Le Québec occupe maintenant le premier rang des provinces canadiennes où les phénomènes liés au multiculturalisme sont perçus négativement par les médias.
Selon une étude de la firme Influence Communication portant sur la manière dont les médias traitent du multiculturalisme et des communautés ethniques, le Québec passe du neuvième au premier rang, devant l'Alberta, Terre-Neuve, la Colombie-Britannique et l'Ontario, pour sa manière négative d'aborder ces sujets.
Au cours des deux dernières années, ces thèmes ont été associés dans 77 % des cas à des controverses ou à des situations conflictuelles dans le cadre d'émissions ou de tribunes libres.
«Très souvent on a lié ces sujets au terrorisme ou à une forme d'intolérance, dit Jean-François Dumas, président d'Influence Communication. On se retrouve avec une forme d'ostracisme. Le port du voile ou du kirpan sont des enjeux actuels et on est très critique à leur endroit.»
L'étude, qui a passé en revue le contenu de journaux et d'émissions de télé et de radio, note que la question des accommodements raisonnables a beaucoup retenu l'attention des médias québécois pendant le dernier trimestre de 2006. Cela a contribué à faire de la presse québécoise celle qui associe le plus souvent les thèmes du multiculturalisme à des sources de conflits.
«Lors de la crise libano-israélienne, on a aussi beaucoup discuté au Québec de la question de la double citoyenneté. Ces débats se sont ajoutés aux résultats», précise M. Dumas.
Les provinces où ces thèmes sont perçus moins négativement sont la Nouvelle-Écosse (66 %), l'Île-du-Prince-Édouard (65 %) et le Nouveau-Brunswick (63 %). «Il faut dire que, dans ces provinces, il y a moins de médias, dit Jean-François Dumas. L'effet d'entraînement et de répétition est donc moins grand.»
Augmentation nationale
À l'échelle nationale, les thèmes liés au multiculturalisme et aux communautés ethniques ont fait l'objet d'une perception négative dans 72 % des cas. Il s'agit d'une hausse significative puisque, en 2005, lors d'une étude similaire, ce chiffre s'élevait à 66 %.
L'étude fait par ailleurs état d'une baisse importante de l'attention médiatique à l'égard des grands principes mêmes du multiculturalisme. «Au cours des dernières années, on avait souvent droit à des reportages sur le multiculturalisme, par exemple l'arrivée d'un nouvel artiste. On remarque que ce type d'approche a été remplacé par des sujets à controverse», explique Jean-François Dumas.
Pour mieux illustrer ce nouveau phénomène, l'équipe d'Influence Communication a noté que, au cours des derniers jours, où aucun grand dossier touchant le multiculturalisme n'était apparent, ce thème a occupé 0,81 % de l'espace médiatique au Canada. «Au Québec, c'était 0,92 %. C'est presque 1 % et c'est énorme», dit M. Dumas.
Au bureau de Lise Thériault, ministre de l'Immigration et des Communautés culturelles, on était visiblement déçu mais pas surpris de ces résultats. «Le Québec est encore une société très tolérante, mais il y a des indices qui ne trompent pas, a déclaré Marie-Hélène Paradis, attachée de presse de la ministre Lise Thériault. Ça nous confirme que notre lecture était bonne. Ce n'est donc pas pour rien que l'on prépare une politique contre le racisme et la discrimination.»
La politique que présentera le ministère de l'Immigration et des Communautés culturelles au printemps sera liée à un «plan d'action» et à des «moyens concrets».
«Je tiens à préciser que cette intolérance va dans tous les sens, ajoute Mme Paradis. Il y a l'attitude des Québécois de souche, mais il y a aussi celle des communautés culturelles entre elles et celle des communautés vis-à-vis des Québécois de souche.»
LA RÉALITÉ ETHNIQUE A DAVANTAGE MAUVAISE PRESSE AU QUÉBEC
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