Le chantier des Québécois

L’idée de construire un nouveau Pays est encore bien vivante au Québec

Tribune libre - 2007

Par Robert Côté
Au lendemain du 26 mars, il y a eu plusieurs interprétations des résultats
de l’élection provinciale. Certaines semblent dépasser un peu la réalité.
Qu’il y ait eu un vote marqué contre le PLQ étant donné certaines décisions
du Gouvernement au pouvoir, je suis d’accord. Qu’on ait manifesté un
intérêt marqué pour des promesses de l’ADQ, cela est sans contredit. Qu’on
ait manifesté un intérêt mitigé pour ce que le PQ a répété, ça me paraît
plausible.
Par contre, qu’on dise qu’on a spécifiquement voté pour le fédéralisme et
contre l’indépendance, et pour l’autonomisme, je trouve cette interprétation
un peu hasardeuse. Voter est fournir une réponse ‘binaire’ à une question
multifactorielle. Je continue à penser, en particulier, comme plusieurs,
que l’idée de construire un nouveau Pays est encore bien vivante au Québec.
Je suis donc d’accord pour relancer le chantier d’obtenir l’indépendance
du Québec et de construire le Pays du Québec. J’appuie donc ceux, ils sont
nombreux, qui sont prêts à répondre au pourquoi et au comment d’un tel
chantier. Répondre au pourquoi par un argumentaire bien présenté, bien
structuré et cohérent et répondre au comment par un plan d’action réaliste,
clair et complet.
Avant de continuer d’élaborer sur les deux volets de ce chantier,
j’aimerais rappeler quelques principes qui devraient imprégner tout ce
travail de réflexion et de réalisation.
Le premier principe est celui que
l’obtention de l’indépendance du Québec et la construction d’un Pays
appartiennent de droit et de façon unique aux Québécois. Les Québécois
sont les seuls décideurs du pourquoi et du comment de ce chantier.
Comme
deuxième principe, je dirais que dans l’isoloir, chaque Québécois devra
avoir la meilleure connaissance possible des implications du oui et du non
à la question du type: « Acceptez-vous que le Québec devienne un pays
souverain et indépendant ? Oui ou Non.» (Louis Bernard)
Comme troisième
principe, qui pourrait se déduire des 2 premiers, les Québécois devraient,
dans la mesure du possible, participer à toutes les étapes que comporteront
la construction de cet argumentaire et la réalisation du plan de ce grand
chantier.
Enfin comme quatrième principe, je rappellerais qu’une société
n’est pas simplement la juxtaposition d’individus et que le bien des
individus passe parfois par le bien commun.
***
L’argumentaire en faveur de l’indépendance du Québec et la réalisation
d’un pays est un préalable à toute action. Cet argumentaire doit comporter,
en particulier, un aspect historique, un aspect culturel et un aspect
économique. Il doit être associé à nos engagements et nos espoirs de tous
les jours : on ne peut quand même pas passer sous silence que la dette du
Québec est au-delà de 40% du PIB du Québec, que le taux de décrochage
scolaire est très élevé, etc.. Ces divers aspects doivent être développés
avec beaucoup de soin ; un argument ne devient convainquant que par son
réalisme, sa clarté et son accessibilité à tous.
L’argumentaire dont il est question est plus qu’une plate-forme
électorale et même plus qu’un programme électoral. Cet argumentaire est
pour la construction d’un pays : il doit montrer une incidence pour une
période plus longue que 4 ans. A celui qui me dira que cet argumentaire
existe et est connu, je lui répondrai NON. S’il existe, il existe dans la
tête de très peu de Québécois.
Il est simplement obligatoire de déposer un plan pour réaliser ce
chantier. Un plan apporte à tous les intéressés une sécurité dont le besoin
est bien connu en de telles circonstances. Puisque les décideurs sont les
Québécois, ces derniers doivent, dans la mesure du possible, être au
courant et en accord avec cette planification. Sans élaborer aujourd’hui
sur ce plan, il devrait, notamment, comprendre la façon dont le Québécois
accorderont son assentiment à la construction de ce pays, les objets de
négociation entre les deux gouvernements concernés, les premières décisions
que le gouvernement du nouveau pays devra prendre, etc..
N’est-ce pas que
nous aimerions savoir dans quel pays nous aboutirions les jours qui
suivront le jour Q et à quels changements (bons et moins bons) nous
devrions nous attendre?
Pour réaliser ces deux volets du chantier, il faut du temps. Il n’est pas
question de «raboudiner» ni un ni l’autre de ces deux volets. Il faut donc
commencer immédiatement.
Robert Côté
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/spip/) --


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé