Le Manifeste en faveur du pétrole québécois fait bondir les écologistes

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Une réplique attendue

Greenpeace et Équiterre estiment que le Québec n'a rien à gagner en allant de l'avant avec l'exploitation de ses ressources pétrolières, y voyant un pas dans la mauvaise direction qui ne ferait qu'accentuer la dette environnementale de la province.
Plutôt que de suivre les recommandations du «Manifeste pour tirer collectivement profit de notre pétrole», les deux groupes écologistes estiment que le gouvernement provincial devrait investir dans «l'économie verte» afin de remplacer les retombées économiques de l'exploitation pétrolière.
Le manifeste, publié mercredi et signé par 11 personnalités, dont Bernard Landry, Monique Jérôme-Forget, Éric Forest, Joseph Facal et Françoise Bertrand, soutient que le pétrole pourrait permettre aux Québécois de s'enrichir collectivement et estime que ce serait une erreur de ne pas en profiter.
Le collectif fait valoir qu'au 31 mars 2012, la dette nette du Québec atteignait 167 milliards $ et représentait tout près de 50 pour cent du produit intérieur brut de la province.
Les signataires citent le cas de la Norvège, qui a été en mesure de mettre sur pied un Fonds des générations évalué à environ 645 milliards $ grâce à l'exploitation pétrolière, tout en respectant l'environnement.
«Les pays de l'Europe du Nord ne sont pas des voyous, affirme l'ex-premier ministre Bernard Landry, en entrevue. Ils exploitent leurs ressources sans dommages inacceptables à l'environnement. C'est cela que notre société doit faire.»
Le directeur principal d'Équiterre, Steven Guilbeault, estime toutefois que l'exemple norvégien est faible.
«De penser que tout à coup des centaines de milliards vont pleuvoir sur le Québec grâce à l'exploitation pétrolière, c'est intellectuellement malhonnête, souligne-t-il. La Norvège n'a pas commencé ce fonds l'an dernier. Il date de plusieurs décennies. Au Québec, nous sommes très loin d'une exploitation pétrolière commerciale.»
De son côté, le porte-parole de Greenpeace, Patrick Bonin, estime que l'exploitation de gisements pétroliers dans le golfe du Saint-Laurent est beaucoup complexe que ce qui est fait actuellement en Norvège.
«On ne peut pas comparer le golfe du Saint-Laurent à la Norvège, dit-il. Les risques sont beaucoup plus importants dans le golfe en raison de sa fragilité. Il ne faut pas oublier qu'il s'agit en quelque sorte d'une mer intérieure.»
Pour MM. Bonin et Guilbeault, l'exemple de la Norvège ne s'applique tout simplement pas au Québec.
«La réalité n'est plus du tout la même, rappelle le porte-parole de Greenpeace. Quand nous parlons de la Norvège, il s'agit d'un pays qui a commencé à exploiter depuis longtemps. Au Québec, on vient de se réveiller, mais nous ne sommes plus au 20e siècle.»
M. Bonin estime que chaque dollar investi dans le développement des énergies vertes rapporte de six à huit fois plus que le même dollar dépensé dans le secteur des hydrocarbures.
«L'avenir économique n'est pas dans ce qu'on développait au 20e siècle, dit-il. Nous sommes au 21e (siècle).»
«À part la Norvège, les signataires auraient de la difficulté à nommer trois autres pays qui ont exploité leurs ressources pétrolières en respectant de nombreux critères environnementaux, ajoute quant à lui le directeur principal d'Équiterre. Je les mets au défi de le faire.»
Selon M. Guilbeault, les signataires du manifeste se contredisent en faisant la promotion de l'exploitation pétrolière puisque la grande majorité d'entre eux sont en faveur de la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
«Le gouvernement devrait plutôt investir davantage, par exemple, dans l'électrification des transports, propose-t-il. Cela stimulerait l'économie québécoise, nous permettrait d'acheter notre propre électricité tout en réduisant les GES.»
M. Bonin estime également que le document signé par les 11 personnalités québécoises est parsemé d'oublis, puisque le manifeste ne fait qu'aborder l'aspect économique de l'exploitation pétrolière.
«Déjà, la mauvaise qualité de l'air coûte environ 2 milliards $ par année en soins de santé au Québec, affirme le porte-parole de Greenpeace. Les signataires du manifeste ne parlent pas de la dette écologique. Nous sommes en train de la pelleter vers les générations futures, qui vont être aux prises avec la réalité des changements climatiques.»


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