Le chat est sorti du sac

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L'aversion des élites pour la démocratie






Au cours des derniers jours, Joseph Facal, Mathieu Bock-Côté et moi avons défendu sensiblement le même point de vue à propos du discours entourant la sortie de l’Angleterre de l’Union européenne.




Nous avons tous senti que ce discours cachait en fait un mépris profond (pour ne pas dire une haine certaine) de l’élite envers le peuple.




«En votant clairement pour la sortie de l’Union européenne, les électeurs auraient confirmé leur incompétence politique, a écrit Mathieu. Ils ont droit en ce moment à toute la condescendance possible des grands médias et des élites économiques...»




«La voix du peuple ne doit servir qu’à consentir, a écrit Joseph. Dans le cas contraire, elle ne compte pas...»




Bref, le peuple a du jugement quand il vote comme l’élite. Sinon, le peuple est con comme la pluie et on devrait s’en méfier.




UNE LÉGENDE URBAINE




Eh bien, il semble que notre analyse soit juste.




Car cette semaine, le chat est sorti du sac.




Lors d’un entretien accordé à la radio française, Daniel Cohn-Bendit, ex-leader étudiant de mai 68, militant écolo et ancien député européen, a dit ceci...




«Il faut arrêter de dire que le peuple a toujours raison. Quand un peuple vote pour l’extrême droite, quand un peuple vote pour le nazisme, il n’a pas raison, même si c’est le peuple.




«Les Anglais savent qu’ils se sont trompés. Le peuple anglais a voté à 51 % ou 52 % pour le Brexit. Or, maintenant, 10 à 20 % des “brexitiens” le regrettent...»




Avant d’aller plus loin dans l’analyse, une rectification historique s’impose... Contrairement à ce qu’affirme Cohn-Bendit, Hitler n'a pas été élu démocratiquement par les Allemands. C'est un mythe, une légende.




La réalité est toute autre: lors des élections de 1932, le chef nazi n’a remporté que le tiers des suffrages. Ce n’est pas le peuple qui a élu Hitler chancelier de l’Allemagne en 1933, c’est Paul von Hindenburg, le président du pays, qui l’a nommé.




Qu’un homme qui a siégé au Parlement européen pendant 20 ans perpétue cette légende urbaine d’un Hitler élu démocratiquement est décevant...




PAS DE CONSULTATION POPULAIRE !




Passons à l’analyse, maintenant.




Quand le peuple français appuyait Cohn-Bendit (dit Dany-le-rouge) en 1968, le «bon» peuple était brillant, génial, informé.




Mais lorsque le peuple ne vote pas comme l’ex-parlementaire européen voudrait qu’il vote, il est égaré et doit être remis dans le droit chemin par une élite bienveillante, c’est ça?




Non, mais quel mépris...




Dans l’entrevue radiophonique qu’il a accordée à France Inter, Cohn-Bendit a déclaré que le gouvernement français ne devrait pas tenir un référendum sur le sort de la France au sein de l’Union européenne, car le peuple français risquerait de voter Non.




Euh... Quelle conception antidémocratique de la démocratie!




Le gouvernement ne devrait consulter le peuple que lorsqu’il est sûr que le peuple votera du «bon» bord! Sinon, on ne devrait pas lui demander son avis!




Ben coudonc...




Faudrait savoir: le peuple est-il apte à juger ce qui est bon pour lui ou non? Peut-il choisir lui-même son avenir ou pas?




Et qui sera apte à juger du bon jugement du peuple?



 




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