La poussée du Oui à l’indépendance de l’Écosse — longtemps distancé par le non — dans deux récents sondages est de nature à «électriser» la campagne, à un peu plus de deux semaines du référendum d’autodétermination, estimaient mardi les experts.
L’institut Survation avait envoyé un premier signal vendredi en suggérant que 47 % des électeurs écossais voteraient désormais pour le oui et plus que 53 % en faveur du non.
À la lecture du résultat, les commentateurs ont préféré rester prudents. Parce qu’il s’agissait d’un virage spectaculaire par rapport à la moyenne des sondages qui accordaient jusque-là une avance d’environ douze points aux partisans du non. Mais aussi à cause de la tendance jugée optimiste de l’institut Survation en faveur du Oui.
La publication d’une étude YouGov arrivant exactement à la même conclusion, mardi, date limite en Écosse pour s’inscrire sur les listes électorales, a définitivement revigoré les séparatistes. Non seulement valide-t-elle la tendance du premier sondage. Mais en plus YouGov est «l’un de ceux qui ont toujours avantagé le non», insiste Gerry Hassan, chercheur en politique. Un sondage du même institut à la mi-août avait de fait donné une avance de 14 points, soit plus du double, aux partisans de l’union.
«C’est à la fois une surprise et, pour le camp du Non, au moins un choc», estime John Curtice, professeur en sciences politiques à l’Université de Strathclyde.
«Il ne faut, bien sûr, pas tirer de conclusions excessives d’un sondage et on attend toujours le premier sondage qui placerait le Oui en tête. Mais il semble y avoir peu de doute sur le fait que ce sondage va électriser la campagne», ajoute l’universitaire sur son blog qui propose une synthèse de tous les sondages.
En prenant en compte les dernières études, la moyenne proposée par John Curtice accorde désormais 45 % au oui et 55 % au non. Les unionistes gardent donc l’avantage. Mais la dynamique semble clairement pencher du côté des indépendantistes depuis la nette victoire de leur champion, le premier ministre écossais, Alex Salmond, sur Alistair Darling lors de leur ultime débat télévisé le 25 août.
«Elle a offert au camp du oui un nouvel élan», note Magnus Linklater dans son analyse pour le Times. Le chroniqueur politique fait remarquer que le Parti national écossais, locomotive du oui, est toujours bon lorsqu’il s’agit de faire campagne, alors que «Better Together» délivre un «message usé» et trop «négatif».
John Curtice voit, lui, quatre raisons au frémissement du oui: une percée chez les classes défavorisées. Des arguments qui portent sur l’économie. Une meilleure réponse aux incertitudes concernant la monnaie. Et une capacité à convaincre sur la menace qui pèserait sur le système de santé publique dans une Grande-Bretagne unie.
Magnus Linklater insiste également sur un aspect «souvent négligé par les commentateurs»: l’enthousiasme. «L’atmosphère, dit-il, est électrique à travers l’Écosse. Des jeunes de 16 ou 17 ans, dotés du droit de vote, aux retraités, qui prennent conscience qu’ils vont faire le choix politique de leur vie, le débat sur l’indépendance est devenu incandescent. Le camp du oui a capitalisé sur cet état d’esprit pour réduire son retard dans des proportions inédites.»
De là à renverser complètement la table et faire voler en éclats le Royaume-Uni le 18 septembre, il reste cependant un pas que Gerry Hassan se refuse de franchir. «Il faudrait une participation record et que le camp du non continue à marquer des buts contre son camp», estime l’analyste qui n’accorde que 10 % de chances au Oui. Mais un score serré permettrait aux indépendantistes «de prendre date pour organiser un nouveau référendum dans les dix ans et l’emporter cette fois».
ÉCOSSE
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