Le leurre du PIB : hausse rime souvent avec appauvrissement

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Ne soyez pas un con au jeu de cons





Certains, et je dirais même plusieurs, qui jouent à l'expert essaient tout le temps de vous tromper par toutes sortes de moyens fallacieux afin de vous convertir à leur petit modèle néolibéral qui profite surtout à l'élite économique. Parmi leur arsenal de conditionnement, il y a cette fameuse hypothèse que l'augmentation du produit intérieur brut (PIB) se conjugue tout le temps avec enrichissement collectif, ce qui est faux et absurde.


Le leurre du PIB


Il peut très bien y avoir augmentation importante du PIB et appauvrissement de la majorité dans le cas où cette croissance ne profite qu'à une minorité en raison d'absence de véritable politique de répartition de la richesse. C'est exactement ce qui se produit depuis trente ans au Canada, aux États-Unis et en Europe où le 1% de gras dur accapare la majorité de la richesse créée. Voici, mes amis, quelques exemples probants et récents de la duperie de la religion du PIB véhiculée par ses adeptes.


Des frais bancaires en hausse


Oh, mais quelle merveilleuse nouvelle que nous a annoncée TVA le 20 avril 2015 : «Plusieurs services touchés. Des frais bancaires en hausses». Soyez dans l'allégresse camarades, car cela va augmenter le PIB de façon notable. Merci à nos banquiers, modèle par excellence de création de richesse comme les aiment Stephen Harper et Philippe Couillard. Mais, création de richesse pour qui, que vous me demandez? Dans le cas particulier des frais bancaire, il y aura une augmentation du PIB qui provoquera un enrichissement des banquiers et un appauvrissement des consommateurs et de la majorité. Bravo! Mais des prestidigitateurs affairistes et politiques tenteront de vous convaincre que l'important est qu'il y a eu, au total, augmentation du PIB et création de la richesse. Création de richesse superficielle, car on enlève des revenus à la majorité pour les redistribuer à la minorité possédante. On appelle ça de la concentration de la richesse.


Augmentation du prix de l'essence


Oh, oh mais que vois-je comme titre d'article du 4 mai 2015 dans Le Journal de Montréal : «Consommation. Le prix à la pompe de l'essence a augmenté de 3,5¢ le litre depuis le début de l'année, deux fois plus que prévu». Mais que votre joie surabonde mes amis puisque cela va encore augmenter le PIB et donner l'illusion d'une belle grosse création de richesse. Encore une fois, la hausse du prix de l'essence ira dans les grosses poches de quelques pétrolières multimilliardaires qu'elles seront venues piquer dans les poches des consommateurs et de la majorité de la population. L'important, pour nos élus, est l'augmentation à tout prix du PIB et de la création de richesse, peu importe qui s'en accapare. Le paraître et le mirage sont ce qui compte pour ces inféodés.


Gros hiver et gros bill d'électricité


Ah ben que nous comme chanceux, car le dernier gros, long et froid hiver que nous avons connu au Québec a permis à Hydro-Québec de facturer plus et aux consommateurs de payer plus. Résultat? Une belle hausse du PIB en perspective : «L'hiver a contribué au dégel de l'économique québécoise. Hausse de 0,2% du PIB en janvier» (Le Devoir, 24 avril 2015). Bravo, Hydro-Québec va avoir plus d'argent pour subventionner davantage les alumineries et les éoliennes et payer de grosses primes à leurs dirigeants tout en augmentant encore plus les tarifs d'électricité du consommateur ordinaire captif. En payant plus pour votre électricité cet hiver, vous vous êtes appauvris. Pas ben grave, l'important est que cela a augmenté le PIB de la province et donné l'impression de l'accroissement de la richesse.


Équiterre et Steven Guilbeault 


Même certains groupes écologistes très, pour ne pas dire trop consensuels à mon goût, embarquent dans la game d'intoxiquer le monde : «Et si on surtaxait l'essence? dit Équiterre. Une redevance de 6¢ le litre pourrait ajouter 1,4 milliard au PIB du Québec» (Le Devoir, 25 février 2015).  Oh, oh, mon beau Steven Guilbeault (cofondateur et porte-parole d'Équiterre), on ajouterait 1,4 milliard au PIB du Québec, qui permettrait au gouvernement de détaxer les riches et de rehausser les subventions aux entreprises, qu'on irait chercher où? Et oui, encore une fois dans les poches du consommateur. Steven, penses-tu vraiment que cela viendrait enrichir la majorité des individus? Dire qu'une redevance de 6¢ le litre viendrait ajouter 1,4 milliard au PIB du Québec est une tactique opportuniste de marketing utilisée par tous les affairistes indigne d'un groupe d'écologiste le moindrement sérieux. Dans ce cas-là, pourquoi ne pas doubler la redevance à 12 ¢ le litre ce qui augmenterait le PIB du Québec de 2,8 milliards de dollars? Ainsi, on nagerait dans la richesse du moins. Certains, mais pas d'autres.


Autres exemples «d’enrichissement»


Voici, chers lecteurs, d'autres exemples de situations récentes qui ont provoqué une hausse du PIB, et qui, de ce fait, ont donné l'impression de création de richesse, mais qui dans les faits ont appauvri la majorité du monde au profit de la minorité dominante :


«Le panier d'épicerie coûtera plus cher, prévient Loblaw» (Le Devoir, 7 mai 2015).


«Hausse du péage de l'autoroute 30. Les camionneurs réclament l'intervention du ministre Robert Poëti. (La Presse, 9 janvier 2015). 60% d'augmentation en 2 ans, y'a rien là! Quant au pont de l'autoroute 25, il vient tout juste d'augmenter d'un p'tit 26% de rien du tout passant de 2,50$ à 3,16$. (La Presse, 8 juin 2015).


«Air Canada. Les frais auxiliaires sont maintenus» (Le Devoir, 13 mai 2015).


Les catastrophes du lac Mégantic et du golfe du Mexique (BP Amoco); l'envoi de militaires canadiens et américains en Irak, en Syrie, en Afghanistan; l'augmentation du tarif imposé par Couillard et les libéraux dans les garderies; le réchauffement de la planète et la pollution; la corruption et la collusion; la spéculation financière et plein d'autres bonnes choses comme ça ont un effet bénéfique sur le PIB et donne l'impression que l'on est plus riche collectivement alors que cela est totalement faux.


Prostitution, drogue et PIB


Comme d'habitude, je terminerai ma chronique par une comique, juste pour vous mes adorables amis. Une preuve de plus de l'authenticité de mon amour abyssal pour vous. Comme exemple pertinent servant à démontrer l'absurdité de l'étalon mesure du PIB vient du titre de cet article de la Presse du 30 mai 2014 : «PIB du Royaume-Uni. Prostitution et drogue comptent pour 18 milliards$». Comme en Grande-Bretagne, les revenus générés par la drogue et la prostitution sont dorénavant comptabilisés dans les comptes nationaux, et bien cela viendra augmenter le PIB de 18 milliards$ en 2014. Donc, le supposé «bon» coté du trafic de la drogue et de la prostitution est que cela augmente le PIB et encore beaucoup plus si on ajoute à ses «activités économiques» le coût de nombreux effets pervers secondaires qui viennent accroître les coûts de soin de santé, de la police, d’emprisonnement, d'accidents, de justice, de médicaments, etc. Comme en Grande-Bretagne, la drogue et la prostitution sont comptabilisées, cela fera que le PIB anglais apparaîtra artificiellement plus élevé qu'un autre pays qui ne les intègre pas au calcul de leur PIB. Prostitution et drogue au Royaume-Uni qui augmentent le PIB de 18 milliards$ en 2014. Faudrait peut-être penser à promouvoir et même à subventionner ces activités économiques créatrices de richesse qui dopent le PIB? Vous voyez bien mes amis les incohérences structurelles à l'utilisation de l'accroissement du PIB afin de mesurer notre bien-être et notre enrichissement collectif.




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