La loi québécoise sur la laïcité s’est une nouvelle fois imposée mardi dans la campagne électorale fédérale. Aussi bien le chef néo-démocrate Jagmeet Singh que le chef libéral Justin Trudeau ont dû à nouveau clarifier leur position.
Évoquant la défense des droits fondamentaux, M. Trudeau a réaffirmé la position qu’il dit tenir depuis le début. «J’ai toujours été clair, en français comme en anglais sur cet enjeu [...] Je pense que les Québécois connaissent très bien ma position depuis longtemps que je ne suis pas d’accord avec cette loi», a-t-il dit lors d’un point de presse à Iqaluit, au Nunavut.
«Les Québécois savent très bien que je vais toujours défendre les droits fondamentaux», a-t-il précisé, estimant que la loi québécoise sur la laïcité n’était à ses yeux pas un enjeu déterminant pour les électeurs du Québec, notamment.
«Je n’interviendrais pas, mais je garde la porte ouverte à une intervention possible», a-t-il ajouté, soutenant que «ce n’est pas une question de champ de compétence, c’est une question de droits fondamentaux».
Durant le débat de lundi, le chef libéral s’est présenté comme le seul chef à avoir exprimé clairement ses intentions sur cet enjeu. Il a aussi attaqué M. Singh sur la question d’une possible intervention du fédéral dans la contestation de cette loi.
«Vous avez parlé de façon très éloquente de la discrimination et vous l’avez affrontée dans votre vie, a dit M. Trudeau. Voilà pourquoi il est si étonnant de vous entendre dire, comme tous les autres leaders sur cette scène, qu’un gouvernement fédéral sous votre gouverne n’interviendrait pas.»
Même position
En campagne à Toronto, mardi, Jagmeet Singh a dû repréciser ses intentions. «Ma position n’a pas changé. Je ne veux pas intervenir. Ce que je fais, c’est que je veux changer le cœur des gens», a-t-il répondu après avoir été pressé de questions.
Malgré tout, la question est revenue à quelques reprises à savoir pourquoi le chef du Nouveau Parti démocratique ne voulait pas s’attaquer à la loi la laïcité. «Je ne veux pas intervenir alors qu’il y a une cause devant les tribunaux», a-t-il ajouté, sans que les interrogations ne cessent.
«Je suis fortement contre le projet de loi qui divise la population. C’est quelque chose qui me rend tellement triste parce qu’il y a beaucoup de discrimination et j’ai fait face à ça dans ma vie», a-t-il soutenu.
Jagmeet Singh a ajouté que «quand une poursuite rentre à la Cour suprême, le gouvernement (fédéral) a le droit de regarder ce qui se passe».
De son côté, le chef du Bloc québécois s’est questionné sur les réseaux sociaux sur la place de cet enjeu dans la campagne électorale. «Est-il étrange que le thème central de la campagne fédérale soit une loi déjà adoptée par une législature "provinciale"? Ou juste révélateur de la coexistence forcée de deux nations, l’une conquérante, l’autre conquise. Trudeau se range avec le Canada», a affirmé Yves-François Blanchet sur Twitter.
Quant à Andrew Scheer, la question lui a été posée à savoir pourquoi il ne défendait pas ses convictions comme son opposition à l’avortement ou à la loi 21. Il a été catégorique: «on ne va pas intervenir».
«Je dois être le premier ministre pour tous les Canadiens [...] On ne va pas ouvrir des débats sur ces enjeux sociaux», a-t-il ajouté.