L’identité est de retour dans le débat public et qui dit identité au Québec, dit langue et immigration. La Coalition Avenir Québec (CAQ) l’a bien compris puisqu’elle s’est positionnée récemment en tant que parti résolument nationaliste.
Or, au Québec, tous les partis, indépendamment de leurs orientations idéologiques, sont à des degrés divers et selon les époques, plus ou moins nationalistes, sauf pour le Parti libéral du Québec, sous le leadership actuel de Philippe Couillard qui a rompu avec les fibres sensibles des Québécois francophones.
La CAQ a avancé des idées qu’on peut approuver ou dénigrer, mais qui ont le mérite d’être claires. Prenez, par exemple, cette proposition qui consiste à instituer des cours obligatoires de français pour les nouveaux arrivants, comme antidote au rehaussement des flux migratoires.
S’il suffisait de parler français
Se basant sur des données de 2014 qui indiquaient que 41 % des immigrants ne connaissaient pas le français à leur arrivée au Québec, François Legault propose qu’«un immigrant qui choisit le Québec doive apprendre le français et nos valeurs. Ça doit être obligatoire.»
En effet, les coupes opérées par le gouvernement de l’austérité dans les budgets de francisation et qui privent près de 70 % des immigrants des cours de français sont lourdes de conséquences. Il faut donc restaurer le financement des programmes de francisation, particulièrement pour les immigrants qualifiés, sachant que le marché du travail est un levier essentiel pour une intégration réussie et durable.
La bonne nouvelle, c’est que 60 % des immigrants arrivent au Québec avec une connaissance préalable du français et dans bien des cas avec des compétences acquises dans leurs pays d’origine tout en français. Mais cet avantage comparatif ne leur donne pas nécessairement plus de chance d’intégrer le marché du travail.
La clé, c’est l’emploi
C’est ainsi que plusieurs immigrants francophones qui s’épuisent à chercher un emploi au Québec finissent par se résigner à apprendre l’anglais, à leurs frais, quand ils réalisent que de nombreuses entreprises, même parmi les plus petites, exigent l’anglais comme langue de travail.
Et puis, il y a la discrimination systémique qui prive les immigrants francophones, maghrébins en particulier, de mettre leurs compétences et leur savoir-faire au service de la société québécoise.
«Les statistiques suscitent la honte, dira Stéfane Marion, économiste en chef de la Banque Nationale. Un immigrant francophone a plus de chances de se trouver un emploi à Toronto qu’à Montréal! Le taux de chômage de ces immigrants de langue française atteint 27 % à Montréal, tandis qu’il se situe à 14 % dans la Ville Reine» (Les Affaires, 2 janvier 2015).
C’est exactement le constat que j’avais fait devant la Commission Bélanger Campeau sur l’avenir politique et constitutionnel du Québec, le 15 janvier 1991, en déclarant que les immigrants francophones vont s’intégrer au Québec lorsqu’ils travailleront en français avec les francophones. Vingt-cinq ans plus tard, nous sommes toujours à la case départ. Et le gouvernement n’est pas bien placé pour donner l’exemple.
Ainsi, le Québec perd, annuellement, de 20 à 25 % d’immigrants qu’il accueille, au profit des autres provinces. Au lieu de retenir ce capital humain précieux, le gouvernement du Québec finance le bilinguisme pour les provinces anglophones en leur refilant des immigrants formés et francisés, chez nous, aux frais des contribuables québécois.
Alors, rendre les cours de français obligatoires pour les nouveaux arrivants, c’est bien, mais travailler en français avec les francophones au Québec, c’est mieux!
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