La refondation du mouvement indépendantiste passe inévitablement par une coalition des différents partis souverainistes actuels et idéalement par la confection d'une liste unique de candidats (à la catalane) issue (tout aussi idéalement) d'une série de « primaires » qui serviraient à déterminer la candidate ou le candidat de la Coalition indépendantiste québécoise lors des prochaines élections.
Une victoire en nombre de sièges signifierait la mise en place d'un gouvernement de coalition formé par les élus issus des différents partis afin de mettre en place les étapes d'accession à l'indépendance alors qu'une victoire à double majorité (majorité des sièges et 50 + 1 % des votes) pourrait même permettre une déclaration unilatérale d'indépendance tout à fait démocratique et en toute légitimité sur le plan international malgré tous les Daniel Turp de ce monde.
L'autre élément essentiel de cette refondation serait d'éliminer le mot « référendum » du vocabulaire indépendantiste puisque cette prochaine élection devrait être référendaire et porter uniquement sur l'obtention d'un mandat clair pour enclencher les négociations et les démarches nécessaires pour faire du Québec un état indépendant. La notion de référendum ne devrait être utilisée « clairement » que pour qualifier la consultation populaire tenue 12 ou 18 mois plus tard et visant à soumettre au peuple la nouvelle constitution (que j’espère républicaine)du nouvel État du Québec.
Toute confusion à cet égard serait mortelle comme nous l'avons constaté lors des dernières élections lorsque le mot « référendum », repris ad nauseam par les libéraux et les médias, a largement contribué à la défaite du PQ. Et pour ce faire, ce scrutin référendaire ne doit porter que sur l'accession à l'indépendance et non sur la réforme de la santé, de l'éducation, de la fiscalité, de la gauche ou de la droite. Nous n'avons surtout pas besoin à ce stade de déterminer ou de nous entendre sur la couleur des bornes-fontaines dans un Québec indépendant, grands dieux!
Que de travail à faire! Que d'egos à froisser! Que d'audace et de détermination à créer! Que de volonté politique à affirmer!
Mais ne s'agit-il pas de mettre en branle le plus formidable projet de société des 50 dernières années? De réunir toutes les forces vives (toutes générations, toutes tendances, toutes couleurs et toutes origines confondues) pour affirmer au monde l'arrivée d'une nouvelle nation indépendante et solidaire du reste du monde? Cela ne vaut-il pas la peine de mettre son petit pouvoir et son petit (ou gros) ego de côté pour quelque temps?
Un Québec libre, ouvert et « métissé serré » (selon la magnifique expression de Boucar Diouf) n'est-il pas le plus beau projet d'avenir et ne mérite-t-il pas les plus grands sacrifices et la plus grande hauteur de vue?
Nous avons une trentaine de mois pour réussir.
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4 commentaires
Pierre Cloutier Répondre
28 novembre 2015Je l'ai dit et je le répète. L'article 1 du programme du Parti Québécois devrait se lire ainsi : "L'objectif prioritaire du Parti Québécois, qui conditionne toutes ses actions, est de réaliser l'indépendance du Québec, par la voie pacifique et démocratique".
Point final. Deux (2) mots (maux) disparaissent du décor : souveraineté et référendum.
Pierre Cloutier
Archives de Vigile Répondre
27 novembre 2015Monsieur Charbonneau
Entièrement d'accord avec vous! Il faut bannir définitivement et rapidement le mot référendum qui sert d'épouvantail à moineaux aux fédéralistes "canadian" pour faire peur aux Québécois. Vous n'avez qu'à penser à l'élection du 7 avril 14 qui a été perdue par le PQ à cause de l'hésitation de Marois qui n'a pas su se brancher assez rapidement à la question des fédéralistes, pour ou contre, de tenir un référendum durant le prochain règne du PQ si, évidemment, le PQ avait été réélu.
Après deux référendums perdus, tu ne joues plus une autre fois la carte du "looser", c'est la logique même. Depuis 1759 que le peuple québécois joue cette carte de deux de pique; j'ai hâte qu'on commence à sortir une couple d'as. Il faut penser à une élection référendaire pour 2018 comme en Catalogne et préparer, mentalement, les Québécois à cette éventualité. Une fois la victoire acquise, il faudra procéder par référendum afin de soumettre au peuple québécois la nouvelle constitution de notre nouveau pays, constitution que j'espère républicaine.
André Gignac 27/11/15
François Munyabagisha Répondre
27 novembre 2015Cher Pierre,
Votre réflexion, est si brillante et devrait inspirer non seulement le mouvement souverainiste, mais aussi l'autre, fédéraliste. Honnêtement, vous résolvez ici en quelques idées l'insoluble équation des incertitudes canadienne et québécoise. Vous faites bien de faire comprendre que la voie «référendaire» est sans issue, car pourrait conduire à une suite référendaire indéterminée, car si le «non à la séparation» perdait, il pourrait se prévaloir du même droit à une seconde et troisième chance. Car, une région au Québec pourrait se prévaloir du même droit pour se séparer et se rattacher au Canada. Oui on peut dire que ce serait marginal, mais c'est justement la tendance à la marginalisation qui expose à l'éclatement.
Votre texte est inspirant, je souhaite qu'il ait une grande couverture. Il aura un grand retentissement dans les milieux de stratèges politiques au Québec, disons aussi au Canada.
Robert J. Lachance Répondre
26 novembre 2015ON embauche pour refonder le mouvement indépendantiste, c’est là :
http://www.optionnationale.org
Jacques Attali dans Karl Marx ou l’esprit du monde, 2005, affirme que ce sont les individus qui font l’Histoire, et non les masses. Ça se discute.
Champlain a fondé Québec, Maisonneuve Montréal. Avec d’autres. Qui a fondé le mouvement pour l’indépendance du Québec ? Personne ou plutôt, plusieurs personnes, successivement : les Patriotes de 1837-38, Honoré Mercier, Lionel Groulx, Raymond Barbeau, Raoul Roy, Pierre Bourgeault, Marcel Chaput, Raymond Villeneuve, Gilles Grégoire, René Lévesque, Jacques Parizeau, Lucien Bouchard, Jean-Martin Aussant, Pierre Karl Péladeau. Google ne garde que les noms des plus médiatisés.
Bref, il y a eu plusieurs fondation de mouvements indépendantistes, comment refonder ? Fondre en un ou cultiver en bouquet en ce nouveau cycle ? Comment amener 60 % d’individus consultés en élection référendaire ou référendum à écrire l’Histoire dont des mous et des non; des autochtones, des francophones, des anglophones et des allophones, des 1% et des 99, dont des 9% et des 90, dont des 20 et des 70.
Dans La souveraineté du Québec : Hier, aujourd’hui et demain, sur l’importance des mots en page 24, Jacques Parizeau affirme que les trois termes « séparation », « souveraineté » et « indépendance » ont le même sens. Marcel Chaput en 1961 avait écrit pourquoi je suis séparatiste. Le référendum de 1980 demandait d’autoriser le gouvernement à négocier une souveraineté-association; celui de 1995 proposait d’autoriser à réaliser la souveraineté.
Dans son livre à lui, Jacques Parizeau signale que séparatisme, souveraineté et indépendance n’ont cependant pas le même effet sémantique chez des électeurs. Il a vu souvent les meilleurs résultats avec l’expression souveraineté-association.
Dans ce contexte, la refondation du mouvement indépendantiste envisagée ne devrait-elle pas devenir la fondation ou refondation d’une gerbe de mouvements interdépendantistes ?
Le Québec y serait d’abord considéré comme un territoire plurinational de Nations fondatrices en succession : Les Premières, La Deuxième et compagnie, La Troisième et compagnie. Le français y est la langue courante sans plus.
L’objectif serait de graduer de province à Pays et d’accéder aux Nations unies pour y faire valoir nos valeurs propres en tant que peuple distinct de celui du Canada sans le Québec (CSQ, ce que d’autres désigne par l’acronyme ROC pour reste du Canada).
L’entreprise aurait un horizon de trois générations soit une portée de près d’un siècle.
L’entreprise comprendrait le souhait d’une constitution où il serait prévu que les moins de 18 ans exercerait un droit de vote, par l’intermédiaire d’un parent ou deux le temps qu’il faut, bien entendu.
Le Québec ne serait pas forcément démocratique mais mieux grâce à un processus de représentation parlementaire continue et direct, informatisé, à inventer. Robert Dutil a traité du sujet en 1995 dans La Juste Inégalité : Essai sur la liberté, l’égalité et la démocratie.