fabricant de jus de fruits vs multinationale de l'extraction minière..

Le pouvoir commodément prêté aux médias sociaux

Tribune libre


« Si vous ne lisez pas les journaux, vous n'êtes pas informés. Si vous ne lisez que les journaux, vous êtes mal informés. » - Mark Twain; Citation entendue lors de l’événement « Nous? » au Monument National samedi le 7 avril.

En début de semaine, nos grands médias ont fait grand cas du rôle des médias sociaux dans une affaire de poursuite du fabricant de jus Lassonde à l’endroit de l’entrepreneure en produits de soins corporels Deborah Kudzman.

Ainsi, dimanche le 8 avril tombe la nouvelle selon laquelle cette entrepreneure ayant choisi de vendre un savon liquide sous le nom de Oasis n’aurait pas à défrayer les frais juridiques encourus pour se défendre face à Lassonde suite aux réactions nombreuses dans les réseaux sociaux. Les sites internet de Radio-Canada et de Cyberpresse titrent respectivement « Industries Lassonde fait volte-face sous la pression des réseaux sociaux » et « «Oasis»: Lassonde plie aux protestations virtuelles ». On peut lire sur le site internet de Radio-Canada qu’à « la suite d'un article sur le sujet publié dans le quotidien La Presse samedi, la page Facebook de la marque Oasis a été envahie de commentaires négatifs du public. Certaines personnes, dont le comédien et animateur Guy A. Lepage, ont même appelé au boycottage de la marque. »
La pression des réseaux sociaux vraiment !? Et si La Presse n’en avait parlé !? Les gens auraient tout de même réagi !? Pendant que le bureau de nouvelles de la première chaîne de Radio-Canada fait l’inévitable parallèle avec le duel des mythiques David et Goliath et laisse se gargariser un expert en relations publiques ès hautes technologies, et que La Presse fait largement état de cette nouvelle le lendemain, chroniqueur en affaires judiciaires à l’appui, il y a lieu de se demander quel aurait été l’impact dans la population et dans l’über-population des sociaux-commentateurs si il y avait eu une véritable couverture de la part des grands médias dans cet autre épisode où Goliath n’était pas un fabricant de jus de fruit mais une multinationale de l’extraction minière foudroyant un petit éditeur québécois et trois de ses auteurs d’une poursuite-bâillon(1)!? Après tout, dans ce cas particulier, les grands médias ont eu trois années pour s’intéresser objectivement à ce dossier et à ses tenants et aboutissants.
Sauf exception, ils ne l’auront fait que sur la pointe des pieds. Alors, selon les analystes des grands médias, si les réseaux sociaux n'ont pas réagi si fortement à cette poursuite-bâillon, ce serait tout bonnement parce que les gens étaient indifférents!?
Rares sont ceux et celles qui s’autorisent à être aussi pertinents qu’une maison d’édition et ses auteurs lorsqu’ils jettent un éclairage sur des enjeux complexes et délicats certes, mais qui concernent la société dans son ensemble et dont il faut parler. Il se peut alors que plusieurs d’entre nous ayons parfois le sentiment de jouer un rôle ténu voire imperceptible dans la société. Par contre, certains acteurs sociaux influents mais souvent nuisibles auraient justement intérêt à être purement inutiles étant donnée la portée et les impacts de ce qu'ils choisissent de dire ou ne pas dire.
Bref, Cette nouvelle nous en dit plus sur les grands médias que sur les médias sociaux.
(1) publication du livre « Noir Canada : pillage, corruption et criminalité en Afrique » aux Éditions Écosociété en 2008.


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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    17 avril 2012

    L'impact de Noir Canada n'est pas dû a un simple désintérêt dans l'ensemble de la média-sphère et d'un désengagement social. De l'aveux même des auteurs http://www.ecosociete.org/entente.php " cet ouvrage ne constitue pas une condamnation sommaire de sociétés qu’il cite, et qu’ils ne s’étaient pas donné pour mandat d’assurer ultimement la véracité des allégations que le livre développe à partir de documents publics. Les Auteurs maintiennent que Noir Canada a été écrit afin de susciter un débat public sur la présence controversée d’intérêts canadiens en Afrique". Hors donc, cet ouvrage à scandale, digne du Journal de Montréal pour ses amalgames faciles et ses raccourcis vicieux , n'a rien qui ne pouvait supporter une analyse sérieuse.D'où le désintérêt de la médias-sphère. Sauf, bien entendue pour la poursuite spectacle de Barrick.
    Voila comment un David peut se hausser a la hauteur d'un Goliath, en lui "pitchant de la boue".Alors, on oublie cela pour la "pertinence" et les enjeux "sensibles"?