Dans nos pages, hier, Andrea Richard, une ex-religieuse, racontait comment le catholicisme avait volé sa jeunesse. Le témoignage était poignant, et il serait bien mal venu de le contester : cette femme a manifestement vécu un calvaire.
Catholicisme
On aurait tort, toutefois, d’y reconnaître le seul témoignage possible sur ce Québec d’antan, qui nous habite encore, mais dont nous ne savons plus quoi faire. Réduire notre passé catholique à une forme de traumatisme nous condamne à devenir étrangers à nous-mêmes.
J’ai souvent eu l’occasion de l’écrire dans cette chronique, mais j’y reviens : nous ne saurions, lorsque nous nous tournons vers le catholicisme dans notre histoire, y voir seulement un corps étranger que la Révolution tranquille nous aurait permis d’enfin expulser. Longtemps, à travers le catholicisme, les Québécois ont traversé les grandes étapes de l’existence, de la naissance à la mort.
Les codes du catholicisme balisaient l’existence. En nous arrachant au catholicisme, nous avons sacrifié ces nécessaires structures mentales et culturelles sans parvenir à les remplacer sérieusement.
Il suffit d’assister aujourd’hui à un enterrement pour s’en convaincre. Il y avait quelque chose de beau à savoir que, depuis 2000 ans, les hommes accompagnaient leurs morts en récitant les mêmes prières, en murmurant un Notre Père.
Trop souvent, désormais, les funérailles donnent une impression de dévastation symbolique. On improvise des prières qui n’en sont pas, on cherche un peu de décorum, à défaut de trouver du sacré. On enterre nos morts dans un décor de carton-pâte et en écoutant une chanson qui, demain, sera démodée.
Nostalgie ?
Je ne confesse aucune nostalgie, ici. Mais je plaide pour un peu de justice. Tout n’était pas à chanter dans le catholicisme d’hier, mais tout n’était pas à rejeter non plus, encore moins à diaboliser. De temps en temps, il nous manque.
Il n’y a rien de mal à rappeler qu’il portait une certaine beauté.