Le Bloc québécois estime tout à fait normal que des présidents de circonscription aient donné leur appui à Martine Ouellet sans consulter au préalable les membres de leur exécutif. Autrement, explique-t-on, on sombrerait dans « l’immobilisme continuel ». Pendant ce temps, la liste des signatures n’engageant que le président s’allonge, tandis qu’une 14e circonscription désavoue la chef en demandant de devancer le vote de confiance.
Dans la foulée du départ fracassant de sept députés pour cause de désaccord avec Martine Ouellet, les instances du Bloc québécois avaient diffusé la semaine dernière une lettre d’appui à la chef signée par 30 présidents de circonscription. Or il appert qu’au moins sept d’entre eux ne parlaient qu’en leur nom personnel. Le député Xavier Barsalou-Duval, un fidèle allié de Mme Ouellet, ne voit pas de raison de s’offusquer.
« Ils ont parfaitement la légitimité de prendre position s’ils désirent le faire », indique-t-il en entrevue avec Le Devoir. Il estime que, puisque les présidents sont élus par les militants de leur circonscription, ils ont le droit d’agir sans toujours au préalable consulter leur exécutif. « Si on attendait toujours d’avoir des consensus en politique, on n’avancerait pas. Il y a des occasions où les consultations sont nécessaires, mais il y a des fois où on a besoin d’agir. Je ne pense pas qu’il soit absolument nécessaire de toujours faire une consultation avant de faire un mouvement, sinon ce serait l’immobilisme continuel. »
La démission, une solution ?
Le Devoir a révélé jeudi que trois des présidents ayant signé la lettre d’appui à Mme Ouellet n’avaient pas obtenu le feu vert de leur exécutif pour le faire. Quatre autres cas s’ajoutent aujourd’hui. Dans Lévis-Lotbinière, un des membres de l’exécutif, Pierre Lafontaine, était tellement opposé à cette signature qu’il a démissionné de son poste.
M. Lafontaine relate qu’un autre membre de l’exécutif s’opposait à Martine Ouellet, tandis qu’un troisième désirait rester neutre. Les deux membres restants appuient la chef. Il rejette l’argument de M. Barsalou-Duval que la consultation n’était pas nécessaire. « C’est une façon de voir de Martine avec laquelle je ne suis pas d’accord non plus. » Selon M. Lafontaine, Mme Ouellet doit partir. « Je ne vois pas vraiment d’autre solution que son départ. »
Dans Longueuil–Charles-LeMoyne, la trésorière Valérie Audrain-Poirier indique qu’elle ne savait pas que le président de l’association avait signé cette lettre. « Ça doit être en son nom personnel parce que je n’étais pas au courant. » Elle-même se dit « ambivalente » par rapport à Mme Ouellet.
Dans Laurier–Sainte-Marie, le président se limite à dire qu’il avait un « appui majoritaire » de son exécutif. Pourtant, deux membres ont indiqué au Devoir que le président parlait en son nom personnel, car il y avait des divisions au sein de l’exécutif. Dans Saint-Laurent, un membre confirme que l’exécutif n’a pas été consulté avant la prise de position du président en faveur de la chef.
Discrédit
Dans un cinquième cas, à Gatineau, le président admet que, depuis sa signature — qui reflétait alors la volonté unanime des six membres de l’exécutif —, les avis peuvent avoir changé. « Cela n’est pas coulé dans le béton », indique Gaston Carmichael. Il estime que Mme Ouellet a été tellement discréditée par les médias qu’il faudra en prendre compte. « Dans un futur Conseil général, si on est appelés à se prononcer sur un vote de confiance, ça branle en effet. Nous verrons rendus là. Ce qui est clair, c’est que l’on votera pour ce qui est le mieux pour le parti. »
Au total, 30 personnes avaient signé la lettre. Depuis, une a demandé d’en être retirée. Le Devoir a pu confirmer dans 14 cas que la signature engageait tout l’exécutif.
Par ailleurs, la circonscription de Dorval-Lachine-LaSalle a voté mardi une résolution demandant la tenue rapidement d’un vote de confiance auprès de tous les membres du Bloc québécois, pas seulement auprès des délégués.