«On ne peut pas rester inactif et penser que le statu quo est une option lorsque tout se consolide autour de vous», a déclaré le président de la Bourse de Montréal, lundi, en conférence de presse. Combien faudra-t-il de temps avant que Luc Bertrand resserve cette phrase au sujet du futur Groupe TMX, dont il sera le chef adjoint de la direction? Il faut se poser la question dès aujourd'hui, car ce nouveau parquet canadien a de bonnes chances d'être emporté à son tour par le vent de consolidation qui souffle sur le secteur.
Pour l'heure, Montréal garde l'exclusivité des produits dérivés et 25% des membres du futur conseil d'administration habiteront au Québec, affirment les dirigeants des deux Bourses. De toute évidence, les préoccupations québécoises ont été entendues. Toutefois, il faudra attendre de voir ces promesses par écrit pour connaître leur portée exacte. Il n'est donc pas étonnant que la ministre des Finances et l'Autorité des marchés financiers attendent que les mariés passent chez le notaire pour se prononcer.
Ce ne sont pas seulement des garanties immédiates qu'il faudra rechercher, mais des assurances face aux transactions futures. À quoi bon empêcher Toronto de prendre le contrôle des produits dérivés si c'est pour le laisser filer à Chicago ou à Abou Dhabi dans quelques années?
La nouvelle entité relèvera à la fois de notre Autorité des marchés financiers (AMF) et de la Commission des valeurs mobilières de l'Ontario (CVMO). Il sera important de vérifier comment cela s'articulera concrètement. Si le futur Groupe TMX devenait lui-même la cible d'une acquisition, l'AMF disposerait-elle d'un droit de véto?
La question n'a rien de théorique. La consolidation des places boursières se poursuit et, même en regroupant ses forces avec Montréal, Toronto a plus l'air d'une promise que d'un prétendant. Il est donc très possible que la nouvelle Bourse canadienne fasse à son tour l'objet d'une offre d'achat au cours des prochaines années. Imaginons un instant que la transaction plaise au conseil d'administration du Groupe, à la CVMO et même au ministre fédéral des Finances, mais désavantage Montréal. L'AMF aura-t-elle la marge de manoeuvre nécessaire pour s'interposer? Il faut s'en assurer pendant qu'il en est encore temps.
En attendant, une question reste en suspens. La Bourse de Montréal a-t-elle tout fait pour obtenir le meilleur prix possible? La direction est demeurée évasive sur le sujet. Il y a eu des discussions avec d'autres Bourses, mais pas de mise aux enchères. On nous promet plus de détails dans la circulaire d'information aux actionnaires, prévue pour la mi-janvier.
Nous nous sommes souvent montrés favorables, dans ces pages, à la création d'acteurs canadiens d'envergure. La transaction entre les Bourses de Toronto et de Montréal va dans ce sens. Mais il est toujours préférable que cela ne se fasse pas au détriment des actionnaires. Surtout quand l'un des plus importants, la Caisse de dépôt, est le dépositaire du bas de laine des Québécois...
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