Le Parti québécois met en sourdine le débat sur les modalités d’un éventuel référendum sur l’indépendance du Québec.
Le chef intérimaire du Parti québécois, Stéphane Bédard, demande aux militants, candidats et journalistes confondus de « cesser de parler » de la « mécanique référendaire » durant la course à la direction. « Lâchez-nous avec la mécanique ! Parlons des vraies raisons », a-t-il lancé à l’issue du conseil national du PQ, dimanche après-midi. « Je pense que le message a été bien entendu par l’exécutif et bien entendu aussi par l’aile parlementaire », a-t-il ajouté.
Cette décision reflète la volonté exprimée par les quelques centaines de participants d’une consultation effectuée par le PQ à l’automne 2014, a expliqué le président de l’exécutif national, Raymond Archambault. « Les militants nous disent : “Arrêtons de parler de référendum et de date de référendum”», a-t-il déclaré, invitant les troupes péquistes à se « mettre au travail sur le projet lui-même ». « Remettons-le à jour. »
Les prétendants à la succession de Pauline Marois ayant déjà proposé un calendrier référendaire — Martine Ouellet s’est avancée à promettre la tenue d’un référendum dans un premier mandat — mettent
« la charrue devant les boeufs », selon MM. Bédard et Archambault. « Avant de parler de ça, il faut préparer le projet de pays. On ne peut pas commencer à parler de la date du référendum, à mon avis, si on n’a pas fait notre travail fondamental de préparation », a averti M. Archambault.
Le PQ s’affairera à « remettre à jour » le projet de pays du Québec, en rafraîchissant des documents de référence comme « Le budget de l’an I » piloté par l’actuel chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, il y a 10 ans. « La date du référendum et la façon d’y arriver, c’est aux candidats d’en parler », a fait valoir l’ex-journaliste radio-canadien.
Le jeu des adversaires
Selon M. Bédard, le PQ prête le flanc aux attaques des autres partis politiques en axant son message — comme le fait notamment Martine Ouellet — sur les modalités d’un éventuel troisième référendum sur la souveraineté du Québec. Le PQ « ne laissera pas détourner par les adversaires, qui souhaitent, eux, parler de la date », a-t-il promis.
Le chef de l’opposition officielle à l’Assemblée nationale se défend d’interférer dans la course en recadrant le débat sur le « pays du Québec » au détriment de la « mécanique ». « La campagne à la chefferie et le mandat qui a été donné au parti dans le cadre de ses consultations, c’est deux choses », a-t-il fait noter.
D’ailleurs, les appels se sont multipliés au cours des derniers jours pressant le favori des sondages, Pierre Karl Péladeau, à indiquer le moment privilégié, selon lui, pour consulter la population québécoise.
Le député de Saint-Jérôme s’en est tenu dimanche à promettre d’ouvrir son jeu… en temps et lieu. Il ne fera pas de mystères, en 2018, sur ses intentions de tenir — ou non — un référendum dans un premier mandat, a-t-il indiqué en marge du conseil national. Pour le moment, il « n’exclu[t] pas », « bien au contraire », la tenue d’un référendum sur l’indépendance du Québec dans un premier mandat, soit entre 2018 et 2022. « Lorsque nous allons nous présenter en 2018, nous aurons une très bonne idée de la démarche », a-t-il déclaré dans le hall de l’hôtel Sheraton de Laval.
À l’instar de ses adversaires, M. Péladeau compte, au cours des trois prochaines années et demie, mettre en lumière les « bénéfices » et les « bienfaits » du pays du Québec pour la population québécoise. « J’ai l’intention d’en parler de la souveraineté et de l’indépendance ! »
Les députés de Marie-Victorin, Bernard Drainville, et de Vachon, Martine Ouellet, l’ont tour à tour appelé au fil des derniers jours à préciser son « plan » d’accession à l’indépendance du Québec, à défaut de quoi il exposera, s’il est élu, le PQ à une nouvelle défaite électorale. « Il faut que chaque candidat soit clair sur sa démarche. On ne peut pas juste se contenter de dire “On veut faire l’indépendance. On veut faire l’indépendance.” Tout le monde veut faire l’indépendance ! Ça prend un plan », a fait valoir M. Drainville. Martine Ouellet appelle le PQ à « s’assumer » comme un parti social-démocrate et indépendantiste, afin notamment de « mobiliser les gens ». « L’indépendance, ça ne se fait pas par une seule personne, mais par un grand mouvement citoyen », a-t-elle souligné.
Le PQ est mûr pour « une nouvelle démarche » propulsant « le citoyen au coeur du processus », estime pour sa part Alexandre Cloutier. Il propose d’attendre le feu vert d’un million de personnes avant d’appeler la population à se prononcer sur l’avenir politique du Québec. « Ça doit devenir un mouvement populaire, mais non pas juste une décision gouvernementale du déclenchement d’une élection. […] Je ne crois plus à la politique du haut vers le bas », a-t-il affirmé aux journalistes.
Par ailleurs, les cinq candidats ont donné tort aux militants péquistes voulant explorer d’autres options que le référendum afin de faire le pays du Québec. « À mon avis, c’est la seule façon démocratique d’arriver à une décision », a dit M. Drainville.
Enfin, Stéphane Bédard a exhorté les candidats à la chefferie à retenir leurs coups d’ici à la désignation du vainqueur, en mai 2015. « On veut sortir de cet événement plus forts, plus unis. Ce message-là doit être compris par tout le monde. Voilà », a-t-il conclu.
INDÉPENDANCE
Le projet avant la mécanique, dit le PQ
Les péquistes rassemblés en conseil national veulent cesser de parler d’une date référendaire
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