La campagne électorale est encore jeune, mais déjà on observe chez tous les partis un retour en force d’un État interventionniste dans l’économie. Comme si le fait d’être en campagne électorale autorisait les chefs à promettre tout ce qui leur passe par la tête pour retenir l’attention et laisser l’impression de changement.
Après des années de critiques virulentes du modèle québécois, on se serait attendu à ce qu’au moins un parti politique se présente devant l’électorat avec un programme très anti-interventionniste. Or même la Coalition avenir Québec propose un État actif, notamment grâce à la Caisse de dépôt, dont François Legault a transporté avec lui l’idée d’en modifier la mission qu’il défendait du temps où il était au PQ.
Mais il n’y a pas que la Caisse puisque la CAQ promet aussi le maintien des milliards en aide aux sociétés privées, qu’on se propose tout au plus de redistribuer différemment.
Du côté du Parti libéral, qu’on accuse d’avoir vidé les ministères de leur expertise, on est forcé de faire marche arrière, et c’est tant mieux. Même l’expression PPP a disparu du discours. Et que dire de la sortie récente du ministre Raymond Bachand pour empêcher la prise de contrôle de Rona par le géant américain Lowe’s ?
Malgré les neuf années de pouvoir et un parti pris avoué pour le marché, les libéraux ont accru sans cesse les subventions et les crédits d’impôt aux entreprises. Aujourd’hui, Québec consent davantage d’aide financière à quelques milliers de sociétés qu’il ne perçoit d’impôts sur les profits de l’ensemble des entreprises, soit plus de 4,3 milliards de dollars contre 4 milliards.
Traditionnellement, c’est le Parti québécois qui a défendu, et qui défend toujours, la vision d’un gouvernement proactif. C’est le PQ, par exemple, qui a lancé la Cité du multimédia puis, une fois dans l’opposition, qui s’est montré le plus virulent critique du mandat de la Caisse de dépôt.
Cette fois, le PQ s’engage à tenter de rapatrier l’assurance- emploi, malgré le manque à gagner qui en résulterait, et à créer une Banque de développement économique. Lui aussi propose d’ailleurs une prise de participation de la Caisse de dépôt dans les sociétés minières, malgré les expériences désastreuses du passé.
L’ennui ne vient pas du fait que les partis politiques reconnaissent l’importance pour l’État de prendre la place qui lui revient dans une économie moderne. Surtout ici, au Québec, où la perte d’un siège social a parfois des conséquences désastreuses. Au contraire, c’est plutôt qu’ils ne sachent pas trop pour quelles raisons, jusqu’où et comment un État moderne doit intervenir. C’est à qui en promettrait le plus et non le mieux.
À tel point que, dans certains cas, nous sommes en droit de nous demander si l’objectif n’est pas simplement de satisfaire l’appétit insatiable des entreprises pour les fonds publics, que ce soit sous forme de participation au capital, de prêts, de crédits d’impôt, de subventions ou de réglementation.
Avec des niveaux d’imposition, d’endettement et de dépenses aussi élevés que les nôtres, les électeurs devraient pouvoir attendre des partis qu’ils fassent preuve de parcimonie et de la plus grande pertinence. Après tout, si c’est d’abord l’image du changement que les chefs tentent d’imposer en se montrant aussi prolixes, la réalité à laquelle les électeurs doivent s’attendre le matin du 5 septembre n’aura rien d’un conte de fées.
Élections 2012
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