«Le moyen le plus rapide de détruire la zone euro», c’est ainsi qu’un haut conseiller du gouvernement allemand a qualifié les mesures envisagées par Berlin, qui pourraient pousser l’Italie ou l’Espagne à abandonner la monnaie unique.
«Une attaque spéculative pourrait arriver très vite. Si j’étais politicien en Italie et que j’étais confronté à cette sorte de risque d’insolvabilité, je voudrais retourner à ma propre monnaie aussi rapidement que possible, parce que c’est le seul moyen d’échapper à la faillite», a déclaré Peter Bofinger, membre du Conseil allemand des Experts économiques, au journal britannique The Telegraph.
Par ses commentaires, il s’opposait à son propre Conseil, qui appelle à mettre en œuvre un plan visant à mettre en place un «mécanisme d’insolvabilité des Etats souverains». Celui-ci tente de restaurer la crédibilité de la clause de «non-renflouement» présente dans le Traité de Maastricht, qui interdit l’émission monétaire et le recours à la Banque centrale européenne pour financer les dettes publiques, forçant ainsi les pays endettés à emprunter dans le privé.
Une première étape du plan viserait à augmenter la «pondération des risques» de la dette souveraine détenue par les banques, à limiter les possibilités d’acheter celle-ci, et à imposer des restrictions aux détenteurs de dette souveraine au sein de la zone euro. L’initiative bénéficierait du soutien du parlement du Bundestag et du ministre des Finances Wolfgang Schauble.
De son côté, le professeur Bofinger estime que les détenteurs d’obligations pourraient subir de grosses pertes en cas de résurgence de la crise de la dette souveraine. Il a ajouté que des pays comme l’Italie, le Portugal et l’Espagne, privés de leurs propres instruments monétaires, ne seraient pas en mesure de se défendre et risquaient ainsi «d’être frappés par une dangereuse crise de confiance».
Il a par ailleurs déploré que la notion même de «mécanisme d’insolvabilité des Etats souverains» soit une conception erronée perpétuant le mensonge que les excès fiscaux des gouvernements sont à la base de la crise. Au contraire, à l’exception de la Grèce, la dette publique aurait explosé après 2008 parce que les Etats frappés ont dû prendre des mesures d’urgence pour empêcher leurs économies de s’effondrer, explique-t-il.
L’expert a enfin affirmé que ce nouveau plan permettrait à des investisseurs privés d’être à la fois juge et partie sur la question de la solvabilité des Etats. «Nous ne pouvons accepter un régime dans lequel les marchés sont maîtres des gouvernements», a-t-il conclu.
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