Les États-Unis et la Russie ont entamé des pourparlers sur l’Ukraine cette semaine à Genève, mais ils ne sont pas parvenus jusqu'ici à un accord pour prévenir une invasion russe. Depuis, la tension monte en Europe orientale, alors que les «rumeurs de guerre» se multiplient.
La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, se rendra à Kiev dans les prochains jours pour réaffirmer le soutien du Canada à la souveraineté ukrainienne dans l’espoir de dissuader toute «action agressive» de la Russie. Le Canada, avec une importante et politiquement influente communauté ukrainienne, a adopté une ligne dure avec Moscou depuis l'annexion de la Crimée en 2014.
Joly, en plus de ses conversations avec les dirigeants ukrainiens, se rendra sur le terrain pour rencontrer les membres des Forces armées canadiennes déployées dans le pays dans le cadre de l’opération UNIFIER.
Nos espions militaires sont-ils de la partie?
La situation opérationnelle en Ukraine offre des conditions idéales pour le déploiement du nouveau service secret militaire canadien: Force opérationnelle interarmées X, FOI-X. (JTF-X, en anglais).
Ça ne m’étonnerait pas du tout que nos espions militaires participent, aux côtés des Américains, à l’entraînement des forces spéciales ukrainiennes. Commencée par Washington dans les années 90, la formation s'est «accélérée» en 2014. Une violente manifestation à Kiev, encouragée par les États-Unis, a déclenché une chaîne d'événements qui a chassé du pouvoir un président pro-Russes. En représailles, Moscou a pris le contrôle de la Crimée et a déclenché un conflit sanglant dans la région russophone du Donbass sur la frontière russe.
Nos détachements FOI-X comprennent des équipes de coopération civil-militaire (CIMIC), des équipes d'opérations psychologiques (PSYOPS), en plus de mener des opérations ISTAR (renseignement, surveillance, acquisition d'objectifs et reconnaissance). De création récente, ce service de renseignement militaire est le plus ténébreux de nos services secrets. On dit qu’il est maintenant la plus grande organisation de renseignement du gouvernement fédéral, surpassant le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) et le Centre de la sécurité des télécommunications, le service d'écoute électronique et de cyberdéfense d’Ottawa.
Les responsables du renseignement américain craignent que les Russes, à l’aide d’agents provocateurs, créent des incidents dans l'est de l'Ukraine qui serviraient de prétexte pour l’invasion dans ce qui s’appelle, dans l’argot de l’espionnage, «une opération sous fausse bannière». Du tac au tac, les Russes répliquent que des sociétés militaires privées américaines — des mercenaires — préparent une provocation en utilisant des armes chimiques dans l'est de l'Ukraine.
Le Pentagone et la CIA croient que l’invasion pourrait commencer entre la mi-janvier et la mi-février. Un sol gelé permettrait aux troupes ainsi qu'aux véhicules et équipements militaires lourds de manœuvrer plus facilement. Il faudrait donc que les Russes agissent avant le dégel printanier en mars. Un hiver assez doux et un sol boueux pourraient compliquer les plans russes, selon ce que de hauts responsables américains ont déclaré au New York Times.
Le programme de la CIA infiltré par des espions russes
La CIA supervise ce programme secret d'entraînement intensif aux États-Unis pour les forces d'opérations spéciales ukrainiennes d'élite depuis les années 90. Le programme de formation est aux prises avec une difficulté majeure qui en limite grandement l’efficacité. Des sources ont confié à Yahoo News que la CIA est convaincue que les services secrets ukrainiens sont truffés d'espions russes.
Les responsables américains disent que le but de la formation est d'aider à la collecte de renseignements. Mais un ancien de la CIA, familier avec le programme, a dit crûment à Yahoo que «les États-Unis forment une force insurrectionnelle et apprennent aux Ukrainiens comment “tuer les Russes”». Les JTFX canadiens ont-ils la même mission?
Dès le départ, le programme de la CIA a probablement été compromis. Des stagiaires des premières cohortes venus s’entraîner aux États-Unis ont été renvoyés en Ukraine pour avoir enfreint des règles de sécurité, comme posséder des appareils électroniques non autorisés.
Et si les Russes envahissent l'Ukraine, ces préparatifs de contre-insurrection seront-ils efficaces? Pourquoi seraient-ils plus efficaces que ceux que les États-Unis ont déployés en Irak et en Afghanistan?