La rentrée la semaine prochaine dans les établissements frappés par les grèves étudiantes du printemps forcera les étudiants à faire des choix quant à la forme à donner à leur contestation des politiques du gouvernement Charest. Les premiers votes tenus sur la reconduction du boycottage des cours laissent croire que leur mouvement garde une partie de sa vigueur. Poursuite ou non des grèves ? Le moment sera déterminant.
Cette rentrée doit être vue pour ce qu’elle est. Ne nous trompons pas. Il ne s’agit pas de mettre fin à la contestation des politiques du gouvernement Charest sur le financement des universités et de ses politiques néolibérales amorcée par ces grèves. Ce mouvement ne s’éteindra pas par un coup de loi spéciale, mais par le dialogue.
Les associations étudiantes demeurent mobilisées sur l’enjeu de fond de leur contestation, qui est la hausse des droits de scolarité. L’ont bien montré toutes ces manifestations tenues jour après jour. Le premier ministre Jean Charest se tromperait en voyant une victoire dans la démission de Gabriel Nadeau-Dubois comme porte-parole de la CLASSE. Certes, il a eu sa tête à force de le diaboliser, mais qu’il se garde de s’en faire un trophée. Ce jeune leader a assez d’intelligence pour comprendre que son mouvement a besoin de sang neuf.
La question qui se pose à ce moment-ci aux associations étudiantes a trait à leur capacité à paralyser à nouveau un grand nombre d’établissements par un boycottage généralisé des cours. C’est ce que voudraient les plus militantes. Les votes obtenus en ce sens ces derniers jours par des assemblées clairsemées ne peuvent être révélateurs d’une réelle volonté des étudiants de poursuivre le mouvement de grève.
Les politiciens en campagne ne se privent pas de critiquer l’absence de règles de quorum dans ces assemblées, ce à quoi il leur est répondu que cela a été voulu ainsi démocratiquement par les membres. Peu importe, le risque est de voir leurs membres passer en grand nombre d’éventuels piquets de grève à la reprise des cours. Cela donnerait raison à Jean Charest et à sa stratégie. Car aussi désireux qu’ils puissent être de défendre la cause du gel des droits de scolarité, les étudiants sont aussi conscients de la nécessité de reprendre un jour leur parcours scolaire. Chacun d’eux est devant un moment de vérité.
S’il doit y avoir une mobilisation à l’occasion de cette rentrée, elle n’est pas forcée de prendre la forme d’un boycottage des cours et de piquets de grève. Le mouvement étudiant a montré ces derniers mois une forte capacité d’imagination pour porter autrement son message. L’ancien président de la FECQ, Léo Bureau-Blouin, aujourd’hui candidat péquiste, invite à la trêve. C’est une avenue à ne pas rejeter du revers de la main.
Cette rentrée sera difficile pour tous ses acteurs, car elle se déroulera selon un scénario dicté par une loi spéciale qui se révélera sans doute inapplicable dans certains aspects. Les corps policiers en ont déjà fait l’expérience. Ce n’est pas sans raison que le premier ministre Charest invitait hier les directions d’établissement et les policiers à faire preuve de discernement dans son application.
Si Jean Charest a ainsi jugé utile de ne pas jeter de l’huile sur le feu - il l’a fait suffisamment ces derniers mois -, ce n’est pas le cas de tous. Les menaces de privation de salaires et de sanctions qu’a faites le chef caquiste François Legault aux professeurs qui ne respecteraient pas la loi sont une inutile provocation. À ce moment-ci, les étudiants, les professeurs et les directions d’établissement doivent pouvoir faire leurs choix le plus sereinement possible, sans l’intervention de politiciens à la recherche d’avantages politiques faciles.
Grève étudiante
Le moment de vérité
Ce mouvement ne s’éteindra pas par un coup de loi spéciale, mais par le dialogue.
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