Le Mouvement Québec français (MQF), par la voix de son président Maxime Laporte, demande au ministre de l’Éducation, M. Jean-François Roberge, de renoncer à la mise en place de programmes « bilingues » permanents au collégial francophone, tel que révélé par le chercheur Frédéric Lacroix dans L’Aut’journal ; la nouvelle ayant aujourd’hui été relayée en une du Devoir.
M. Laporte a fait valoir : « Cette pratique, outre qu’elle normalisera à terme l’érosion du statut du français comme langue commune et langue de l’enseignement post-secondaire, viole le droit linguistique fondamental du corps enseignant et des acteurs du milieu de l’éducation à travailler en français. En outre, dans un contexte où le français vacille dangereusement dans la métropole, l’instauration de programmes bilingues, comme c’est le cas au cégep de Saint-Laurent, n’est autre qu’une abdication à la fois symbolique mais bien réelle, devant le tout-à-l’anglais. Or, plutôt que de se transformer eux-mêmes en agents d’anglicisation, il est du devoir de nos établissements publics francophones de s’ériger en rempart contre la régression du français, ce qui implique de dire NON au bilinguisme institutionnel ».
De plus, M. Laporte a affirmé : « Si nos cégeps francophones attirent moins d’étudiants qu’auparavant, c’est bien parce que l’anglais, langue hégémonique, gagne du terrain. Or, au lieu de tomber dans ce piège en anglicisant davantage nos propres institutions, pourquoi ne pas opérer le nécessaire coup de barre afin de régler le problème une fois pour toutes ? En l’occurrence, si l’on veut stopper l’hémorragie, si l’on veut accroître la fréquentation des cégeps francophones, la seule solution crédible consiste à étendre l’application de la loi 101 au collégial. Tous les observateurs sérieux de la question linguistique en conviennent. Et pour ceux qui s’en inquiéteraient, l’étudiant non-ayant-droit qui souhaite néanmoins aller étudier au collégial anglais n’en serait pas empêché pour autant ; seulement, c’est lui qui défrayerait l’exercice de son « libre-choix », comme c’est le cas au primaire et au secondaire, et non plus la collectivité... »
« Malgré toutes les avancées réalisées dans la foulée de la Révolution tranquille, le fait est que nous n’avons pas encore su faire du français, la véritable langue utile, la véritable langue de prestige en ce pays ; c’est-à-dire la langue de promotion sociale, celle par laquelle on peut aspirer à s’enrichir, à s’émanciper, à s’ouvrir au monde… Encore aujourd’hui, être francophone au Québec, cela ne suffit pas. Être francophone, c’est être incomplet. Tel est le message, – « aliénant » dirait Gaston Miron –, qu’on envoie à nos jeunes compatriotes francophones, allophones et immigrants, en laissant l’anglais s’institutionnaliser dans le réseau collégial. »
« En pensant susciter de nouvelles inscriptions au cégep francophone, on se trouvera indirectement à faire de la publicité pour le cégep anglais ! Ultimement, à force de banaliser notre langue commune, plus personne ne se sentira le besoin pressant de l’apprendre ou de la maîtriser ; et l’on voudra faire sa vie en anglais, diglossie oblige. Ces dernières remarques ne relèvent pas de la science fiction… Tel que démontré par Frédéric Lacroix, le nombre d’étudiants inscrits au DEC pré-universitaire à temps plein en anglais à Montréal est en voie de dépasser le total des inscriptions de même nature au cégep français... (voir le tableau ci-contre) », a conclu M. Laporte.
Source : Frédéric Lacroix, 2020