L'idée d'organiser un débat des chefs en anglais suscite une véritable levée de boucliers dans les milieux patriotes. C'est ainsi que le président du Mouvement Québec français (MQF), Maxime Laporte, s'est fendu d'un communiqué où il exprime sa vive réprobation face à une initiative qui pourrait constituer un dangereux précédent.
Créer un dangereux précédent
M. Laporte explique, dans un communiqué diffusé mercredi, que « créer un tel précédent, c'est irresponsable. Si les chefs vont de l'avant, il ne se passera plus une seule campagne électorale à l'avenir sans qu'on ne presse les groupes médiatiques et les partis politiques de tenir pareil débat national en anglais, jusqu'à en faire une coutume, comme au fédéral. Et au diable l'esprit de la loi 101 ! »
En effet, plusieurs craignent que l'instauration d'une telle tradition ait pour effet d'ajouter une forme d'« accommodement raisonnable » à l'interminable liste des doléances présentées par autant de communautés qui refusent de s'intégrer à la culture dominante d'un Québec qui occupe toujours une posture minoritaire dans le grand ensemble nord-américain.
Philippe Couillard s'en était réjoui
C'est en mai dernier que cette initiative a été annoncée et le chef Philippe Couillard s'en était réjoui, rappelant aux médias que son propre gouvernement avait mis sur pied, en novembre 2017, un Secrétariat aux relations avec les Québécois d'expression anglaise.
Le citoyen Pierre Lincourt, dans une lettre publiée au Devoir le 24 mai dernier, s'interrogeait à propos des véritables intérêts derrière cette initiative. « Pour le Québec, je me demande qui souhaite un débat en anglais. Certains commentateurs ont parlé d'un débat en anglais pour les immigrants. Si tel est le cas, quel est le message que l'on veut leur donner ? », avait-il plaidé.
Intentions clientélistes
Les opposants à cette initiative n'ont pas pris de temps à conclure que cet exercice aurait peut-être été motivé par des intentions clientélistes. Maxime Laporte souligne sans ambages qu' « en voulant faire plaisir aux anglophones, on nuit directement à la francisation des allophones, objectif qui commande tout d'abord l'affirmation sans ambiguïté du français comme seule langue commune de notre démocratie et de nos institutions ».