Le livre rouge de Michael Ignatieff : matière à chicanes!

Chronique de Louis Lapointe

Alors que les conservateurs refusent pour des raisons électorales d'exercer leur propre juridiction en reportant l’annonce de la construction d’un nouveau pont Champlain à plus tard, les libéraux ont décidé encore une fois d’envahir les juridictions des législatures provinciales.
Aide aux étudiants postsecondaires, garderies, soutien aux aidants naturels, le Québec possède déjà des programmes dans toutes ces matières, ce qui lui manque, c’est l’argent pour offrir de meilleurs services.
Or, le gouvernement fédéral perçoit déjà trop d’impôts des contribuables, laissant aux provinces une maigre assiette fiscale insuffisante pour financer leurs propres programmes, surtout dans le cas du Québec qui a un panier de services beaucoup plus substantiels que les autres provinces, comme c’est le cas avec ses centres de la petite enfance et son assurance médicament.
En fait, ce que nous proposent les libéraux, c’est de prélever encore plus d’argent des contribuables pour envahir les juridictions des provinces, alors qu’ils devraient plutôt nous parler de juridictions fédérales en s’attaquant courageusement au programme des conservateurs qui nous proposent d'abolir le registre des armes à feu, de criminaliser davantage les jeunes délinquants, de durcir les peines d'emprisonnement, de construire de nouvelles prisons, de faire la guerre plutôt que de contribuer à la paix mondiale et d’acheter des avions hors de prix et trop sophistiqués pour les véritables besoins du Canada.
Comme Michael Ignatieff n’a pas le courage de s’attaquer aux conservateurs sur les questions les plus controversées comme la guerre, les armes et la criminalité, il préfère se taire et propose une vaste diversion en guise de plate forme électorale, des chevauchements de juridictions provinciales que plusieurs provinces sont incapables d’exercer convenablement parce qu’elles n’ont pas les fonds nécessaires pour ce faire.
La plus élémentaire règle de la subsidiarité commanderait des partis politiques fédéraux qu’ils annoncent des baisses d’impôt parce qu’ils se retirent de programmes que les provinces sont plus aptes à offrir et à administrer et qu’ils renoncent au pouvoir de dépenser que le gouvernement fédéral utilise depuis de nombreuses années pour envahir les juridictions des provinces.
L’état fédéral coûte une fortune aux Canadiens et aux Québécois en chevauchements de toutes sortes.
Pendant que les conservateurs gaspillent l’argent des contribuables dans la détestation, les libéraux nous proposent encore une fois l’affrontement en nous offrant un programme sur mesure pour se chicaner avec le Québec, pour retenir indûment pendant des décennies les sommes perçues en trop au Québec et qui lui sont dues, comme ce fût le cas avec l’harmonisation de la taxe de vente, un dossier toujours pas réglé.
D’autres litiges devant la Cour Suprême, comme celui sur le projet fédéral de Commission canadienne des valeurs mobilières, sont donc à prévoir, puisque, loin de s’amender, les libéraux comme les conservateurs en rajoutent lorsqu’il s’agit d’envahir les juridictions des provinces et de gaspiller l’argent des contribuables.
Le livre rouge de Michael Ignatieff est un miroir aux alouettes qui ne promet que plus d'impôts, d'intrusions et de centralisation, tout à fait le contraire de ce que souhaitent les Québécois qui réclament majoritairement plus d'autonomie et d'indépendance en élisant depuis vingt ans une majorité de députés du Bloc Québécois à Ottawa. Un message on ne peut plus clair!
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Un petit jeu dangereux

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Louis Lapointe534 articles

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L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fondation.





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