Pour employer une expression du monde de la boxe, le Parti québécois (PQ) a été durement « sonné » lors du scrutin d’octobre 2018, assez sonné pour se retrouver « au tapis ». La question est maintenant de savoir s’il pourra se relever avant le « compte de 10 de l’arbitre », à défaut de quoi il sera mis « hors de combat ». À mes yeux, dans les mois à venir, et ce jusqu’au congrès extraordinaire de refondation de novembre 2019, une réponse à cette question vitale devrait nous informer sur le sort qui sera réservé au parti de son fondateur, René Lévesque.
Toutefois, le chemin risque d’être long et ardu si on se fie aux durs constats qu’ont dressés les militants, notamment les jeunes, lors du Conseil national du parti qui s’est tenu récemment. Incohérence dans les décisions, louvoiements dans les orientations, choix contestables sur divers dossiers, notamment sur la politique environnementale, sont autant de sujets que les politiciens se sont fait reprocher, particulièrement par l’aile jeunesse du parti.
Néanmoins, à la fin du Conseil national, les 350 délégués présents ont adopté à l’unanimité un plan d’action pour la refondation du parti. Un défi monumental qui risque d’ébranler sérieusement les assises mêmes du parti. Tout sera sur la table sauf l’indépendance du Québec qui demeurera le pivot de ce « nouveau parti ».
De l’avis du chef du PQ, Pascal Bérubé, la direction du parti veut « créer de l’adhésion et du désir pour le projet d’indépendance. » Le PQ part de loin. Reste à voir s’il réussira à se relever de sa cuisante défaite du 1er octobre 2018, et à redonner un second souffle au « désir pour le projet d’indépendance » ...
Jane Philpott en remet
Avec la dissolution des travaux du Comité de la Justice des Communes sur l’affaire SNC-Lavalin, on aurait pu penser que la poussière retomberait au profit de la présentation du budget Morneau.
Or, un autre événement est revenu attiser le feu. En effet, Jane Philpott a accordé une longue entrevue au magazine Maclean’s dans lequel elle affirme qu'il y a encore beaucoup de choses à raconter sur ce qui s'est passé dans l'affaire SNC-Lavalin. « Je crois que l'ancienne procureure générale a des éléments à ajouter. Il y a des enjeux qui me tracassent moi aussi et que je ne suis pas libre de partager. »
La publication de l'article du "Maclean's" a provoqué l'effet d'une bombe à Ottawa. Inutile de vous dire que les conservateurs ont sauté sur l’occasion pour mettre encore plus de pression sur le premier ministre.
Quant à Justin Trudeau, il a argué que le fait de lever le secret professionnel qui liait le gouvernement à l'ancienne ministre de la Justice pour la période où celle-ci a dit avoir subi des pressions était suffisait car, aux dires de Trudeau, les faits allégués ne concernent pas la période ayant suivi la rétrogradation de Jody Wilson-Raybould au ministère des Anciens Combattants. "L'enjeu, c'est la pression. Et elle a pu parler librement de cela", a-t-il déclaré.
Enfin, pour ajouter un peu de glaçage sur le gâteau, Justin Trudeau a par ailleurs insisté sur le fait que la présence des deux ministres démissionnaires au sein du caucus libéral démontre à quel point le parti est ouvert à la "diversité" et que, sur le plan des grands enjeux, les libéraux demeurent solidaires.
Si on ajoute à cette nouvelle tuile la gestion lamentable avec laquelle Justin Trudeau a géré la crise au PLC, et les attaques incessantes des conservateurs eu égard au dossier SNC-Lavalin, il est fort à parier que le premier ministre n’aura d’autre choix que de laisser comparaître à nouveau Jody Wilson-Raibould au comité de la justice des Communes, à défaut de quoi il risque de trainer le fardeau de cette saga jusqu’au jour du scrutin. Pourquoi Wilson-Raibould et Philpott demeurent-elles libérales?
Les louves dans le bergerie
Depuis le début de la saga sur l’affaire SNC-Lavalin, les députées Jody Wilson-Raibould et Jane Philpott ne cessent de faire la manchette sur de nouvelles allégations qu’elles détiennent mais qu’elles ne peuvent révéler à cause du secret professionnel.
Or, compte tenu qu’elles se disent convaincues que Justin Trudeau et sa garde rapprochée ont commis de l‘ingérence dans le dossier SNC-Lavalin et que, par conséquent, elles n’ont plus confiance en ce gouvernement, comment peuvent-elles encore siéger comme députés libérales telles des louves dans la bergerie? Pourquoi ne démissionnent-elles pas pour siéger comme indépendantes?
Il est reconnu que, dans le monde du travail, il est préférable de ne pas trop s’éloigner de son adversaire de façon à pouvoir connaître ses intentions dans tel dossier. Alors, se pourrait-il que Mmes Wilson-Raibould et Philpott utilisent une stratégie similaire? Par ailleurs, on peut aussi se demander pourquoi Justin Trudeau permet à ces deux ministres démissionnaires de continuer à siéger comme députés libérales…Une situation qui soulève tout au moins une apparence d’incohérente!
Henri Marineau, Québec
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