Le grand ressac

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Alors que la natalité québécoise est dans un état catastrophique, il faudrait surtout penser à des mesures natalistes


Les réactions outrées à la multiplication aux États-Unis de lois anti-libre-choix à l’avortement traversent les frontières. Jusqu’au Festival de Cannes, des femmes à travers le monde sonnent l’alarme. Près de 30 États américains ont adopté ces lois rétrogrades au cours des derniers mois. Le phénomène est digne des périodes les plus sombres de l’Histoire moderne.


C’est une combinaison nauséabonde de misogynie, d’obscurantisme et de fondamentalisme religieux chrétien. Le tout foisonne sous la grande « tente » de la droite américaine. Une droite résolument décomplexée depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche.


Comme quoi, les femmes ne doivent jamais présumer que leurs droits sont coulés dans le béton. En Alabama, des femmes manifestent d’ailleurs habillées en servantes écarlates. Un rappel poignant du roman de Margaret Atwood sur un régime totalitaire où la fertilité des femmes est strictement contrôlée par ses dirigeants.


Car tel est bel et bien l’impact premier de telles lois : nier aux femmes leur droit chèrement gagné au contrôle de leur corps et de leur sexualité. Nul besoin de voiler une femme pour la couper d’elle-même. Des lois peuvent très bien le faire aussi.


Réaction brutale


En cela, j’y vois également un ressac prévisible contre le mouvement mondial du #MoiAussi. Face à la parole enfin libérée des nombreuses femmes qui, à un moment de leur vie, ont été agressées ou harcelées sexuellement se dresse un mouvement contraire de répression. Depuis les débuts du féminisme, les vagues de ressac n’ont rien de nouveau.


Un autre objectif de ce ramassis puissant de fondamentalistes est de provoquer à leur tour une réaction telle chez les femmes, que ces lois seront contestées jusqu’à la Cour suprême. L’espoir des ultraconservateurs est que les juges de droite y étant maintenant majoritaires, la Cour pourrait renverser la décision de la Cour suprême rendue en 1973 – Roe v. Wade –, reconnaissant aux femmes le droit à l’avortement.


Nourrir la bête anti-femme


Or, s’il est vrai qu’un tel renversement est possible, il est peu probable. Il poserait d’office une menace directe à la paix sociale aux États-Unis. Des millions de femmes et d’hommes sortiraient pour manifester, et pour longtemps. C’est pourquoi derrière la cible juridique se cache à mon avis un objectif bien plus menaçant encore. Plus menaçant parce qu’il a de meilleures chances de se matérialiser.


Ce que vise avant tout cette ultra droite est simple : étendre encore plus son idéologie à même des franges de la population réceptives à ses messages. Pour cette droite dogmatique, la lutte antiavortement est surtout un outil parmi d’autres de propagande visant à renforcer son pouvoir et élargir sa base. Et ce, bien au-delà des frontières américaines.


D’où l’urgence de parler, haut et fort. Que l’on soit des États-Unis, d’ici ou d’ailleurs. Les dirigeants politiques et les élus occidentaux doivent le faire. Nous, citoyennes et citoyens, aussi. Face à la montée de la droite, bien des combats, dont celui pour le libre choix à l’avortement, restent inachevés.