- La souveraineté des peuples et la Bastille des Etats -
1 - Les monarques du ciel de la démocratie
Dans le solennel discours d'adieu à la nation américaine que le Président Dwight David Eisenhower a prononcé il y un demi-siècle, le 17 janvier 1961, on entend un écho précurseur du naufrage de la souveraineté des peuples dits démocratiques: "Nous n'avons pas l'expérience de la conjonction d'une gigantesque force militaire et d'une immense industrie de l'armement. (…) Ne laissons jamais le poids de cet entrelacement mettre nos libertés en danger." (Cité par Jean-Luc Pujo, Président des clubs "Penser la France" in Les conséquences politiques des attentats fabriqués de septembre 2001.)*
La tâche décisive qu'il appartient à la démocratie mondiale d'aujourd'hui d'entreprendre est d'éduquer les peuples demeurés pieusement parqués dans un suffrage universel aveuglé. Comment élèverait-on jamais des élites placées "sous influence" dès le berceau au rang de dirigeants éclairés du monde? Ce sont les citoyens qu'il faut émanciper dès l'enfance de la tutelle des idéalités griffues qui les catéchisent et qui ont seulement mis en place d'autres crocs d'un langage de la force masqué sous d'autres patenôtres de la Liberté que ceux de la monarchie de droit divin. Pour l'instant, l'instruction publique habilement idéalisée au sein des démocraties demeure au service des nouvelles mâchoires de la parole mythifiée. Le séraphisme nouveau est arrivé. Il se cache derrière les mêmes décors d'une délivrance seulement vocale que le mythe de la rédemption posthume d'autrefois. Quand la pédagogie verbifique qu'exercent les idéaux de 1789 prend simplement la relève des monarchies théocratiques, la civilisation de la Liberté entre dans un onirisme politique aussi acéphale que le précédent.
C'est pourquoi je ne cesse de tirer mon lecteur par la manche: qu'il vienne se promener avec moi dans les souterrains religieux des Etats modernes, tellement des idoles du langage fournissent désormais leurs déguisements doctrinaux aux potentats d'ici bas - en allemand, Dieu s'appelle à la fois le Herrgott, le souverain et le Erlöser, le délivreur. Si l'on n'instruit pas les peuples des secrets antropologico-religieux de la politique des démocraties, jamais on ne fera d'un vrai suffrage universel le tremplin de la civilisation de la raison et de la pensée de demain. C'est cela que pressentent à la fois les "indignés" et les électeurs d' Arnaud Montebourg, quand il présente M. Hollande et Mme Martine Aubry en "impétrants d'une même médaille" et souligne qu'ils ont décroché la même timbale d'une parole vide de sens.
2 - Un nouveau type d'intellectuels
L'anthropologie critique esquisse le profil d'un type d'intellectuels encore dans les limbes. Sachant que le cerveau simiohumain est un organe inachevé, le clerc de demain évitera le double piège de réfuter sans succès la croyance des ancêtres aux idoles de bois de leur temps et d'ignorer les causes politiques du succès des totems cérébraux du simianthrope. Dès lors que la science historique et la géopolitique actuelles se trouvent toutes deux à la recherche d'une assise méthodologique plus cohérente que celle des pithécanthropologues d'hier et d'aujourd'hui, il s'agit d'éviter à la fois l'indifférence et l'agressivité à l'égard de l'ignorance du siècle dans lequel on se trouve immergé. Le seul souci du clergé de la raison à venir est de mettre sous les yeux des lecteurs d'avant-garde l'échiquier et la problématique d'une connaissance du genre simiohumain moins anté-philosophique que celle dont une moitié ou les deux tiers du champ du réel faisaient les frais.
3 - La démocratie et la pesée des cerveaux
A ce titre, le pithécanthropologue appelle l'attention de ses congénères sur le prix exorbitant que nous payons depuis la Renaissance pour le renoncement pur et simple de la pensée occidentale à l'ambition focale qui inspirait la discipline socratique. Le XXIe siècle ne comprend goutte à la vie onirique de notre espèce. Elle est demeurée asthénique et partielle, l'espèce d'intelligence abstraite que nous avons conquise tant de notre l'histoire que de notre politique. Depuis Platon, la philosophie avait vocation de peser la boîte osseuse du genre simiohumain. L'anthropologie critique nourrit l'ambition de faire débarquer la connaissance des mythes sacrés, des constructions doctrinales et des hiérarchies sacerdotales dans la science historique et dans la géopolitique de demain, afin d'éviter un naufrage de la philosophie aussi irrémédiable que celui du Moyen Age, mais qui arborerait le pavillon décérébré des idéalités politiques et des floralies culturelles.
4 - La démocratie, tribunal de l'humanité
Croit-on vraiment qu'une entreprise illégale par nature - la conquête systématique de la Cisjordanie par Israël - se trouvera un jour validée par la force et pour toujours? Croit-on vraiment que la démocratie du droit, donc la civilisation mondiale tout entière reniera un jour les principes fondateurs de son éthique au seul profit du peuple juif? Impossible de feindre plus longtemps et sous les yeux de la planète entière de peser sur une même balance le poids des revendications respectives des deux peuples, alors qu'on les a rendus inégaux avec une effronterie affichée, impossible d'évaluer leurs intérêts opposés aux yeux d'une justice dont la balance se trouve tellement faussée qu'elle demeurera à jamais inconstructible et que tous les ateliers du droit de la planète devront déclarer forfait. Cette évidence juridique soulève la question de la nature même de la notion de légitimité politique appliquée aux jugements moraux prononcés par les Etats d'aujourd'hui. Le tribunal devant lequel ces souverains de l'injustice seront appelés à comparaître sera celui d'une humanité dont la magistrature fera débarquer une jurisprudence internationale nouvelle dans les livres d'histoire.
5 - La raison démocratique et la peur
C'est se demander si les peuples, j'y reviens, (- Il était une fois ... 1789 (2) - La souveraineté des peuples et la Bastille des Etats, 9 octobre 2011 ) sont progressivement éducables, sinon majoritairement, du moins dans des proportions suffisantes pour que leur civisme les porte avec patience et ténacité à assumer la solitude cérébrale indispensable aux guides futurs de l'ordre politique mondial. Depuis 1789, l'expérience n'a cessé, hélas, de démontrer le contraire: les citoyens dont les droits se trouvent bafoués demeurent, de génération en génération et d'un siècle à l'autre tellement ignorants que leurs affolements momentanés les jettent dans des répressions aveugles. On a vu les insurrections populaires les plus légitimes conduire des nations entières au désastre.
De plus, les peuples livrés au chaos politique dans lequel ils se sont précipités se blottissent derechef sous le sceptre d'un dompteur bien aimé; et leur effroi s'apaise en raison même du respect qu'un glaive nouveau leur inspire. "Si le Dieu n'est pas terrible", rappelle Diderot, "ses prêtres ne seront pas honorés". Quel est le poids pithéco-anthropologique de l'adage des Grecs selon lequel la crainte des dieux enfante la sagesse en douceur?
6 - L'abbaye de monte-à-regret
Une expression argotique savoureuse avait baptisé la guillotine d'"abbaye-de-monte-à-regret". Si l'éducation nationale moderne réduisait les peuples du XXIe siècle à l'inaptitude de jamais exercer une souveraineté autre que nominale, les peuples du IIIe millénaire inviteront-ils seulement quelques despotes des masses et quelques banquiers insatiables à visiter l'abbaye de monte-à-regret ? Mais si le mythe de la souveraineté des peuples est appelé à servir de jouet aux tyrans, quelle tâche immense d'éduquer des citoyens que leur indignation vertueuse, mais inorganisée et privée de toute efficacité politique condamne depuis 1789 à tomber dans la fureur aveugle et stérile de la Terreur!
Voyons donc si un plan général est concevable qui meublerait des têtes catéchisées par des démocraties encore décervelées, faute d'avoir donné un contenu réel au principe de la "souveraineté des peuples".
7 - Le rousseauisme
Si l'on étudie de près le risque que courent les nations de se livrer corps et âme à des rêves politiques irréalisables par nature et de substituer seulement des utopies parareligieuses aux audaces et aux espérances d'une saine raison, on s'aperçoit que le XVIIIe siècle a quelque peu aplani les sentiers d'une pesée pré-anthropologique de l'intelligence moyenne de l'humanité; mais l'anthropologie de l'époque ne disposait pas encore d'une science expérimentale des obstacles que rencontreront des éducations nationales ambitieuses de donner un contenu réel à la notion demeurée creuse de "souveraineté des peuples".
Placez l'œuvre galopante de Rousseau sur les plateaux d'une balance de ce genre et vous découvrirez la pauvreté de l'entendement politique dont disposaient les pré-romantiques, puis les romantiques du siècle suivant: le Contrat social du célèbre Genevois se présente comme une construction de la raison suffisamment abstraite pour mettre à son aise le concept mythique d'égalité entre un rêve cérébral certes désirable des citoyens d'un côté et, de l'autre, les exigences du bien public, lesquelles reposent nécessairement sur les têtes les plus solides.
Quant à l'onirisme calviniste, il semble que son ascèse se montre plus irréaliste encore sous les vêtements du rationnel que la mythologie doctrinale plus relâchée du catholicisme et de sa panoplie de prodiges théologiques époustouflants, mais peu coercitifs. Il suffit de lire Necker et sa fille, Mme de Staël, tous deux rousseauistes naïfs, pour découvrir que les tentacules du bucolisme politique ne sont pas moins cancérigènes et porteuses de la tyrannie que les chaînes d'un dogmatisme romain stupéfactoire, tellement un citoyen qui se proclamera le galérien de Dieu sur la terre, mais toujours du bout des lèvres seulement et qui se rendra pardonnable jour après jour à l'école de ses confessionnaux bienveillants assurera à moins de frais une discipline sociale sans heurts qu'une confession pleine de célestes ardeurs, mais dont les obédiences politiques se nourriront de redoutables métastases du mythe sacré dans les dialectiques de la grâce contraignante: sitôt que vous élevez la puissance de l'idole à l'absolu, comment n'anéantirait-elle pas votre liberté en retour et comment ne vous mettrait-elle pas aux poignets des menottes plus serrées que celles des juristes romains de la divinité, qui soumettaient l'idole au bon sens politique des sénateurs de la république.
8 - Israël et l'avenir de la démocratie mondiale
Voyez comme l'anthropologie critique met les théologies à l'école de la géopolitique: deux siècles seulement après la proclamation de la République de 1793, la tragédie que le régime démocratique vit jour après jour est devenue planétaire. N'assistons-nous pas sur les cinq continents à la disqualification morale et politique progressive de la classe dirigeante du monde ? De plus, le premier siècle de notre ère se répète en ce que le foyer de la course de notre civilisation à l'abîme n'est autre que la maladie sans remède qui a conduit l'empire romain aux funérailles de la justice.
Il y a deux millénaires, le christianisme originel bouleversait la philosophie des droits respectifs de la pensée et de la force physique. Aujourd'hui, Israël pose à nouveau au cœur de l'histoire du monde la question des relations du droit avec la morale et de l'esprit de justice avec la politique. Comment l'abaissement planétaire de la religion de la liberté serait-elle filmée jour et nuit sans dommage? Aucun siècle ne saurait installer sous les yeux de l'humanité tout entière une caméra dont la pellicule déroulerait en permanence le spectacle des bûchers sur lesquels se consumaient les relaps et les renégats du XVIe siècle. Et maintenant, nous voyons la classe dirigeante mondiale des démocraties creuser de ses mains le fossé dans lequel Israël ensevelit non seulement une ville d'un million sept cent mille d'habitants, mais une nation entière, la Palestine.
9 - Comment enfanter une nouvelle classe dirigeante
Face à une mappemonde convertie au culte de la gigantesque potence sur laquelle la justice est clouée, la génération des indignés se fait une gloire politique de demeurer "horizontale", dit-elle, c'est-à-dire privée de hiérarchie interne et de commandement. Le Golgotha des modernes nous reconduirait-il au XVIIIe siècle, où seul Jean-Jacques Rousseau refusait tout net que la démocratie future fût dirigée par de prétendus "représentants du peuple souverain", parce que les élus, pensait-il, se chargeraient rapidement de revêtements pseudo apostoliques et se dresseraient bientôt en fortins et en forteresses des privilégiés et des potentats du mythe de la Liberté. Puis, les nouveaux oligarques défendraient leur évangélisme redevenu régalien sur le modèle de la noblesse et du clergé du XVIIIe siècle finissant, à cette différence près qu'aux escadrons du trône et de l'autel succèderait un monarque plus trompeur que tous les précédents - le mythe ecclésial d'une Liberté assortie de ses liturgies sacerdotales.
10 - La généalogie des élites
Mais comment former une classe dirigeante mondiale plus instruite que celle des démocraties des XIXe et XXe siècles? Les élites cérébrales ne tombent pas du ciel, les élites de la raison émergent lentement au sein des oligarchies mentales fatiguées de leurs cérémonies. Leur avance sur les encéphales de leur temps a besoin de guerriers dont la vaillance se forge à l'école et à l'épreuve des progrès de l'anthropologie expérimentale. Leur principal allié n'est autre que le terreau de la dégénérescence politique des patriciats usés par un trop long abus de leurs prérogatives. Au XVIIIe siècle, les richesses du clergé et les blasons de l'aristocratie avaient sécrété une cuirasse qui fissurait de bataille en bataille le crâne de la monarchie. Au XXIe siècle, les grands dignitaires de la démocratie se sont alourdis sous la cotte de mailles d'Israël. Les nouveaux pilotes de l'univers ressemblent aux princes du sang et aux grands connétables qui se partageaient autrefois les honneurs et les charges du royaume; aujourd'hui les ducs et pairs de la République président les mégapoles et les conseils généraux, les nouveaux féodaux dirigent l'Etat aux côtés du roi élu.
11 - L'interruption de grossesse d'une raison sur le retour
Israël est devenu, en secret, le vrai maître des nations. La démocratie du Nouveau Monde ne hisse plus au faîte du pouvoir que des effigies en grand apparat d'une présidence de la nation devenue un hochet. On a vu le Congrès américain couper de sa propre initiative les vivres au peuple palestinien. Le malheureux s'était rendu coupable de désobéissance aux ordres de Tel-Aviv. La Maison Blanche tente en vain de ramer à contre courant du burlesque, mais elle échoue à mettre au pas les nouveaux maîtres du pays.
Ce type d'agonie de la classe dirigeante au sein de la plus grande mascarade démocratique du monde ne répond pas au même modèle des simulacres que celle dont la chute de la noblesse et du clergé de l'Ancien Régime avaient présenté le spectacle à la fin du XVIIIe siècle, parce que la décadence mondiale de l'autorité du suffrage universel sous le soleil se révèle le fruit tardif d'une paralysie générale des encéphales inscrite dans la postérité intellectuelle du Moyen Age: de même que la Renaissance n'a pas accédé à la connaissance des racines anthropologiques du sacré, les intellectuels bourgeois de la démocratie ont échoué depuis deux siècles à féconder le véritable héritage cérébral du XVIIIe siècle - celui d'un regard nouveau sur l'humanité en tant que telle. Il en résulte que, faute de connaître les secrets religieux du genre simiohumain et d'abord du mythe messianique des Hébreux, un second Moyen Age guette une science historique et une politologie menacées de quadriplégie.
Mais déjà la classe dirigeante de demain fait germer dans l'ombre les cerveaux qui prendront la relève de la rationalité bancale de la Renaissance et de la Révolution française et qui donneront aux peuples de 1789 non seulement leur véritable postérité cérébrale, mais leur nouvelle fécondité intellectuelle, tellement il est évident que l'humanisme actuel est victime d'une interruption de grossesse, donc d'une panne planétaire de son "Connais-toi". Mais, quelle résurrection des âmes et des cervelles que de replacer l'aventure mondiale du regard intérieur au cœur de l'avenir conjoint des âmes et de la pensée!
12 - Les Galilée de la démocratie
Quel spectacle que celui de la ménopause de Clio, mais aussi quelle revanche des astronomes d'observer de haut et de loin la division des pithécanthropes entre leurs télescopes et leurs microscopes ! Voyez les vues basses avertir les presbytes que M. Barack Obama dressera un obstacle insurmontable, celui de son veto, à toute manifestation éclatante de la vérité au Moyen Orient, tandis que Copernic, l'œil vissé à la longue vue de la géopolitique, fait remarquer aux lâches et aux sots qu'Israël est un Etat messianique par nature et par définition et que l'homo messianicus est encore un martien aux yeux de la politologie moderne.
Savez-vous que ce type de cerveaux va son chemin droit devant lui? Savez-vous qu'on n'a jamais mis la main au collet d'une eschatologie et que celle-ci ne voit pas les obstacles qui se dressent sur son chemin, parce que son rêve est un écran de fumée qu'elle ne peut écarter de la main? Savez-vous que la démocratie des chapelets de la Liberté est tombée en panne ? Alors les myopes du mythe de la rédemption frottent les verres de leurs bésicles et répondent aux géants qu'il faut "laisser du temps au temps" et qu'il serait discourtois en diable d'embarrasser le colosse américain de la "Justice" et du "Droit". Mais, les presbytes éclatent de rire ; pour une fois, disent-ils, le temps travaille pour leurs jumelles et Galilée est sur le point de l'emporter sur Ptolémée. La philosophie est rigolarde. Elle enseigne aux Pygmées de la politique que leur scolastique aux verres fumés fera débarquer sur les planches de l'histoire du monde une tragi-comédie dont les actes auront été rédigés par des connaisseurs du destin de l'humanité.
La planète des ramifications et des excroissances du messianisme israélien se trouve à la croisée des chemins, parce que l'éthique internationale est appelée à prendre la relève de la vacuité cérébrale et du naufrage moral dont souffre la classe dirigeante des casuistes de la démocratie.
13 - Primo, secundo, tertio, etc…
Quelle bénédiction que l'histoire de la planète des songes soit pilotée alternativement par des nettoyeurs et par des pollueurs du genre humain et que cette tragique oscillation de la démocratie entre ses saints et ses scolastiques illustre l'évidence que les théologies, même laïcisées, demeurent non seulement les clés anthropologiques de la politique simiohumaine, mais qu'elles illustrent sans le savoir les rouages premiers de l'histoire du monde.
Primo, voyez comme l'embarras politique des Etats messianisés par les codages mythologiques qui sous-tendent la démocratie planétarisée - leurs dirigeants prétendument apostoliques se sont mis au service d'un ciel génocidaire - ne fera que croître au fil de leurs prières, parce qu'il se trouve qu'un droit international nouveau est entré en vigueur, lequel qualifie désormais l'occupation même biblique et la colonisation même sacrée de crimes de guerre, d'où il résultera qu'il deviendra peu enviable, le sort des confesseurs trop ardents à protéger les délinquants des foudres du Tribunal pénal international.
Secundo, voyez comme l'étalage public de la complicité que les idéalités confessionnelles de la démocratie mondiale entretiennent avec un conquérant sanglant changera les faux apôtres de la Liberté en auteurs d'un crime au plein sens du terme, puisque les droits pénaux, même nationaux, traitent les complices en coupables non moins punissables, que les exécutants d'un crime ou d'un délit capturés les armes à la main.
Tertio, voyez comme tout l'évangile de la planète dite des droits de l'homme s'écroulera aux yeux de l'opinion publique mondiale quand les Etats démocratiques qui se seront mis au service des intérêts territoriaux et financiers d'Israël se présenteront en falsificateurs planétaires des idéaux de 1789.
Quarto, voyez comme le spectacle de la trahison des casuistes de la Liberté provoquera un schisme au sein de la catéchèse des démocraties, et voyez comme ce seront à nouveau les peuples les plus instruits qui prendront la tête de la Réforme de la religion de la justice. Certes, les hiérarques d'une démocratie fatiguée tenteront de prendre la tête de l'obscurantisme des modernes - mais, ici encore et comme au premier siècle de notre ère, puis au XVIe, puis au XVIII, l'humanité s'obstinera à se révéler mutante à titre cérébral.
Quinto, voyez comme les réformateurs de la philosophie mondiale auront leurs Luthers et leurs Calvins et comme leurs prophètes tenteront de nettoyer les écuries d'Augias des démocraties de Curie.
Sexto, voyez comme il deviendra évident qu'au premier chef, l'histoire réelle du monde est toujours un théâtre de l'alliance de la pensée avec l'éthique et que c'est l'appel aux innocents de l'esprit de justice qui redresse les âmes, les intelligences et les cœurs.
J'oubliais un détail: la démocratie vivante posera la même question que toutes les religions ascensionnelles: "Votre prochain, vous connaissez?"
14 - Le continent des marmots de la politique et l'avenir de l'intelligence des peuples
Le continent de la politique du sommeil est entré en transes : il est question de signer à la hâte un nouveau traité économique afin de sauver au prix de quelques bons de caisse un continent des cercueils subitement menacé de naufrage monétaire par-dessus le marché. Mais déjà les conducteurs des corbillards de nos finances s'apprêtent à commettre la même erreur de nabots et de marmots de la politique que celle dont nous tenons les cordons du poêle depuis des décennies. Ces pataugeurs se font une panacée d'un moteur bancaire mieux lubrifié, ces simples d'esprit s'imaginent que l'Histoire n'aura pas besoin d' un moteur politique, ces enfants des paludes se sont convaincus qu'une civilisation marécageuse se passera de propulseur des ambitions et des volontés, ces nourrissons se disent qu'une machinerie fiduciaire bien huilée éclairera les âmes et les intelligences.
15 - Ouvrez l'oeil
L'Europe d'aujourd'hui se trouve infantilisée à un point tellement inexorable que si les bases militaires américaines quittaient physiquement nos dépouilles mortelles, une panique des linceuls s'emparerait subitement de la classe funéraire tout entière; et sans doute faudrait-il plusieurs heures à la jeunesse instruite pour qu'elle se frottât les yeux et revînt de son ahurissement. Puis les peuples ouvriraient un œil soupçonneux sur leurs propres funérailles. Comment, se diraient-ils les uns aux autres, nous n'étions protégés contre personne, nous n'avions aucun ennemi mortel à craindre, toute cette foudre ne servait qu'à répandre un nuage de fumée devant une civilisations aux yeux clos, nous étions livrés sans le savoir et les paupières baissées à des fantômes savamment nourris et nos dirigeants étaient de mèche avec un occupant habile à entretenir les spectres tapageurs de nos effrois ridicules? Comment se fait-il que, dans le monde entier, les peuples soient déclarés souverains et traités de benêts, d'ignorants et d'enfants en bas âge?
16 - Un électrochoc anthropologique
Peut-être l'heure est-elle favorable comme jamais au déclenchement d'un électrochoc anthropologique dont la décharge de plusieurs milliers de volts permettrait à une jeunesse européenne plus éclairée que les précédentes de porter remède à la cécité intellectuelle et à la vassalité larvée des classes vieillies de la démocratie mondiale. Ce miracle politique semble à portée de main, parce que le bon sens comprend d'instinct que la démission rampante d'un Vieux Continent occupé depuis soixante-cinq ans par cinq cents bastions, garnisons et forteresses de l'étranger sur son sol est nécessairement l'expression d'une civilisation à bout de souffle et attachée aux chaînes de sa propre médiocrité cérébrale.
Louis XIV disait que dans les longs discours, on dit toujours quelque chose de trop. Dans son discours du 23 septembre 2011 à l'ONU, M. Netanyahou réclamait le droit pour Israël d'implanter des bases militaires sur le territoire du futur Etat palestinien, qui serait néanmoins proclamé souverain, puisque le Japon, l'Allemagne, l'Italie occupés par des centaines de bases américaines sont tenus pour des Etats souverains par le droit international actuel. On ne saurait vendre plus maladroitement la mèche.
Une Europe qui ne brandit plus que pour la forme une souveraineté des peuples devenue toute verbifique est déjà trépassée: et c'est du fond de son tombeau qu'elle entend la voix de tous les résurrecteurs: "Le royaume de l'Eveillé est en vous".
17 - Moi, le peuple…
Décidément, se disent les peuples réveillés en sursaut, le seul flambeau de notre bon sens nous suffit, la seule bougie de notre raison naturelle nous enseigne que nos dirigeants sont à enfermer à l'asile. Notre flammèche nous fait voir clair comme le jour que les abasourdis tardifs se mettent le doigt dans l'œil jusqu'au coude. Oui, notre simple entendement retrouvé nous éclaire sur la faiblesse de leur cervelle : à la vérité, il y a belle lurette que notre raison politique dépasse la leur de cent coudées. Nous verrons bien si le désarroi momentané de quelques-uns d'entre nous, nous verrons bien si la taie que nous avions sur les yeux, nous verrons bien si notre hébètement d'un demi-siècle, nous verrons bien si tout cela se trouvera rapidement effacé ou s'il nous faudra un long apprentissage pour apprendre à donner un contenu à notre souveraineté. Mais du moins sommes-nous sûrs que la maturité à venir de nos démocraties passera par le regard informé que les simianthropologues porteront enfin sur notre planète. Si nos yeux demeuraient fixés sur nos arpents, notre classe dirigeante, elle aussi, demeurerait à l'échelle de nos lopins, parce que c'est moi, le peuple, qui enfante mes chefs, c'est moi, le peuple, qui accouche des guides de ma liberté, c'est moi, le peuple, qui dis à mes classes dirigeantes que leur ciel est un marmot et que ce sont eux, les enfants ! . .
Le 16 octobre 2011
Visiter le site officiel du philosophe Manuel de Diéguez
(*) TEXTE de Jean-Luc Pujo "Les conséquences politiques des attentats fabriqués de septembre 2001"
"Il était une fois ..." 1789 - 3
La souveraineté des peuples et la Bastille des Etats
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