RÉGIMES DE RETRAITE

Le mur corporatiste

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Chronique d'une déroute annoncée

Après les policiers et les pompiers, c’est au tour des employés du transport public de déclarer la guerre au projet de loi sur la réforme des retraites. Inutile d’être devin pour prédire que, contrairement aux infirmières et aux enseignants, ces syndicats d’hommes forts réussiront à faire reculer le gouvernement libéral.
a preuve n’est plus à faire que les régimes de retraite en vigueur dans certaines grandes villes du Québec sont déraisonnables.

Avoir droit, comme c’est le cas des policiers, à une rente sans pénalité, indexée à vie, après seulement 25 ans de service a encore moins de sens quand on sait que le salarié contribue à hauteur de 7 % seulement de son salaire, contre 21 % pour la Ville.

Prétendre qu’il en est ainsi parce que les membres ont accepté de recevoir des salaires moins élevés est un mensonge : après seulement six ans d’expérience, un policier dont la compétence se résume à un diplôme collégial et à 15 semaines de formation à l’Institut de police gagne entre 75 000 $ et 82 000 $ par année, sans compter les heures supplémentaires.

Trente ans de retraite pour 25 ans de travail : une aberration !

Quant aux pompiers et aux employés de la STM, ils ont aussi droit à la retraite à 55 ans après 25 ans de service, et même avant s’ils ont 30 ans de service.

Leur travail est difficile, sans doute. Mais pas plus que celui d’une infirmière ou d’un enseignant du secondaire, qui gagne beaucoup moins après 15 ans d’expérience, malgré une formation largement supérieure.

Si la retraite à 50 ans pouvait se justifier au siècle dernier pour certains corps de métier dont l’espérance de vie ne dépassait pas 60 ans, la donne a changé. À preuve, le très grand nombre de ces employés qui s’empressent de trouver un autre job aussitôt atteint l’âge… de la retraite.

La coalition syndicale dénonce le projet de loi 3 parce qu’il force les parties à négocier à l’intérieur de paramètres fixés d’avance, qui sont à peu de choses près ceux de la fonction publique. Pourquoi en serait-il autrement, alors que les villes ont encore moins de moyens que le gouvernement ?

La défense actuelle des régimes municipaux est loin de représenter un combat légitime pour « le droit des travailleurs à une retraite décente ». Au contraire, elle constitue le pire exemple de corporatisme syndical.

Si nous en sommes là, c’est que les élus de nos grandes villes n’ont jamais eu les moyens ni la volonté politique de contenir les conditions de travail de leurs employés. Aujourd’hui, le vase déborde.

De leur côté, les élus provinciaux n’ont jamais eu le courage de corriger la situation en invitant les villes à maintenir la rémunération de leurs employés à un niveau qui équivaut à celui de la fonction publique, soit 35 % plus bas qu’à l’heure actuelle.

En tentant de faire adopter le projet de loi 3, qui impose un partage 50-50 du coût des régimes et limite à 18 % du salaire la contribution annuelle employé-employeur (au lieu de 28 % et 26 % chez les policiers et les pompiers), le gouvernement Couillard ne menace d’aucune façon l’existence des régimes à prestations déterminées, qui restent la formule idéale. Si les centrales syndicales veulent faire oeuvre utile, c’est là qu’elles doivent mettre leur énergie.

Malheureusement, il est d’ores et déjà écrit dans le ciel que le gouvernement Couillard reculera devant la force de feu, aux sens propre et figuré, des associations d’employés municipaux déterminées à protéger coûte que coûte leurs privilèges d’une autre époque.


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