La campagne électorale vient d’entrer dans sa troisième semaine et jusqu’à ce jour, les partis n’ont pas osé aborder le seul sujet qui les préoccupera vraiment au lendemain des élections : l’état des finances publiques. Loin des lendemains qui chantent, c’est d’austérité qu’on entendra parler.
Il ne se passe pas une journée sans que tous les partis n’y aillent d’un nouvel engagement, parfois même de plusieurs. À tel point qu’il est difficile de se rappeler qui a promis quoi et pourquoi.
Il y en a pour tout le monde, sauf pour la classe moyenne supérieure, les cadres, les professionnels qui devront contribuer beaucoup plus si le Parti québécois est élu : diminution du crédit d’impôt sur les dividendes, deux nouveaux paliers d’imposition, taux accru sur la vente d’actions, d’un chalet et d’un immeuble à logements… Sans doute s’ennuyait-on au PQ du bon vieux débat au sujet de la fuite des cerveaux et des sièges sociaux ?
Pour les autres Québécois, il n’est question que de gels de tarifs, de baisses d’impôt ou de nouveaux crédits, sans oublier les milliards d’investissements dans tous les secteurs de la société.
Où sont les augmentations qui ne manqueront pourtant pas de pleuvoir dès le premier budget d’un nouveau gouvernement ? Réduire de 30 % la dépendance au pétrole d’ici huit ans, par exemple, ne peut pas se faire sans une forte augmentation du prix de l’essence. De même pour le financement du transport en commun. Où trouve-t-on cela dans les programmes ?
En fait, le 5 septembre, on ne parlera plus de promesses, mais de sacrifices puisque l’argent manquera pour équilibrer les livres. À elle seule, l’abolition de la contribution santé de 200 $ promise par quatre des cinq partis privera l’État de 1 milliard par année. On aurait pu transformer cette taxe pour la rendre plus progressive, mais c’est tellement plus vendeur de dire qu’on l’abolit. Et on ne réduira même pas le généreux crédit de solidarité créé précisément pour éviter que cette contribution santé pénalise les plus démunis.
Puis, il y a le service de la dette qui augmentera d’un autre milliard de dollars en 2013. Et ce trou d’un troisième milliard déjà inscrit pour l’an prochain dans le dernier budget Bachand.
Ce qui permet de prédire que le premier budget d’un nouveau gouvernement sera fortement déficitaire.
Au Parti québécois, on accusera la mauvaise gestion libérale, Mme Marois s’étant fait faire le coup par M. Charest en 2003.
Quant à M. Legault, il tentera vendredi, lors de la présentation de son cadre budgétaire, de convaincre les électeurs que l’abolition des commissions scolaires, des régies de la santé et de milliers postes de fonctionnaires fera économiser des milliards qui serviront à faire face à ses engagements. Or, tout le monde sait que de telles opérations prennent des années à se réaliser et n’engendrent jamais les économies promises. Au contraire, elles coûtent cher parce qu’elles exigent la création de nouvelles structures et le déplacement ou le rachat des emplois de milliers de personnes. A-t-on déjà oublié les mises à la retraite de Lucien Bouchard ?
Quelle hypocrisie que tout cela, alors qu’il serait tellement plus honnête en cette période de crise mondiale de se rappeler que le Québec est la province la plus endettée au pays, et son fardeau fiscal le plus lourd. Dire la vérité : sommes-nous trop naïfs de croire que c’est-ce (sic) par là qu’on commence quand on veut « faire de la politique autrement » ?
Élections 2012
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