Comme l'avait prédit Ehoud Olmert, l'offensive israélienne a " changé le Proche-Orient "... mais contrairement à ce qu'espérait le premier ministre israélien, cette désastreuse guerre estivale a changé la dynamique pour le pire.
Toutes les parties vont désormais se radicaliser. Le Liban sera de plus en plus dominé par le Hezbollah. La possibilité d'un accord de paix entre Israéliens et Palestiniens s'éloigne encore davantage à l'horizon, car après l'échec de l'offensive de Tsahal au Liban, aucun gouvernement israélien ne sera politiquement en mesure de renoncer aux territoires occupés de Cisjordanie.
L'engrenage que la " victoire " du Hezbollah a déclenché aura des conséquences tragiques pour le Liban.
Non seulement l'armée libanaise sera-t-elle incapable de désarmer la milice terroriste, mais la force politique et démographique du Hezbollah ne pourra que croître, ce qui ipso facto renforcera la tutelle syrienne dont le Liban avait commencé l'an dernier à se débarrasser.
Nasrallah, le nouveau héros du monde arabe, est maintenant bien placé pour exiger de la fragile coalition qui dirige le Liban une plus forte représentation au gouvernement. Déjà, le Hezbollah est le maître absolu de la moitié sud du pays, où il a pris le contrôle exclusif de la reconstruction et de l'aide humanitaire.
On peut prévoir que l'effondrement de la société civile du Liban va pousser nombre de chrétiens et de sunnites- les citoyens les plus éduqués et les plus prospères- à quitter le pays pour refaire leur vie ailleurs. Les chiites, qui forment actuellement 45 % de la population, et qui ont un taux de natalité très élevé, pourraient bien devenir la majorité. Qui sait si le Liban ne se verra pas bientôt dirigé par une mouture du Hezbollah aveuglément soutenue par une population qui est dans l'ensemble peu scolarisée et plutôt démunie?
Le seul espoir serait que Hassan Nasrallah prenne goût aux plaisirs du pouvoir et à la visibilité médiatique internationale, qu'il troque ses bottes de terroriste contre les escarpins d'un homme politique, et qu'il opte, envers Israël, pour la diplomatie plutôt que pour la violence. Mais cela serait étonnant, l'homme étant une parfaite incarnation de l'islamo-fascisme. Au mieux, il pourrait devenir une sorte de Yasser Arafat, soufflant le chaud et le froid et changeant de trajectoire en fonction de ses propres intérêts.
Israël aussi va se radicaliser par rapport à la question palestinienne. Avant que les provocations du Hezbollah au nord de sa frontière ne s'intensifient, début juillet, le gouvernement Olmert était engagé dans la voie de la conciliation.
Après le retrait de Gaza, il envisageait la libération d'une grande partie des territoires occupés de Cisjordanie. Mais aujourd'hui, les colons qui craignaient d'être délogés de leurs villages ont repris espoir, car les récents événements semblent donner raison à ceux qui s'opposaient à un retrait unilatéral des territoires occupés.
Voyez, disent-ils, ce que ce retrait a donné: l'armée israélienne a arraché de force les colons de leurs terres de Gaza, mais loin d'ouvrir la voie à la paix, cela n'a fait que renforcer les ardeurs belliqueuses du Hamas et des autres factions terroristes palestiniennes, lesquelles, à partir de Gaza libéré, ont attaqué pratiquement chaque jour le territoire israélien à coup de tirs de roquettes.
Les provocations du Hezbollah, côté nord- six ans après qu'Israël se fut retiré du Liban-, ont fait déborder le vase. Et comme Israël a été incapable de venir à bout du Hezbollah, la menace reste entière. Le pays se retrouve maintenant, et probablement pour longtemps, en mode défensif. Au lieu de la détente qu'aurait constituée la libération graduelle des territoires occupés, ce sont les objectifs de sécurité qui passeront à l'avant-plan.
Pour l'instant, le cessez-le-feu est bien précaire. Israël reste sur le qui-vive, et affirme que le Hezbollah continue d'être ravitaillé en armes par l'Iran via la Syrie. Et la constitution d'une force internationale a pris les dimensions d'un cauchemar.
La France, qui devait en prendre le commandement, est revenue sur ses engagements parce qu'elle craint pour la sécurité de ses hommes et que l'ONU n'a pas encore défini précisément le mandat de la FINUL élargie. Aux dernières nouvelles, l'Italie était prête à prendre la relève...
La présence d'Européens est un préalable, car jusqu'à présent, les seuls pays qui ont manifesté sans ambiguïté leur intention de participer sont la Malaysie, l'Indonésie et le Bangladesh... trois pays musulmans qui ne reconnaissent pas l'État d'Israël!
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