Le doyen écorche les jeunes députés

Le député bloquiste Louis Plamondon déplore le manque de connaissances de la relève

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De 40 à 45 sièges pour le Bloc aux prochaines élections






Plusieurs jeunes députés fédéraux ne savent rien de l’histoire de leur pays et manquent de connaissan­ces, affirme le doyen du Parlement, Louis Plamondon.




Le député bloquiste, qui fêtera ses 31 ans de service comme député en septembre prochain, a dévoilé plusieurs pans insoupçonnés de la vie politique à Ottawa, lors d’un long entretien accordé au Journal.




En tant que doyen du Parlement, quel regard jetez-vous sur la génération montante de jeunes députés?




«Ils ont l’avantage d’être venus au monde avec un ordinateur dans les mains. Ils sont beaucoup plus portés vers l’international que nous ne l’étions. Mais au point de vue du contenu, ça manque. Ce qui me frappe le plus, c’est le manque de connaissances de notre histoire. Nécessairement, ça affecte leur travail. Dernièrement, je parlais avec deux jeunes députés du NPD d’un projet de loi qui serait de l’ingérence dans le domaine de l’éducation. Je dressais un historique de tout cela et ils me regardaient comme si je venais d’une autre planète!»




Vous comptez vous représenter aux prochaines élections. Est-ce que ce sera votre dernier mandat si vous êtes élu?




«Ce sera mon dernier mandat si un référendum est tenu. Sinon, je me battrai jusqu’à la fin. Si je meurs alors que je suis toujours député, j’aurai fait le plus beau métier du monde. Parce que ça l’est, malgré tout ce que le monde peut dire. Honnêtement, j’ai quasiment peur de quitter la politique. Je ne sais pas à quoi d’autre je pourrais être utile.»




À 71 ans, ralentissez-vous quelque peu vos activités comme député?




«Pas du tout. Je continue de travailler sept jours sur sept. Et j’en fais du chemin! Pour me rendre au village le plus éloigné de mon comté, je dois parcourir 175 km à partir de mon bureau. Je vais à Ottawa deux jours par semaine. Je suis un peu drogué de la politique. En 30 ans, j’ai pris 12 semaines de vacances. C’est tout. Mon contexte familial se prête à ça. Ma compagne demeure chez sa mère vieillissante. Elle ne peut pas partir en vacances, elle non plus.»




Quels changements avez-vous observés et déplorés depuis votre première élection en 1984?




«Il y a une concentration du pouvoir au bureau du chef des partis et un contrôle de l’information qui diminuent la capacité d’intervention des députés. La ligne du parti est toujours présente. Il n’y a plus de place pour la dissidence.»




Au fil du temps, comment ont évolué les relations entre les députés des différents partis?




«Quand je suis arrivé au Parlement, en 1984, on m’a fait part de l’existence d’une salle où les députés de tous les partis se rencontraient pour jouer aux cartes et boire du gin. Aujourd’hui, ça n’existe plus et ça ne pourrait plus exister. Les députés ne fraternisent plus. La méfiance est grande.»




Qui a été le meilleur chef du Bloc québécois, à votre avis?




«Gilles Duceppe a été le chef le plus complet. Lucien Bouchard, le plus charismatique. Nous n’étions que six à la création du parti. En raison de la proximité, j’ai pu apprendre à connaître et à apprécier Lucien, un homme brillant et visionnaire.»




Doutez-vous parfois de la survie du Bloc québécois?




«L’espérance m’est revenue avec la course à la chefferie du PQ et la possibilité de reprendre le pouvoir à Québec. Au Bloc, nous avons déjà trouvé une vingtaine de candidats pour la prochaine élection. On remonte dans les sondages. Il n’y a pas d’effet «Mulcair» ou «Trudeau». Le Bloc est capable d’aller chercher de 40 à 45 sièges aux prochaines élections. Il y a clairement un mouvement.»




Est-ce que l’actuel chef, Mario Beaulieu, est à vos yeux un chef aussi complet que l’a été Gilles Duceppe?




«Il s’est beaucoup amélioré. Je pense qu’il sera un très bon revendicateur. Les débuts de Gilles Duceppe ont aussi été difficiles. Mario Beaulieu est capable d’apprendre. Il est ambitieux et travaillant.»



 




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