Marc Thibodeau, envoyé spécial La Presse (Rome) - Le frère André, qui faisait preuve de son vivant d'une humilité à toute épreuve, aurait peut-être ressenti un vague malaise en voyant, ce samedi, la façade de la basilique Saint-Pierre.
En prévision de la cérémonie de canonisation prévue dimanche matin, les autorités vaticanes ont fait installer des portraits de plusieurs mètres de hauteur de l'ancien portier du collège Notre-Dame et des cinq autres religieux qui accèderont officiellement à la sainteté.
Pour les pèlerins québécois qui profitaient ce matin de leur passage à Rome pour explorer la place Saint-Pierre aux côtés de milliers de touristes, la présence de l'image du petit homme était un spectacle à immortaliser.
«Je viens de prendre des photos, des photos et des photos pour les montrer aux amis et à la famille. C'est un homme important dans nos vies et dans celles de nos parents», a indiqué à La Presse Denise Drouin, venue en Italie avec son conjoint, Clément Bourdeau, spécifiquement pour assister aux cérémonies.
«Je veux en profiter pour faire une prière particulière pour quelqu'un qui est alcoolique», a expliqué Mme Drouin, en tentant de refouler une larme.
Ce n'est pas d'hier que la famille se tourne vers le frère André dans des moments de difficulté.
«Ma mère m'a raconté qu'elle s'était fait conseiller d'aller prier à l'oratoire Saint-Joseph pour se remettre d'une peine d'amour. Elle l'a fait et elle a rencontré mon père quelques mois plus tard... Elle retournait souvent pour nous confier à frère André», relate la femme de 63 ans, qui se réjouit de voir le religieux reconnu par l'Église catholique.
«C'était un homme simple qui a fait sa vie dans la simplicité tout en réalisant de grandes choses», souligne M. Bourdeau.
Jean-François Charrette a découvert que son passage à Rome tombait par hasard au moment de la canonisation du frère André. Il n'en était pas moins ému que les pèlerins croisés hier.
«C'est touchant de voir ça, absolument... J'ai des petits papillons dans le ventre», a indiqué M. Charrette en levant les yeux vers le portrait du religieux québécois.
Des centaines de personnes venues pour assister aux cérémonies de canonisation ont convergé en milieu d'après-midi à l'église Sant Andrea della Valle, au coeur de Rome, pour une vigile en l'honneur du frère André.
Plusieurs portaient pour l'occasion des foulards blancs commémoratif montrant le visage du religieux ainsi que l'oratoire Saint-Joseph.
«C'était un homme de chez nous qui a été proche de plein de monde. Nos grands-parents l'ont connu, ils l'ont aimé, ils l'ont prié. Nos parents aussi», a commenté avant le début de la cérémonie un prêtre de la région de Valleyfield, Jean Courville.
Le religieux, pense-t-il, aurait été «un peu surpris» de se voir honoré par des cérémonies et des portraits mais «il aurait accepté le verdict populaire».
«De dernier, il est devenu premier... C'est proche du message de l'Évangile», s'est félicité Denis Cardinal, un autre prêtre québécois.
Plusieurs des personnes présentes ne provenaient pas du Québec, témoignant du rayonnement à l'étranger du frère André.
«Quand j'étais petite, sa photo était partout dans les écoles de la congrégation religieuse que je fréquentais... On nous disait qu'il priait beaucoup Saint-Joseph. Et l'école où j'étais s'appelait Saint-Joseph», a souligné Martine Meussien, une religieuse belge de 65 ans.
«J'ai même trouvé, lors d'un voyage aux Pays-Bas, un livre qui traitait de sa vie et qui datait de 1945», a-t-elle ajouté.
Le frère Edward Dailey, un religieux d'origine américaine qui travaille à Rome au sein de la Congrégation de Sainte-Croix, a indiqué qu'il était très impressionné par la simplicité et l'humilité de l'ancien portier du collège Notre-Dame, un thème systématiquement évoqué par les pèlerins.
«Je me souviens qu'il racontait à la blague qu'on lui avait montré la porte à ses débuts et qu'il y était resté quarante ans», a-t-il déclaré. La canonisation de demain représente à ses yeux un «moment de grâce» pour l'Église catholique mais aussi pour la congrégation.
Le recteur de l'oratoire Saint-Joseph, Claude Grou, un peu nerveux à l'approche du début des cérémonies officielles, a confirmé que l'heure était «à la réjouissance et à la fierté».
«C'est notre premier saint», a-t-il souligné avant le début de la vigile.
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