Vraiment Justin Trudeau ne doute de rien. Selon TVA, il aurait recruté Jean Charest pour plaider la candidature du Canada comme membre du Conseil de Sécurité. D’autres personnalités devraient suivre. En 2016, ce genre d’initiative aurait eu des chances de succès. En 2019, il s’agit d’un geste risible.
Vous voyez les émissaires de Justin Trudeau frapper à la porte de Xi Jinping ? Bonjour M. Xi, voulez-vous appuyer la candidature du Canada au Conseil de Sécurité ? Ce serait bon pour votre image au Canada, étant donné l’affaire Huawei...
Devant Vladimir Poutine, l’effet serait encore plus comique. Bonjour M. Poutine, le gouvernement de Justin aimerait que vous appuyiez la candidature du Canada, même s’il envoie de l’aide massive à l’Ukraine et même s’il condamne dans les termes les plus fermes l’annexion de la Crimée par la Russie. Comment ? Vous dites que sa ministre des Affaires étrangères, persona non grata en Russie et de descendance ukrainienne, donne l’impression d’être la ministre des Affaires étrangères de l’Ukraine ? Mais elle parle russe, vous savez... Allez Vladimir, soyez gentil...
À Narendra Modi : nous savons que vous avez beaucoup apprécié les belles photos que Justin vous a envoyées à l’occasion de son voyage en Inde. Il ne faut pas croire qu’il soutient les intérêts de la minorité sikhe, même si des ministres de son cabinet sont sikhs et même si quelques malencontreuses invitations ont été envoyées à des Sikhs que vous estimez peu... Voulez-vous voter pour nous svp ?
À Angela Merkel : comment ne pas voter pour un pays dont le premier ministre brille par ses chaussettes ? La candidature du Canada est irrésistible, non ?
À l’Arabie saoudite : nous vous promettons que le représentant du Canada à l’ONU ne sera pas une femme et qu’il ne dira rien sur les épouvantables violations des droits de la personne en Arabie saoudite, contrairement à la ministre canadienne des Affaires étrangères.
Une majorité impossible à obtenir
Comment Justin Trudeau peut-il espérer remporter la majorité des suffrages au Conseil de sécurité quand la Chine, la Russie, l’Inde ou des puissances malfaisantes comme l’Arabie saoudite ne soutiennent pas la candidature du Canada ? Ces pays ne soutiennent pas le Canada et leurs alliés non plus, ce qui commence à faire beaucoup de monde. Surtout que pour être élu, il faut recueillir les 2/3 des voix des pays membres de l'Assemblée générale de l'ONU (193 États au total).
Justin Trudeau est-il sérieux ? Pourquoi gaspille-t-il des ressources dans un combat qui est perdu d’avance ? Il faudrait un miracle pour que le Canada siège au Conseil de sécurité à partir de 2020.
Pourquoi un tel siège est important
Ceux qui estiment que de toutes manières l’ONU constitue une perte de temps se trompent. L’organisation, avec tous ces défauts, régule tant bien que mal une multitude d’organisations internationales dans tous les domaines, de la santé aux finances, en passant par le travail, l’aviation ou l’environnement. Il vaut mieux en effet siéger au Conseil de sécurité que pas du tout. Un tel siège augmenterait l’influence du Canada dans bien des domaines qui le touchent de près.
Justin Trudeau fait penser à un cancre qui a mal travaillé et qui, lorsque la fin de l’année scolaire arrive, voudrait que le professeur lui donne une bonne note, parce que subitement, il a décidé d’étudier avec sérieux.
Une sinécure
Jean Charest ne se fera pas payer pour sa mission. Mais ses dépenses de voyage et ses frais de représentation seront sans aucun doute remboursés. Une sinécure étant donné que personne ne s’attend à des résultats positifs de toutes ces démarches, sauf peut-être Justin Trudeau.
Il est vrai qu’en politique, rien n’est jamais impossible. Mais l’élection du Canada au Conseil de sécurité paraît aujourd’hui hautement improbable.