En 2017, 878 actes de vandalisme ont été commis contre des lieux de culte chrétiens. Les attaques d’églises, les destructions de statues, les vols d’œuvres d’art ne cessent de croître, dans une grande indifférence des autorités politiques et de la population civile. En ressort une perte du sens du sacré et une indifférence de plus en plus grande à l’égard du christianisme.
Je ne prends pas les théories du complot au sérieux. Mais lorsque les flammes ont englouti la cathédrale Notre-Dame de Paris le soir du 15 avril 2019, mon esprit s’est momentanément engagé dans cette voie. Après tout, les tentatives d’incendie, de vandalisme, de vol d’églises et de sanctuaires chrétiens sont devenues monnaie courante en France au cours de ces trois dernières années. Arriver à une conclusion plus sinistre pourrait nous être pardonné.
Rien qu’en 2017, selon le ministère français de l’Intérieur, 878 actes de vandalisme ont été commis envers des lieux de culte, des cimetières et des sanctuaires chrétiens. C’est une moyenne de près de deux sites et demi qui sont visés chaque jour.
Les responsables gouvernementaux minimisent le problème. Comme me l’a dit un évêque français, ils pensent qu’en attirant l’attention sur les incendies et les vols d’églises, on encourage les imitateurs. Mais, a-t-il ajouté, ils craignent aussi que la « publicité » ne fasse qu’alimenter au sein des populations la peur d’un État qui n’a aucun contrôle sur la loi et l’ordre. Cette perception se manifeste par des cas de figure comme les zones interdites à la police dans certaines villes françaises et les actes continus de gilets jaunes. La plupart des journaux français ne cherchent pas à briser le silence. Il faut donc se tourner vers des organisations comme l’Observatoire sur l’intolérance et la discrimination contre les chrétiens en Europe, localisé à Vienne, pour découvrir ce qui se passe.
Relire notre ancien numéro: Causeur: Explosion des actes antichrétiens
Compte tenu de la montée du terrorisme djihadiste dans toute la France à partir de 2012, il est tentant d’accuser les islamistes de cet assaut d’attentats. Il y a des exemples clairs où, en effet, c’est le cas. En mai dernier, « Allahu Akbar » était griffonné sur la porte de Notre-Dame du Taur à Toulouse. En juillet 2018, les mêmes mots ont été découverts sur les murs brûlés de Saint-Pierre du Martroi à Orléans après l’acte de pyromanes.
On ignore si ces attaques ont été planifiées par des professionnels ou s’il s’agit simplement d’actes spontanés commis par des musulmans français malheureux de leur situation sociale mais les djihadistes du XXIe siècle comprennent l’impact psychologique des agressions contre les symboles nationaux. L’histoire religieuse, si particulière à la France, signifie que toute campagne de ce genre impliquerait inévitablement son patrimoine chrétien.
Le djihadisme n’est pas le seul fléau
Dans d’autres cas, les agressions ont d’autres causes, moins faciles à catégoriser. Prenez l’incendie de Saint-Sulpice, la deuxième plus grande église de Paris, le 17 mars 2019, qui a endommagé ses portes, un bas-relief, un vitrail et un escalier. La police n’a pas hésité à qualifier l’incendie « d’incendie criminel ». Un prêtre de l’église a depuis dit que l’incendie avait été déclenché par un sans-abri. Si cela est exact, il est peu probable qu’il cherchait à faire valoir un point de vue anti-chrétien, et encore moins à envoyer un message politique, étant donné les taux élevés de toxicomanie et de maladie mentale qui affligent les sans-abris dans les sociétés occidentales.
Une autre motivation peut-être le vol. En 2018, 129 églises ont été cambriolées en France. Il n’est pas difficile d’entrer dans les églises françaises, surtout dans les zones urbaines. Le clergé catholique essaie de faire en sorte que ses églises soient accessibles et à la disponibilité des gens afin qu’ils puissent prier ou simplement prendre un moment de contemplation en présence de beaux-arts et d’une belle architecture.
Malheureusement, cela rend les églises vulnérables. Ceux qui veulent voler des artefacts de valeur trouvent la porte grande ouverte. En 2018, une bande de voleurs roumains s’est montrée très habile pour subtiliser des peintures et des objets contenant des métaux précieux dans une église française. L’absence de caméras de sécurité dans toutes les églises de France…