La réforme du mode de scrutin évacuée du programme du PQ

Pacte électoral - gauche et souverainiste


Suite au récent congrès du PQ, la proposition de réformer le mode de scrutin ne fait plus partie du programme de la formation souverainiste pour la première fois depuis 42 ans.
On se souvient que cette réforme avait pourtant été une des pierres d’assise du programme de ce parti dès 1969 et lors des deux gouvernements dirigés par René Lévesque qui s’était battu pendant 15 ans pour la faire adopter. Mais le fondateur du parti a été lâché par le caucus des députés péquistes lorsqu’il a voulu présenter, en 1984, un projet de loi instaurant un scrutin proportionnel régional.
Depuis, la proposition de réforme a toutefois été maintenue dans le programme et elle figurait même dans la plateforme électorale du parti en 1994. Mais le congrès de 2000 l’a reportée «après l’accession du Québec à la souveraineté» sous l’influence du premier ministre Bouchard. Lors des États généraux sur la réforme des institutions démocratiques tenue en février 2003, plus de 90% des participants ont réclamé une telle réforme. Le premier ministre Landry, en élections quelques jours plus, tard, a promis qu’il la réaliserait au cours de son prochain mandat, mais il a été défait par les libéraux.
Le premier ministre Charest a, par la suite, posé des gestes pour instaurer un mode de scrutin introduisant des éléments de proportionnalité. Mais il a retraité en 2006 devant les pressions d’élus municipaux de régions limitrophes même si lors d’une commission parlementaire, tenue quelques mois plus tôt, plus de 80% des quelque 2 000 participants avaient réclamé une telle réforme. Depuis lors, rien ne s’est passé officiellement sauf la présentation par Québec solidaire à l’Assemblée nationale en 2010 d’une proposition pour instaurer un mode de scrutin mixte avec compensation faisant une large place aux régions.
À noter que dans son nouveau programme, le PQ évacue aussi la question de la carte électorale dont la révision périodique avait été confiée, sous le gouvernement Lévesque en 1979, à un organisme indépendant des partis, la Commission de la représentation électorale.
Ces derniers mois, l’opposition péquiste s’est toutefois prononcée en faveur de nouveaux critères de révision qui mettraient en péril le principe démocratique de l’égalité du vote des électeurs en avantageant systématiquement les régions les moins populeuses aux dépens des villes et des banlieues en forte progression démographique.
Voilà deux pans fondamentaux du plan de réforme démocratique défendu par René Lévesque que le PQ d’aujourd’hui laisse tomber!
Paul Cliche,
_ Montréal,
_ 16 juin 2011

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Paul Cliche76 articles

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Membre fondateur du Mouvement pour une démocratie nouvelle et auteur du livre Pour une réduction du déficit démocratique: le scrutin proportionnel ; membre de Québec Solidaire; membre d’ATTAC Québec; membre à vie de la Société Saint-Jean Baptiste de Montréal.





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6 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    16 juin 2011

    La structure du pouvoir nous aurons le temps d'en parler lorsque les Québécois auront le pouvoir. Et pourquoi pas un tirage au sort parmi une liste de volontaires ? Tant qu'à vouloir réformer le mode de scrutin, allez jusqu'au bout et parlez-nous des idées d'un Étienne Chouart, qui ne manquent pas d'intérêt d'ailleurs.
    Et pourquoi voulez-vous davantage aujourd'hui la réforme du mode de scrutin que le renversement de l'ordre politique qui en préside les règles ?
    GV

  • Archives de Vigile Répondre

    16 juin 2011

    « La représentation proportionnelle est un système éminemment raisonnable et évidemment juste; seulement, partout où on l’a essayée, elle a produit des effets imprévus et tout à fait funestes, par la formation d’une poussière de partis, dont chacun est sans force pour gouverner, mais très puissant pour empêcher. C’est ainsi que la politique devint un jeu des politiques. »

    Émile Chartier, dit Alain, philosophe français (1868-1951), Propos, 1er septembre 1934.

  • André Lavoie Répondre

    16 juin 2011

    Je suis assez renversé de voir que l'idéal de certains souverainistes c'est d'avoir un seul parti qui serait considéré comme le seul "bon" véhicule pour aller de l'avant.
    Et je suis sidéré de lire que ce serait du "sabotage" que de vouloir une réforme du mode de scrutin...
    Alors que la majorité des pays démocratiques ont depuis assez longtemps adopté un système de représentation proportionnelle, alors que le pluralisme des idées va de pair avec le multipartisme, comment certains de mes amis souverainistes peuvent-ils encore souhaiter le retour au bipartisme et considérer qu'il serait convenable et "démocratique" de laisser 20 à 25% des électeurs peu ou pas représentés à l'assemblée nationale?
    Moi, l'indépendance que je veux faire au Québec me semble aller de pair avec un mode de scrutin qui comporte une représentation proportionnelle, plus démocratique, autant avant qu'après l'indépendance.

  • Christian Montmarquette Répondre

    16 juin 2011

    À Dominique,
    Il y a plus crétin que de faire passer Nathalie Rochefort.
    C'est de prendre le pouvoir comme le PQ et de ne pas faire l'indépendance.
    Autre point,
    Il y plus dans la démocratie que la petite partisannerie localiste.
    Grâce à cette première coalition de l'Union des forces progressiste en 2000-2001, dont je ne suis pas peu fier d'avoir été fortement partie prenante, la gauche a pour la première fois obtenu 24% des votes et bien failli prendre la circonscription.
    Mais bien au delà de tout ça, ce fût le réel lancement de la gauche souverainiste, qui est aujourd'hui Québec Solidaire.
    Et si les gens de sont pas trop cons et lisent les programmes des partis politiques, il sauront bien qui défend vraiment les intérêts du peuple et non les intérêts des multinationales, qui sont bel bien les plus grands BS et assistés-sociaux que le Québec ait toujours connus !
    C'est bien beau de parler de «gau-gauche»...
    Mais, il faut franchement être «étrette» pour voter de «drette».
    ______________________
    Christian Montmarquette
    Québec Solidaire
    Montréal
    Référence :
    «Depuis 1995, le Québec a accordé entre 75 et 120 milliards de dollars en subventions aux entreprises, selon différentes études.»
    http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/opinions/points-de-vue/201106/07/01-4406882-le-quebec-na-pas-dargent-vous-voulez-rire.php
    .

  • Archives de Vigile Répondre

    16 juin 2011

    Si en terme démocratique, l'idée semble louable. En faire la promotion, en tant que souverainiste, est une forme de sabotage à notre option.
    Pourquoi?
    Et bien, il est très facile de constater que l'attention qu'accorde à nos médias au parti de M.Legeault est inversement proportionnel à l'intérêt des Québécois pour les idées de droites.
    Pourquoi croyez-vous qu'ils en font la promotion?
    Pour l'amour de la démocratie? Non!
    Tout simplement pour diviser encore un peu plus le vote souverainiste.
    Mettez en place la proportionnelle et les parties souverainistes se multiplieront comme les boutons sur le visage d'un ados. Avec l'aide de nos médias, bien sûr!
    Dans notre contexte médiatique actuel, mettre en place la proportionnelle, c'est rien de moins que de garantir le pouvoir au PLQ, pour les années à venir.
    Si vous voulez une véritable réforme, regardez plutôt du coté de la démocratie directe.

  • Dominique Beaulieu Répondre

    16 juin 2011

    Le mode de scrutin actuel nous a assez bien servi puisque le Parti Québécois pouvait prendre le pouvoir avec moins de votes que le Parti Libéral, à cause de la concentration du vote anglophone dans l'Ouest de Montréal.
    Si la gau-gauche pouvait arrêter de diviser le vote, si la gau-gauche pouvait redescendre sur terre et se rendre compte qu'un système trop à gauche ne fonctionne pas parce que ça ramollit les gens qui cessent de se battre pour vivre s'ils ont tout cuit dans le bec, si on revenait au bon vieux temps des deux partis (un bon, un mauvais), nous n'aurions pas besoin du mode proportionnel. Notez qu'un système trop à droite ne fonctionne pas non plus!
    Si la proportionnelle aide les petits partis, elle aide aussi le Parti Libéral! Que les souverainistes se rallient dans un seul et même parti, que les autonomistes rêveurs de l'Union Nationale de Maurice Duplessis (alias Action Démocratique du Québec) se réveillent et se rallient, selon s'ils sont indépendantistes ou fédéralistes, et tout va rentrer dans l'ordre comme dans le bon vieux temps!
    D'ailleurs, n'est-ce pas Paul Cliche qui a aidé Nathalie Rochefort du Parti Libéral à gagner son élection en divisant le vote indépendantiste?