Le chef du Bloc québécois est d’attaque; méthodiquement, avec fougue, Yves-François Blanchet prépare la renaissance de son parti...
Lundi dernier, à Saint-Hyacinthe, avait lieu l’investiture de mon ex-collègue Simon-Pierre Savard-Tremblay comme candidat du Bloc québécois dans ce comté.
Ô qu’il était attendu le chef du Bloc au restaurant Lussier de Saint-Hyacinthe lundi soir. Au micro, le maître de cérémonie de la soirée d’investiture de l’économiste Simon-Pierre Savard-Tremblay (SPST OK? Pas vrai qu’on va écrire ça tout du long chaque fois quand même!) dans ce comté, annonce que ça ne devrait plus tarder...
«Il arrive dans 10 minutes!»
Entrée triomphale, c’est la norme, Blanchet est sur ses terres, lui qui a représenté une partie de ce comté fédéral sur la scène provinciale. Il est parmi les siens aussi. La salle de réception est pleine à craquer, des jeunes, des gens plus âgés, je reconnais quelques membres de Québec solidaire aussi.
Ça me réjouit. Après tout, SPST c’est un digne représentant de la gauche progressiste.
Quiconque a jeté un coup d’œil à ses livres, à ses chroniques, ne pourra contester le fait que cet homme campe, résolument, à gauche.
SPST, un «naturel» pour le Bloc
Quand j’ai demandé à SPST pourquoi il avait tout plaqué là, ses chroniques au Journal, ses engagements un peu partout, lui, chroniqueur apprécié et populaire (notamment à La vie agricole, ce qui le servira bien dans le comté où il se présente), sa réponse a d’abord tenue en quatre mots:
«Car je suis indépendantiste.»
C’est l’évidence. Il n’est pas le seul indépendantiste à compter sur le Bloc comme seule avenue pour se faire représenter à Ottawa. Sans le Bloc, appuyer qui? On doit tout de même rappeler que l’engagement militant de cet économiste au sein du Bloc québécois, lui qui fut président de la Commission jeunesse de ce parti jadis.
Toutefois, le 30 à 40% d’indépendantistes au Québec – encore plus si on ajoute les «nationalistes» plus mous envers l’indépendance – ne vote pas tout naturellement pour le Bloc. Ce fut peut-être le cas à la belle époque où ce parti a réussi, paradoxalement, à devenir l’opposition officielle à Ottawa.
Mais plus maintenant.
D’ailleurs, croisé à cette soirée d’investiture, Jacques Beauséjour, l’ancien député du Parti québécois sous René Lévesque, fut l’un des orateurs. Il a rappelé qu’il avait appuyé le Parti conservateur en 2015, mais que l’aplomb du nouveau chef du Bloc et la solide candidature de SPST dans Saint-Hyacinthe-Acton l’avaient convaincu de revenir au Bloc québécois.
Les conservateurs risquent bien d’être les adversaires principaux du Bloc dans cette circonscription. Savard-Tremblay ne le nie pas, y ajoutant les libéraux dans ce qui pourrait bien être une course à trois. Mais il insiste:
«Nous sommes le seul parti qui parle exclusivement pour le Québec. Et ce n’est pas comme si les conservateurs n’avaient pas été au pouvoir. Ils l’ont été, et de façon majoritaire. Pourtant, ce parti, complètement assimilé par la gang du Reform dans l’ouest, on l’a vu, travaille pour le Canada, pour les pétrolières.»
«Et ce n’est pas qu’au Canada, les gens sont méchants! Mais c’est que leur intérêt est dans le pétrole, le nôtre ne l’est pas! On est assis sur une mine d’or, l’or bleu, qui fait que sur tous les plans, on cherche l’électrification des transports, on pourrait être des meneurs en la matière, mais les gouvernements, que ce soit des conservateurs ou des libéraux, vont travailler, toujours, d’abord et avant tout, pour les intérêts du Canada. C’est pour ça que moi, ça ne sera pas le Québec d’abord! Mais plutôt le Québec tout le temps!»
Un chef en grande forme...
Je ne l’avais jamais vu présenter un discours à titre de chef.
D’abord, j’ai particulièrement apprécié le fait que le chef annonce, avec aplomb et fierté, que sous sa gouverne, le Bloc ferait place aux gens qui ont de fortes personnalités, des gens d’idées qu’il «refusera d’enchaîner à une ligne de parti».
«La ligne de parti, ça n’existe pas!» dira Yves-François Blanchet, en insistant pour que Simon-Pierre Savard-Tremblay continue à défendre les convictions qui ont fait de lui un indépendantiste de gauche qui n’hésite pas à s’attaquer à la haute finance et aux possédants, notamment à ce fléau qu’est l’évasion fiscale.
Comment ne pas être enthousiaste à l’idée que SPST puisse être élu député et avoir le privilège de brasser la cage des libéraux et conservateurs à Ottawa?
Mais surtout, refusant les conventions, Yves-François Blanchet n’a pas manqué de rappeler les raisons qui ont mené le parti qu’il dirige là où il est actuellement. Cette phrase, cliniquement pertinente, notamment:
«Ne pas provoquer nous a menés là où nous sommes allés.»
Le chef du Bloc n’entend pas jouer la trappe, que non! Pas question de se perdre dans les débats terminologiques et les écueils de clans qui se sont fait bataille au sein de ce parti dans le passé.
Avec Blanchet à sa tête, le Bloc québécois s’affichera indépendantiste, sans gène ni complexe. Ce qui n’a rien d’incompatible avec le fait de défendre les intérêts du Québec.
Comme me l’a mentionné SPST: «moi ce n’est pas le Québec d’abord... c’est le Québec tout le temps!»
Il se passe quelque chose au Bloc québécois. Gare à ceux qui pensent que ce parti vivote, qu’il ne peut aspirer qu’à quelques performances modestes. Sourire en coin, le chef a bien insisté sur le fait qu’il ne pouvait tout dire, mais que son parti réussirait à rassembler des voix fortes, des jeunes aussi, pour mener la prochaine campagne.
Un chef qui, de toute évidence, a bien hâte d’en découdre avec ses adversaires...
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Chapeau, en passant, pour la présence à cette investiture de ce «band» que je ne connaissais pas, La grande noirceur et sa chanson, Simon-Pierre Savard-Tremblay. La meilleure chanson d’investiture EVER!
Pour l'écouter, cliquez ici.