(Québec) Peut-on avoir une discussion de deux heures et demie sur l'immigration sans tomber dans les vieux clichés xénophobes et les chicanes sur les accommodements raisonnables? C'est arrivé samedi, dans un atelier au Conseil national du Parti québécois à Montréal. Il n'y a eu qu'une seule note discordante, lorsqu'un militant a pris le microphone pour demander aux immigrants maghrebins en chômage à Montréal de faire comme les travailleurs de la construction et d'aller gagner leur croûte en région! Ça ressemblait un peu aux discours entendus devant la Commission Bouchard-Taylor, mais ça s'est arrêté là.
On n'a pas trouvé de solution miracle à cet atelier. La commande était grosse : comment répondre aux besoins de main-d'oeuvre du Québec sans noyer le caractère français de Montréal dans une immigration massive? Et de là, comment amener les immigrants à s'installer en région, là où leur intégration à la communauté francophone serait plus efficace?
Ce n'est pas simple d'implanter des néo-Québécois en région quand on ne parvient même pas à convaincre les Québécois de souche d'y rester, surtout si les emplois y sont encore plus rares qu'à Montréal. Les militants y sont allés de plusieurs suggestions, du genre subventions aux entreprises offrant des stages aux immigrants. Mais une fois la liste des idées énoncée, l'économiste Nicolas Marceau, député de Rousseau, a signalé que les mesures proposées coûteraient très cher à un gouvernement déjà très endetté. Pierre Dubuc, du SPQ-Libre, a fait valoir qu'avec l'addition de 500 000 immigrants au cours de la prochaine décennie, il en coûterait encore plus cher de ne rien faire. L'animateur du débat, le député Camil Bouchard, s'est demandé tout haut s'il n'y avait pas, dans les mesures d'accueil proposées, un danger de créer un backlash chez les Québécois francophones qui n'auraient pas accès à l'aide financière gouvernementale offerte pour l'embauche des immigrants.
Bref, on n'a pas chômé à cet atelier et on a constaté à quel point le défi de l'immigration est complexe. C'est d'autant plus complexe qu'on a rejeté d'emblée la suggestion de geler ou de diminuer les volumes annuels d'admissions, qui sont passés de 29 000 en 1999, à 46 000 en 2008.
La loi 101 dans les Cégeps
On ne pouvait parler de l'intégration des immigrants et du renforcement du français sans parler du monde scolaire. Cette année, c'est la possibilité d'étendre la loi 101 au collégial qui fait controverse. Les jeunes péquistes et une partie de la députation, appuyés par Pierre Curzi, fait pression en ce sens. Pauline Marois a retenu ses applaudissements lorsque les jeunes se sont levés en masse pour appuyer cette idée à la plénière d'hier. Ses prédécesseurs Lucien Bouchard et Bernard Landry s'y étaient objectés lorsqu'ils dirigeaient le PQ. Jacques Parizeau a émis des réserves dans son dernier livre. Les hautes instances du PQ craignent de plonger le Québec dans une nouvelle querelle linguistique qui le ramènerait 40 ans en arrière, lors des batailles contre les lois 22 et 63.
Pauline Marois a tenté, dans son discours d'hier, de repositionner le PQ dans la mouvance des changements audacieux des années 70. «Le Parti québécois est de retour avec des idées neuves et avec une volonté de fer. Le Parti québécois doit reprendre l'initiative sur le terrain de l'identitaire.»
Saura-t-elle passer de la parole aux actes? La décision sur les cégeps sera déterminante. Avec ce premier colloque, où il ne se prenait pas de décision, le navire péquiste vient de quitter le port, mais il est encore en eau calme. C'est plus tard qu'on verra si le capitaine a ce qu'il faut pour le mener à bon port.
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