Il y aurait 50 fois plus de crimes et d’incident haineux au Québec que ce que laissent présager les statistiques officielles, a conclu un sondage inédit du Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence (CPRMV) de Montréal. Premier de la sorte dans la province, le sondage a démontré que 46 000 Québécois majeurs – soit 0,7 % de cette population – se sont dit avoir été victime d’un crime de haine entre 2014 et 2017, et 191 000 se sont dit victime d’un incident haineux, a rapporté le «Montreal Gazette». Or, selon les chiffres de Statistique Canada, seulement 855 crimes de haine ont été répertoriés en trois ans dans la province. «Il y a un énorme décalage entre ces résultats et les statistiques officielles, a déclaré au «Montreal Gazette» Benjamin Ducol, directeur de la recherche au CPRMV. Nous savons qu'il existe des crimes et des incidents motivés par la haine, mais cela nous montre qu'ils sont pratiquement invisibles.» Selon le CPRMV, un incident haineux est un acte non criminel qui vise à insécuriser les personnes en raison «de sa race, de son origine nationale ou ethnique, de sa langue, de sa couleur, de sa religion, de son sexe, de son âge, de son orientation sexuelle, de son identité ou expression de genre, ou d’une incapacité physique ou mentale.» Le sondage du CPRMV, mené par Vox Pop Labs – connu pour leur Boussole électorale – a demandé à 1843 Québécois s’ils avaient été témoin ou victime d’un incident ou un crime haineux et 35 personnes ont répondu par l’affirmative. Treize personnes auraient été ainsi victimes de menaces ou d’incitation à la violence, 15 de harcèlement, neuf de violences physiques et onze de menaces en ligne. Les motifs principaux de ces incidents sont l’origine ethnique (sept cas), la religion et l’orientation sexuelle (cinq cas chacun) L’échantillon des réponses positives ne permet pas d’extrapoler à la province entière, a indiqué Benjamin Ducol, mais le CPRMV travaille actuellement à recenser les crimes de haine durant l’été 2017.