Le bitcoin réussit son entrée en Bourse

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Les cryptomonnaies s'imposent dans le monde financier

Le bitcoin a fait des débuts remarqués à la Bourse de Chicago. À sa première séance, il s’échangeait à 18 530 $US à 16 h, heure de Chicago, avec 2425 contrats échangés dans les premières heures, après avoir touché un sommet de 18 850 $US et un creux de 17 610 $US. Il a terminé la séance à 18 545 $US, sous un volume de moins de 4000 contrats négociés. Le contrat de janvier de la monnaie virtuelle lancé dimanche par la Bourse d’options de Chicago surpassait ainsi son cours de référence sur le marché au comptant très hermétique, qui se chiffrait à 16 500 $US à 16 h.



L’intérêt a été soutenu et la volatilité plutôt forte, le parquet ayant eu à interrompre la négociation à deux reprises.



Une séance n’étant pas un cycle ou une tendance, le scepticisme persistait tout de même quant à la pertinence d’accorder ainsi de la légitimité à une cryptomonnaie sans fondement réel. Une agence internationale vouée à la protection des investisseurs a même observé des petits investisseurs hypothéquer leur maison pour acheter des Bitcoins. Les avertissements de l’éclatement d’une bulle sur une « monnaie » dont le cours a été multiplié par 16,5 depuis le début de l’année ne dérougissaient pas. Charles K. Langford, spécialiste des options et marché à terme et président d’une société offrant des services de gestion de fortunes privées, résume la situation ainsi : « Pour moi, bitcoin rappelle le “Mississippi Scheme” du roi de France Louis XIV. »



Le spécialiste fait référence à la « bulle du Mississippi », née de l’idée lancée en 1715 de créer une monnaie de papier détachée de l’étalon or pour financer le développement du commerce en Louisiane avec, pour but ultime, l’effacement de la lourde dette de la France accumulée sous le règne de Louis XIV. Quelques années de spéculation et d’hyperinflation plus tard, la panique s’installe alimentant une ruée vers la sortie avec des « investisseurs » multipliant les demandes d’échange de leurs billets de banque en espèces, que les autorités ne pouvaient honorer.



Mais Charles K. Langford ne s’étonne pas de voir une Bourse créer un contrat sur une devise sans fondement réel, ne disposant pas d’un marché au comptant efficient. « Ce n’est pas le seul cas. Les obligations américaines, comme les canadiennes, se négocient dans le marché à terme sur la base d’un notionnel et non pas sur une véritable obligation existante. Je pense que le principe est similaire pour le bitcoin », dit-il. Pour ajouter en dérision : « Une chose est certaine pour le moment. Le fisc n’accepte pas cette prétendue monnaie comme paiement des impôts. Et aucun pays a adopté cette prétendue devise. »



CBOE s’explique



Le patron de la Bourse spécialisée de Chicago (CBOE), Ed Tilly, a eu à s’expliquer. Le bitcoin est-il « une escroquerie ? Est-ce une bulle ? Est-ce légitime ? Notre opinion est que vous pouvez exprimer vos idées sur un marché transparent. C’est ce que nous proposons », a-t-il déclaré dans un entretien à l’Agence France-Presse. Il rappelle que ces contrats ne permettent de spéculer que sur les aléas de la monnaie virtuelle, et ce, tant à la hausse qu’à la baisse.



De nombreuses grandes banques telles que JPMorgan Chase, Barclays, Morgan Stanley, Société Générale, Citigroup, Bank of America Merrill Lynch ont ainsi refusé de jouer dimanche les intermédiaires entre les investisseurs intéressés.



Ces établissements, qui s’interrogent sur la fixation des prix du bitcoin et sa manipulation possible, craignent de devoir partager des pertes potentielles avec des clients en raison de la forte volatilité du bitcoin, qui s’est encore vue au début des échanges sur le Cboe.



Conscient que le succès du marché officiel du bitcoin repose en partie sur la volonté des grandes banques d’y prendre part et d’en assurer la compensation, Ed Tilly a demandé du « temps » à celles-ci pour répondre à leurs craintes. « Faites-nous confiance. Ayez foi en nous. Vous allez voir le marché grandir dans les jours, semaines et mois à venir. Je pense qu’avec le temps elles [les banques] se sentiront plus en confiance pour permettre à leurs clients d’investir dans le bitcoin. »


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