Soulèvement des Québécois contre leur joug si doux? Non!

La réforme constitutionnelle de 1982 fut pour la néomonarchie une apothéose

La fédération canadian ne négociera rien en deçà de l’unilinguisme anglais

Tribune libre

Pierre Elliott Trudeau, qui avait manifesté des velléités républicaines dans sa jeunesse et s'est improvisé en 1982 grand Solon de la démocratie canadienne, aurait pu tenter de pousser l'unilatéralisme jusqu'à proclamer la république. Lui et ses alliés s'en sont bien gardés. Bien au contraire, la réforme constitutionnelle de 1982 fut pour la néomonarchie une apothéose. Ce triomphe concocté par Trudeau et les provinces fidèles à la Couronne se révèle par leur choix délibéré d'inscrire la néomonarchie parmi la liste des trésors du régime qui ne peuvent être retouchés ou abolis qu'avec l'unanimité de tous les parlements du pays. À l'été 1968, Daniel Johnson avait rêvé d'une république québécoise fédérée et avait demandé la liberté pour le Québec de se libérer du joug monarchique. Les néomonarchistes de 1982 ont pris toutes les précautions nécessaires pour éviter la renaissance de ce rêve funeste au régime, et le gouvernement Lévesque ne sut voir dans le rapatriement unilatéral de 1982 l'apothéose cachée.
http://agora.qc.ca/textes/chevrier20.html
Et la Supreme Court of Canada nous rappelle périodiquement, la semaine dernière, entre autres, que tous les Canadians vivent toujours sous ce régime néomonarchique.
… à répétition, le trône inoccupé frémit de Rideau Hall et des bureaux des Lieutenant Gouverneurs des provinces, dans des gestes qu’on laisse croire symboliques : … les protections accordées aux libertés civiles et publiques et les rares consultations populaires sont apparues dans l'histoire du Canada comme des concessions octroyées par le souverain au bon peuple. Ces droits et ces garanties politiques, le peuple ne les exerce pas à titre de souverain. Il est un concessionnaire dont les droits ont certes augmenté avec le temps, mais ce sont le monarque et ses représentants présomptifs qui possèdent le pouvoir originel et résiduel.
... tel un esprit, le souverain est doué de transsubstantiation. Il est présent sur la monnaie, les armoiries, dans les rites parlementaires. Sa présence enveloppe tout l'état canadien, tant et si bien que le gouvernement fédéral et les provinces sont tous autant de «couronnes» dirigées par un conseil exécutif ou «privé», présidé par le représentant du monarque. (ibid.)
***
Le même professeur nous rappelle l’importance de ce serment d’allégeance à la reine, prononcé par tous nos élus à l’Assemblée nationale, et qu’on veut nous faire accepter comme un petit mensonge de 30 secondes qu’on oublie aussitôt. Or, dans la Constitution qui englobe tout le territoire canadian, signé ou pas, le sens réel de cet engagement est à l’effet de n’y rien changer et de ne jamais en sortir!… Or, tous nos députés indépendantistes s’y soumettent! Seraient sans doute exclus sans ce rite monarchique.
Après 40 ans de cette tartufferie, quel espoir reste-t-il pour la survie du français en Amérique?
Le Dominion du Canada, la néomonarchie, la fédération canadian ne négociera rien en deçà de l’unilinguisme anglais entre les trois océans!
Le seul salut pour la nation issue de Nouvelle-France viendra d’un soulèvement populaire des sujets contre Sa Majesté!
Soulèvement des Québécois contre leur joug si doux? Non!
Lucides, comment vivre alors? Exil (expulsion forcée), expatriation (émigration), demande d’asile politique?
Les grands hommes politiques se sont (ou ont été) exilés, dans le but de travailler à la réhabilitation de leur pays par divers moyens : De Gaule, Gandi… des poètes aussi : Neruda, Garcia Marquès, Borges, Mercedes Sausa… des journalistes vivent à l’étranger sans cesser d’écrire sur leur pays : C. Rioux, J. Facal, S. Racine, en Suède, qui est plus critique ici que tout Québécois satisfait!
Les Anglos qui nous expulsent : Go back where you belong to France! On voudrait bien! Eux, ils ont éliminé leur monarchie, au moins! Et nous, qui pavoisons encore avec les fleurdelisés royaux sur notre drapeau… à peine oserons-nous encore l’arborer…
Une génération encore! Simple dur moment à passer pour nous. Les autres, ils s’y feront. Yes sir!

Squared

Ouhgo (Hugues) St-Pierre196 articles

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Fier fils de bûcheron exploité. Professeur retraité d'université. Compétences en enseignement par groupes restreints, groupes de réflexion, solution de problèmes. Formation en Anglais (Ouest canadien), Espagnol (Qc, Mexique, Espagne, Cuba), Bénévolat latinos nouveaux arrivés. Exploration physique de la francophonie en Amérique : Fransaskois, Acadiens, Franco-Américains de N.-Angl., Cajuns Louisiane à BatonRouge. Échanges professoraux avec la France. Plusieurs décennies de vie de réflexion sur la lutte des peuples opprimés.





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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    3 novembre 2009

    Vous avez raison, Jean-Françcois, le fleurdelisé, il nous distingue encore dans le Canada, comme français. Même si la gouvernance de la France ne tient plus à nous... Si le ROC haït le fleurdelisé, c'est que nous existons encore. Cependant, ma réserve vient du fait que ce même drapeau, créé sous l'autonomiste Duplessis pour nous distinguer, n'est plus que le symbole d'une autre province canadienne monarchiste.
    Mais continuons de résister! Arborons nos maillots Québec libre! en masse, devant le Royal Highland Regiment Black Watch, quand le Prince of Wales les visitera le 10 nov prochain, à partir de 15.30hres au 2067 Bleury à Montréal.
    Un moment historique pour les Québécois puisque la monarchie britannique avait pris l'habitude de nous éviter depuis le samedi de la matraque! Si le Québec Nation est un fait accompli, M. Sauvé, c'est un État d'expression anglaise. C'est la Louisiane!

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    2 novembre 2009

    Le symbole de la fleur de lys, ce n'est pas à mes yeux, que le symbole de la défunte monarchie française; pour moi, ça représente notre lien avec la France. Et j'y tiens, franchement.
    En ce qui concerne le joug dont vous parlez, cher O, vous allez voir qu'il sera de moins en moins «doux»...
    J'ai des raisons de croire que le Rest of Canada ne veut pas seulement nous assimiler, non: je suis convaincu qu'ils veulent en plus de nous faire perdre notre langue, nous faire predre peu à peu tout pouvoir politique, toute capacité d'auto-détermination, comme peuple. Et qu'ils veulent aussi réduire, baisser notre niveau de vie, nous reléguer collectivement à des strates socio-économiques inférieures à celles qu'occuperont de plus en plus les immigrants allophones choisissant de vivre et travailler en anglais.
    Avant la Révolution tranquille, on nous appellait les nègres blancs d'Amérique (sic). Et je suis convaincu que cette époque, ils en sont très nostalgiques, au Canada anglais. Alors, ils font tout ce qu'ils peuvent (sans que ce soit toujours évident) pour nous ramener à cette époque!
    Il y a des fédéralistes qui croient toujours que nous pouvons, à long terme, voir la nation québécoise atteindre son plein potentiel en demeurant dans le Canada, je sais. Mais je crois que ces gens, sont des imbéciles.
    Je crois que ces gens, oui, sont des imbéciles, car le débat concernant la souveraineté du Québec, cela fait longtemps que ce n'est plus une question de choisir ce qui est le mieux pour nous, entre deux possibilités tout aussi viables, l'une que l'autre. Non, les fédéralistes (à part ceux qui le sont car ils y trouvent quelque avantage personnel, comme Jean Charest), sont simplement des gens qui ne comprennent point les enjeux.