Philippe Couillard remplacera donc Jean Charest.
Ce dernier a empoché, pendant qu’il recevait un salaire de chef de l’opposition entre 1998 et 2002 et de premier ministre (salaire de 175 000 $ en 2003 à 185 000 $ en 2010), une prime de 75 000 $ donnée par le PLQ. Ce bonus annuel été connue du public seulement en 2008. Nous ne parlons pas ici du pont d’or que des financiers lui auraient concocté pour qu’il fasse le saut du fédéral au provincial.
Philippe Couillard exige lui aussi un salaire du PLQ. Sur ce point, Philippe Couillard, a déjà monnayé son grand talent. Neuro-chirurgien en 1985, il va devenir un des fondateurs avec le docteur Mahmoud Zuhair Karmi du département de neuro-chirurgie du Dhahran Health Center, dans l’est de l’Arabie Saoudite et y demeurera entre 1992 et 1996. Ce complexe appartient à la pétrolière Aramco. Dans les faits, les villes de Dhahran et Khobar abritent plus de 11 000 salariés étrangers dans des complexes immobiliers, coupés de la population chiite. Exemptés d’impôts, ces mercenaires ont accès, sans frais, à des villas ou des condos.
L’engagement de Philippe Couillard est loin d’être un geste de compassion. Son départ pour l’Arabie Saoudite ne correspond pas à des objectifs personnels de compassion, comme s’il avait adhéré à l’organisme Médecins sans frontières. Il sait aussi que le régime politique est une autocratie sulfureuse attirée par le conservatisme religieux.
Dans l’est de ce pays, dans la région administrative d’Ach-Charqiya, les chiites sont opprimés depuis toujours par les sunnites, celle de la branche wahhabite qui y règne depuis fort longtemps. Une révolte larvée des chiites est férocement réprimée par le roi Fadh. Dans les années 80 et 90, plusieurs professionnels de la santé se sont expatriés pour éviter l’emprisonnement. Ils avaient demandé au roi une plus grande ouverture démocratique pour leurs compatriotes chiites. Ils sont plus de 2 millions dans cette région, riche en pétrole
Philippe Couillard est donc venu remplacer des saoudiens chiites exilés à un des hôpitaux privés de Dhahran. Philippe Couillard recevait, avec les avantages sociaux, un salaire exempt d’impôts pour exercer sa profession. Son départ de Dhahran en 1996 et son arrivée la même année, en tant que professeur à la Faculté de médecine de l’Université de Sherbrooke ne sont pas surprenants. Nous savons qu’en 1996, un attentat terrible a été attribué à une branche du Hezbollah chiite liée à l’Iran, Cet acte terroriste commis en juin 1996 sur les Tours de Thobar, visait, entre autres, le personnel américain lié à l’armée de l’air des Etats-Unis. Il fit 18 victimes américaines et plus de 400 blessés. Thobar et Dhahran forment des villes jumelles. L’attentat a été entendu à plus de 20 kilomètres à la ronde.
À partir de cet attentat, tous les étrangers devenaient des cibles potentielles. Le bon docteur Couillard a sûrement jugé que son attachement qu’il dit avoir encore pour ce peuple (je dirais plutôt pour ces peuples), passait après sa crainte d’être touché par cette tourmente. Encore aujourd’hui, la région Est de l’Arabie Saoudite est marquée par des violences entre chiites et sunnites. Quand tu es mercenaire, tu peux toujours quitter le pays si le climat politique devient potentiellement dangereux. Le salaire n'en vaut pas la chandelle.
En demandant un salaire au PLQ, Philippe Couillard renoue avec un parti soupçonné d’avoir une caisse électorale dont les principaux contributeurs viennent des firmes d’ingénierie et des compagnies de construction. Il se livre, pieds et mains liés, à l’oligarchie financière qui règne au Québec. Peut-il sérieusement envisager et faire des changements qui restreindront les pouvoirs de ces oligarques qui lui paieront un salaire ? Poser la question, c'est y répondre.