L’immigration s’est bel et bien invitée dans la campagne électorale. Et les seuils d’immigration annuels se traduisent par des écarts s’échelonnant de 35 000 (PQ) à 80 000 (QS), la CAQ et le PCQ, 50 000 et le PLQ, 70 000. L’argument central de ceux qui proposent un seuil d’immigration élevé repose sur la pénurie de main-d’œuvre qui aurait pour effet d’être atténuée par l’arrivée d’immigrants.
Mais de fait, l’immigration est-elle une solution à la pénurie de main-d’œuvre? Dans une étude de Statistique Canada publiée en juin dernier, le constat est assez clair, les travailleurs immigrants permettent de combler les pénuries dans plusieurs secteurs. On y apprend, entre autres, que de 2010 à 2019 au pays, ces derniers ont été à l’origine de 84 % de la croissance de la population active totale, et de 55 % de la croissance dans les emplois hautement et moyennement spécialisés. L’agence conclut que l’augmentation des flux d’immigration sera essentielle pour atténuer, du moins en partie, les effets du vieillissement de la population canadienne sur le marché du travail.
En revanche, dans un rapport soumis en mai dernier par l’économiste Pierre Fortin au ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration du Québec, ce dernier expose que l’augmentation du nombre d’immigrants aurait un impact presque nul à long terme. L’économiste argue que les immigrants augmentent la population active, mais vont aussi faire grimper la demande pour les biens et services. Ceux-ci auront des besoins en éducation, en santé ou en places dans les garderies, et vont consommer, et donc, davantage de travailleurs seront nécessaires pour répondre à leurs besoins.
Une chose est certaine, avec les seuils actuels promis par les différents partis politiques, le poids démographique du Québec au sein du Canada est appelé à diminuer. En effet, pour le maintenir à 23 %, ce qui est son poids actuel selon le dernier recensement, il faudrait accueillir plus de 100 000 immigrants dans la province l'an prochain, en tenant compte de la cible d'environ 450 000 immigrants au fédéral, multiculturalisme oblige...
Et le français?
Les dernières statistiques sur la dégradation du français, notamment dans le grand Montréal métropolitain, sont sans contredit fort inquiétantes. Conséquemment, force est de constater que plus le nombre d’immigrants est élevé, plus les risques d’anglicisation des nouveaux arrivants risquent d’être élevés compte tenu de la politique pour le moins défaillante du gouvernement québécois, notamment au chapitre de la loi 96 qui, à titre d’exemple, n’oblige pas le français au cégep. Pour pallier cette lacune, Québec devra prioriser les immigrants parlant français et limiter le nombre de nouveaux arrivants à 35 000 comme le propose le PQ.
Henri Marineau, Québec
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