La chute du prix du pétrole s’est poursuivie jeudi, alors que les membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) n’ont pas réussi à s’entendre pour réduire leur production. Une bonne nouvelle pour les consommateurs, une moins bonne pour les gouvernements des pays producteurs, dont le Canada.
Avec le ralentissement économique qui se poursuit en Europe et en Asie et l’augmentation spectaculaire de la production de pétrole de schiste aux États-Unis, l’écart s’accentue entre l’offre et la demande de pétrole dans le monde.
Jeudi, à Vienne, certains pays producteurs, comme le Venezuela qui a absolument besoin de prix élevés pour financer son gouvernement, ont tout fait pour inciter les autres membres de l’OPEP à réduire leur production d’au moins un million de barils par jour. Mais d’autres, comme l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, s’y sont opposés en prétextant qu’une baisse aussi peu importante n’aurait aucun impact sur le prix.
Pour ceux-ci, un million de barils de moins par jour (b/j) sur un marché de 90 millions de b/j aurait seulement permis aux non-membres de l’OPEP qui produisent ensemble 70 % du pétrole mondial de combler le vide et d’accaparer une plus grande part du marché. Or, dans un contexte d’excédents, c’est là le dernier risque que les grands producteurs comme l’Arabie saoudite sont prêts à prendre.
Au contraire, en laissant le prix du baril continuer de chuter, les pays du Golfe dont les coûts de production sont peu élevés misent sur un ralentissement de nouveaux projets d’exploitation plus coûteux aux États-Unis et au Canada, pour ne nommer qu’eux. Selon les experts, ils seraient même prêts à accepter un prix aussi bas que 60 $ le baril comparativement à 75 $ vendredi et à 110 $ il y a seulement six mois.
Pour le Canada, les conséquences de ce qu’on peut qualifier de crise sont multiples.
Dans un premier temps, les automobilistes seront soulagés de payer moins cher à la pompe, ce qui leur laissera plus d’argent à consacrer à d’autres priorités que le transport. Malheureusement, cela pourrait aussi stimuler l’achat impulsif de véhicules plus énergivores au détriment des modèles économiques et écologiques.
Dans un deuxième temps, les provinces productrices étant affectées directement par la baisse des prix, il pourrait s’ensuivre une chute des investissements privés et des revenus des gouvernements de l’Ouest et du fédéral. Celui du Québec aussi pourrait connaître une baisse de ses revenus au chapitre de la péréquation, dont les versements sont calculés en fonction de l’écart négatif qui sépare notre performance économique de celle des provinces riches.
En revanche, si le dollar canadien continue de perdre des plumes par rapport au dollar américain à cause de la chute du prix du pétrole, cela favorisera les exportations de biens manufacturés au Québec et en Ontario, deux provinces profondément marquées par un dollar gonflé aux hormones d’hydrocarbures.
De plus, n’étant pas productrices d’hydrocarbures, ces provinces profiteront de l’augmentation du pouvoir d’achat des consommateurs, ce qui est mieux que de recevoir de la péréquation.
Personne ne doit se réjouir du malheur des autres, certes. Mais avouons qu’il serait temps que l’économie québécoise reçoive un coup de pouce de la conjoncture internationale, qui a surtout servi les intérêts de l’Ouest et du gouvernement fédéral depuis la fin de la récession.
PÉTROLE
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