C'est l'histoire de l'arbre qui cache la forêt. L'arbre? Le président Barack Obama vient d'allouer une enveloppe de 26 milliards afin que les municipalités et les États arrêtent de licencier enseignants et fonctionnaires municipaux. La forêt? Après les États, voilà que la liste de municipalités aux prises avec d'énormes problèmes financiers ne cesse de s'allonger. En fait, beaucoup d'entre elles sont en faillite technique.
Prenons Maywood, petite localité située au sud du centre-ville de Los Angeles. Le 1er juillet dernier, elle est devenue la première ville sans employés et sans policiers des États-Unis. N'ayant plus les moyens financiers nécessaires pour assurer la sécurité de ses résidants, elle a sous-traité cette fonction au shérif de Los Angeles. À Hawaii, les conséquences qu'a eues la crise immobilière sur les caisses de l'État ont eu l'effet suivant: la durée de l'année scolaire a été amputée.
De Detroit à San Francisco, en passant par Cleveland et les bourgs du Midwest comme du Sud, on met la hache dans l'éducation. Lorsqu'on n'imite pas Hawaii, on sabre des programmes. Et l'utilitarisme ayant le dessus sur la formation — au sens noble du terme — du citoyen, on se doute que l'enseignement de l'histoire écope particulièrement.
Pour limiter les dégâts, Obama a donc conçu ce programme de 26 milliards que le Congrès a adopté. Mais il s'abstient encore et toujours de mettre un terme aux avantages fiscaux que son prédécesseur a accordés aux 2 % (2 % seulement!) des riches d'entre les riches Américains. Si l'actuel locataire de la Maison-Blanche décidait de rapatrier les sommes inhérentes au cadeau fait par Bush, alors le Trésor américain encaisserait 700 milliards au cours des dix prochaines années. On le répète, 2 % des citoyens vont empocher 700 milliards. On voudrait «tiersmondiser» la première puissance économique du monde qu'on ne s'y prendrait pas autrement.
Ce qu'il y a de navrant dans ce dossier fiscal, c'est qu'il est empreint de bêtise, d'idiotie. Il n'y a pas d'autre mot. On l'a déjà écrit, on va le réécrire. Au milieu des années 90, un économiste de l'Université Warwick, au Royaume-Uni, avait analysé les contrecoups des déductions fiscales que Bush père avait ordonnées. Il avait réalisé que celles-ci étaient en fait des subventions indirectes à l'industrie du luxe.
Car le riche achète Mercedes ou Ferrari plutôt qu'une Ford, des tailleurs Chanel plutôt que Calvin Klein, un grand cru de Bordeaux plutôt qu'un californien, etc. Bref, chaque fois que l'État donne aux riches, il donne en fait, et essentiellement, aux deux géants français du luxe et aux fabricants d'automobiles allemands. C'est aussi idiot qu'affligeant.
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