouvernement fédéral. Là encore, la multiplication des ententes internationales réduit d’année en année la capacité juridique et politique du Québec », a affirmé Gilles Duceppe.
L’identité québécoise en péril
« Pour assurer notre cohésion nationale, les éléments les plus importants sont l’intégration des nouveaux arrivants, la langue, la culture et nos valeurs fondamentales. L’idée centrale est que les nouveaux arrivants, sans qu’ils aient à gommer leurs caractéristiques culturelles propres, se joignent à la nation québécoise, et cela, en français et en respectant nos valeurs communes. Ce serait déjà un défi important dans un Québec souverain, où notre nation ne formerait toujours que 2 % de la population nord-américaine, mais dans le Canada, les défis sont beaucoup plus difficiles à surmonter », a souligné Gilles Duceppe.
« En ce qui a trait à la langue, il y a incontestablement une érosion de la place du français à Montréal ou, à tout le moins, une stagnation. Dans les secteurs du transport interprovincial, les télécommunications, les banques, les ports et les aéroports, plus de 200 000 Québécoises et Québécois ne sont pas protégés par la loi 101 en ce qui concerne la langue de travail. Ces entreprises sous juridiction fédérale œuvrent dans des domaines qui sont en croissance, et on peut donc craindre que la situation empire », a-t-il déclaré.
« Au Québec, quand on investit en culture, non seulement se donne-t-on des outils nécessaires à notre existence même, mais en plus, on investit dans un moteur économique en pleine croissance. Et pendant ce temps-là, Ottawa ne se gêne pas pour intervenir dans la culture québécoise, et ce, sans même reconnaître le caractère national de notre culture. Là encore, ça n’augure rien de bon pour l’avenir », a déploré Gilles Duceppe.
Environnement : le Québec est pris en otage
« Le Québec est bien placé pour atteindre les objectifs du protocole de Kyoto, soit une réduction de 6 % de ses émissions de gaz à effet de serre par rapport au niveau de 1990. Si le Québec avait accès à un marché du carbone, de nombreux secteurs économiques seraient aujourd’hui en mesure de vendre des crédits de carbone et les entreprises seraient fortement incitées à réduire leurs émissions pour profiter au maximum de ce marché. Or, un tel marché n’est pas en voie d’exister dans le cadre canadien. En effet, le Québec, appauvri par le pétrole, est pris dans le Canada, un pays qui s’enrichit avec le pétrole et qui ne cherche nullement à se donner des objectifs de réduction chiffrés et contraignants. En fait, toute la politique économique et environnementale d’Ottawa est conçue en fonction des intérêts pétroliers, ce qui rend terriblement difficile pour le Québec de réduire sa dépendance au pétrole », a enchaîné Gilles Duceppe.
« M. Harper nous dit que le Canada va s’aligner sur l’administration Obama. En conséquence, l’année de référence sera 2005 au lieu de 1990, et tous les efforts de nos entreprises pendant 15 ans, tous les efforts du Québec seront effacés. Les pétrolières, elles, vont pouvoir en profiter. C’est la politique du pollueur-payé, où l’Alberta est récompensée et le Québec pénalisé. Dans le Canada, le Québec est comme un goéland englué dans le goudron à la suite d’un déversement pétrolier. Voilà ce que nous proposent les fédéralistes québécois », a-t-il ajouté.
Aller de l’avant
« Heureusement, il y a une autre option pour le Québec, une voie qui nous permet d’affirmer que tout demeure possible. Il s’agit évidemment de la souveraineté, mais aussi d’une politique et d’une attitude souverainistes. Les fédéralistes ont abdiqué toutes leurs responsabilités, et on ne peut pas accepter un tel état de fait. Il revient donc à nous, les souverainistes, de montrer du leadership et de mettre au défi le Canada de répondre aux aspirations du Québec », a déclaré Gilles Duceppe.
« Je suis convaincu que le meilleur est à venir avec l’option souverainiste. Dans un Québec souverain, notre poids politique passera de 22 % à 100 %. Notre capacité à déterminer nous-mêmes nos lois, nos chartes et notre constitution passera de zéro à 100 %. Notre capacité de parler en notre propre nom dans les forums internationaux passera de presque zéro à 100 %. En matière d’intérêts stratégiques, pour ne prendre qu’un seul exemple, le Québec souverain sera en mesure d’adopter une politique nationale de réduction de notre dépendance au pétrole qui permettra de faire du Québec l’État le plus propre et un des plus prospères d’Amérique », a assuré le chef du Bloc Québécois.
Une responsabilité face à l’histoire
« Le Bloc Québécois a été créé en réaction à l’échec de l’Accord du Lac Meech. Depuis, nous sommes dans l’action, et nous faisons tout ce qui est possible pour retarder et atténuer cette érosion des pouvoirs du Québec dans le Canada. Et surtout, on ne perd jamais de vue notre objectif premier, la souveraineté. Nous allons continuer à être un des fers de lance du mouvement souverainiste. Nous allons continuer à imaginer le Québec souverain et à mettre notre projet à jour continuellement et nous allons intensifier nos efforts. Et pour ça, nous avons besoin de vous, les intellectuels », a soutenu Gilles Duceppe.
« Nous sommes confrontés à l’illusion que le Canada pourrait répondre aux aspirations du Québec. Il est temps que les intellectuels souverainistes reprennent toute leur place, que les journaux et toutes les tribunes soient inondés d’interventions qui brisent l’illusion fédérale, des interventions qui montrent que la souveraineté, ça va dans le sens de l’histoire. Vous avez une responsabilité comme souverainistes, une responsabilité face à l’histoire, comme tous les Québécois, celle de vous impliquer, de vous investir, pour faire en sorte que le meilleur puisse advenir », a conclu Gilles Duceppe.
Téléchargez le texte complet de l'allocution de Gilles Duceppe (PDF, 125 Ko)
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