La « pédale douce » requise par le BAPE ne remplace pas un MORATOIRE

Tribune libre

Dans son texte de samedi dernier dans Le Devoir (Le rapport du BAPE sur les gaz de schiste - Une rebuffade qui laisse la porte ouverte à l'industrie), monsieur Louis-Gilles Francoeur a tout à fait raison d’écrire qu’il est faux de prétendre – comme on l’a souvent fait – que les commissaires du BAPE, en préconisant le freinage des opérations de fractionnement hydraulique, préconiseraient une forme implicite de moratoire.
Malgré le rapport du BAPE, auquel je reconnais une certaine audace (celle d’avoir heureusement débordé du mandat restreint), l’industrie va pouvoir sans gêne poursuivre l’essentiel de ses activités. Rien ne l’empêche en effet d’exercer son droit aux « préambules » (tout aussi essentiels) avant de « passer à l’acte ». Au plus, les commissaires auront-il modéré une éjaculation précoce (la « petite vite » qu’on a failli se faire passer). Ce n’est pas rien, j’en conviens, mais non seulement devons-nous demeurer vigilants, nous devons nous prémunir EN CONTINUANT D’EXIGER UN MORATOIRE.
Quant à moi, c’est un MORATOIRE D’UNE GÉNÉRATION qui s’impose, rien de moins. Pas seulement pour l’industrie du gaz de shale, mais pour toute la filière des hydrocarbures (petgaz en milieu terrestre et maritime). C’est l’occasion de refaire nos devoirs sur la stratégie énergétique, en y définissant clairement la gestion intégrée du portefeuille de ressources. On a mieux à faire au Québec que de contribuer, en étirant l’élastique, à la pérennité de l’ère révolue du gaspillage d’hydrocarbures bon marché. Compte tenu de l’abondance et de la diversité d’alternatives énergétiques naturelles renouvelables dont nous disposons, la véritable urgence qui s’impose consiste à adjoindre ces apports énergétiques à notre extraordinaire capacité de production hydraulique.
Laisser les réserves fossiles là où elles sont bien en sécurité et reprendre résolument, sur l’autre versant de notre patrimoine, le contrôle collectif du développement d’une filière énergétique renouvelable et doublement avantageuse pour le Québec : « propre » à préserver notre environnement et « propre » à nous enrichir collectivement.
Raymond Gauthier, Îles de la Madeleine
http://www.ledevoir.com/politique/quebec/318612/le-rapport-du-bape-sur-les-gaz-de-schiste-une-rebuffade-qui-laisse-la-porte-ouverte-a-l-industrie

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Raymond Gauthier17 articles

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Travailleur social retraité, il a été responsable de l’animation communautaire, de l’alphabétisation et de l’insertion socioprofessionnelle au Centre d’Éducation des adultes (C.S. des Îles). Il est membre fondateur et président du conseil d’administration de la corporation de Développement communautaire Unîle. Environnementaliste de la première heure aux Îles de la Madeleine, il milite depuis plus de 30 ans dans des organisations écologistes et est co-fondateur d’Attention FragÎles. Depuis 2004, il assure une vigilance permanente sur les projets d’exploration-exploitation d’hydrocarbures dans le golfe du Saint-Laurent (terrestres et extra-côtiers), ainsi que sur les dossiers connexes touchant l’énergie à la grandeur du Québec.

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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    13 mars 2011

    Vous vous souvenez de Mario Dumont? Il avait demandé un moratoire constitutionnel de 10 ans après le dernier référendum. On est rendu à 16 ans...
    Parizeau a mis un moratoire sur la Baie James en 1994. On est rendu à 17 ans...
    Vous demandez un moratoire de 20 ans sur le gaz et le pétrole? Le temps de permettre aux Newfies de vider Old Harry?
    Pas besoin de celà nous autres du pétrole. On peut en acheter en Algérie...