Le quotidien du soir se défend de «rouler» pour le candidat Emmanuel Macron, assurant que ses journalistes «travaillent dans une totale indépendance». C'est ce qu'affirme un billet du médiateur du journal, paru le 10 mars sur son site.
Accusé d’être trop complaisant vis-à-vis du leader d’En Marche !, le journal Le Monde a jugé bon de se défendre en publiant sur son site un texte de son médiateur, Franck Nouchi. Selon ce dernier, «pour de nombreux lecteurs, la cause est entendue : Le Monde et En Marche ! font cause commune».
«Nous ne nous étions jamais trouvés dans une telle situation : être, à ce point, à la fois suspectés de "rouler" pour un candidat, Emmanuel Macron, et de vouloir à tout prix le mettre en difficulté», ajoute-t-il.
Pierre Bergé se défend de toute ingérence
Dans le même article, le médiateur fait intervenir Jérôme Fenoglio, directeur du titre, qui se porte «garant» de l'indépendance éditoriale de son journal en rétorquant à ses détracteurs : «Elle est totale.»
«Nous traitons Emmanuel Macron comme n’importe quel autre candidat», assure de son côté Caroline Monnot, l’une des deux responsables du service politique, ajoutant que «le service politique ne "roule" pour personne.»
>«Tout autre est le rôle des chroniqueurs, comme Françoise Fressoz, Gérard Courtois ou Arnaud Leparmentier, qui, eux, sont libres de donner leur point de vue», souligne Franck Nouchi qui ne manque pas de préciser: «En toute subjectivité s’ils le souhaitent.»
Le Monde est-il «un journal d'opinion» ? demande Franck Nouchi. «Non»,répond Luc Bronner, directeur de la rédaction, car «les opinions des uns et des autres ne l’emportent jamais sur les impératifs journalistiques. L’information prime toujours».
Il ajoute en revanche : «Cela ne nous empêche évidemment pas de défendre un certain nombre de valeurs, telles que la défense des libertés publiques, la justice sociale ou l’avènement d’un projet européen ambitieux, des valeurs en opposition avec ce que défendent Marine Le Pen et le Front national.»
Pierre Bergé, copropriétaire du titre, a récemment tweeté son soutien à l’ex-ministre de l’Economie. De quoi lui donner le droit d'intervenir dans le billet de Franck Nouchi en affirmant : «Je n'interviens pas dans la rédaction et n'en ai pas le droit. J'ai signé une charte et la respecte.»
A plusieurs reprises dans le passé, Le Monde avait pris position dans un éditorial en faveur d'un candidat à la veille de la présidentielle.
Les médias trop Macron-compatibles ?
Le cas du Monde n’est pas isolé. Plusieurs médias ont été accusés de soutenir le candidat d’En Marche ! depuis le début de la campagne présidentielle. Ainsi, en février dernier, l’hebdomadaire Marianne sortait sa calculette et annonçait les résultats suivants : BFMTV, la première chaîne d’information en continu de France, diffuse autant d’images des meetings du candidat d’En Marche ! que de ceux de tous ses principaux concurrents réunis.
Plus précisément, entre novembre et la publication de cette information, les discours de l’ex-ministre de l’Economie auraient totalisé 426 minutes d’antenne contre 440 à l'ensemble de ses principaux adversaires que sont François Fillon (182 minutes), Jean-Luc Mélenchon (135 minutes), Marine Le Pen (63 minutes) et Benoît Hamon (60 minutes). Si BFMTV a démenti, la petite enquête de Marianne a été massivement partagée sur les réseaux sociaux.
Marine Le Pen est l’une des plus accusatrices quand il s’agit de pointer l’éventuel parti-pris des médias en faveur d’Emmanuel Macron. Invitée de BFMTV le 5 mars, la patronne du Front national s’était lancée dans une tirade contre les «médias qui appartiennent à des soutiens de monsieur Macron», citant en vrac la chaîne d’actualité qui l’invitait, mais également la radio RMC et le journal Libération.
Qualifiant Emmanuel Macron de «chouchou des médias», elle a ajouté : «Tout le monde sait que les médias de monsieur Drahi [...] soutiennent monsieur Macron d’une manière éhontée.»
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