Statue de saint Michel déboulonnée, projet de texte de la Commission européenne demandant de ne plus évoquer Noël, suppression de la croix de Notre-Dame-de-la-Garde sur la carte de vœux de la municipalité de Marseille, appel à dissoudre l’Église catholique dans le journal Le Monde (25/11/2021), les efforts pour effacer nos racines chrétiennes s’accélèrent dans un contexte de guérilla culturelle visant à faire tabula rasa des fondements de notre culture occidentale.
La gauche, lilliputienne électoralement, parvient à imposer son hégémonie culturelle en suivant la route tracée par Gramsci. Ce qui, il y a peu, semblait relever du seul folklore des campus américains (déconstruction, « wokisme » théorie du genre, cancel culture…) envahit l’espace médiatique et s’infiltre à l’école et dans les universités. Les plates-formes de streaming et les GAFAM accompagnent le mouvement en offrant une diffusion de masse aux nouveaux dogmes et en veillant à l’excommunication de ceux qui ne sacrifient pas aux nouvelles idoles.
L’acharnement antichrétien ne se limite malheureusement pas aux domaines des idées. En témoignent les agressions violentes de paroissiens lors de processions dans l’espace public. À Paris, en mai dernier, des antifas ont déchaîné leur haine : coups de poing, jets de projectiles, bannières arrachées. À Nanterre, le 8 décembre, des paroissiens ont fait face à un djihadisme de basse intensité. Avec des messages clairs sonnant comme des avertissements : « Sur le Coran, je vais t’égorger ! », « Ici, c’est la terre d’Allah, cassez-vous ! ».
Comment ne pas faire le lien entre la diabolisation de notre héritage catholique et occidental, les atteintes aux églises et cimetières chrétiens (86 % de l’ensemble des atteintes aux lieux de culte en 2020) et les atteintes aux personnes ?
On peut alors s’interroger sur la nature et l’évolution de cet islamo-gauchisme qui nourrit la haine : cette sainte alliance qui, malgré d’inconciliables divergences idéologiques, se retrouve dans une volonté commune de détruire les derniers murs porteurs de notre civilisation.
En réalité, le marteau des déconstructeurs ne produit rien d’autre qu’un champ de ruines. Il ne suscite aucun projet, aucune adhésion à une vision nouvelle. Son entreprise destructrice et suicidaire contribue néanmoins à ouvrir les brèches par lesquelles peut s’introduire un nouveau paradigme civilisationnel. C’est le calcul d’un islamisme stratège et conquérant qui ne doute pas de lui-même et de sa capacité à s’imposer sur les décombres d’une société postchrétienne.
L’historien Alain Besançon, à la fin de son livre Trois tentations dans l’Église, s’interrogeait sur les raisons de l’effondrement de la civilisation byzantine. Il constatait qu’une Église en crise passait facilement à l’islam. Il citait alors cette formule du philosophe russe Vladimir Soloviev (1853-1900) : « Il n’y avait pas là de conversion à faire, il n’y avait qu’un vieux voile à déchirer. »
L’Occident, travaillé par le doute et la culpabilité, n’est-il pas prêt lui aussi à se renier en se donnant une identité et une religion de substitution ?