Le 14 août dernier, on apprenait que François Ouimet, député de Marquette, ne reviendrait pas comme candidat libéral à l’élection du 1er octobre, même s’il en avait eu l’assurance de son chef, Philippe Couillard, et que sa date d’investiture avait été déterminée par le PLQ et affichée sur son site, pour le 15 août.
Il a été évincé, sans ménagement, à 24 heures d’avis, par celui-là même qui lui avait dit les yeux dans les yeux, en lui serrant la main : « Ne t’inquiète pas, je ne te jouerai pas de tour, je vais signer ta lettre de candidature. »
« Pas fiable ! »
Que vaut donc la parole du premier ministre Couillard ? Un souvenir me revient. C’était en 2003. J’étais dans une activité de financement sur la Rive-Sud, avec M. Jean Charest, comme invité d’honneur.
Deux médecins de Sherbrooke s’y sont présentés. Je ne tarderais pas à comprendre la raison de leur présence.
Le nom de Philippe Couillard commençait à circuler comme futur ministre de la Santé. La conversation s’est terminée sur ce constat : « On vous le dit, monsieur Charest, il n’est pas fiable ! »
Pour un premier ministre, ne pas respecter sa parole est inadmissible. User de sa prérogative de chef de parti pour humilier un élu est indécent.
Les candidats vedettes
Plusieurs libéraux se pincent quand ils voient « candidat vedette » collé à certains aspirants députés présentés, à ce jour, par M. Couillard. Ils ne comprennent pas que le député de Marquette ait été largué pour Enrico Ciccone.
Incidemment, le jour même où il avait tiré la plogue sur François Ouimet, le PLQ annonçait que M. Monsef Derraji, serait a big name candidate dans Nelligan.
M. Derraji milite au sein du PLQ depuis une douzaine d’années. En 2012, il avait tenté d’être candidat dans Crémazie, mais le PLQ, sous Jean Charest, l’avait refusé, lui préférant Eleni Bakopanos.
En 2013, il a récidivé dans Viau. Il avait vendu des dizaines de cartes de membres dans ce comté à forte composante maghrébine. Mais
M. Couillard ne le trouvait pas assez « candidat vedette » et lui avait préféré David Heurtel.
Depuis 2014, il siège à l’exécutif du PLQ et a été nommé, en janvier 2016, par le conseil des ministres, au conseil d’administration de Retraite Québec.
Il a menti aux militants aussi
Durant la course au leadership qui l’a porté à la tête du PLQ, le 17 mars 2013, M. Couillard avait fait de la réforme du parti la priorité no 1 de ses « Cinq idées pour le Québec ».
Dans « Pour un Parti libéral renouvelé : Réflexions de Philippe Couillard, candidat à la direction du Parti libéral du Québec », il affirmait vouloir, entre autres, « doter notre parti [...] de règles présidant à la tenue de conventions pour la nomination des candidats, dans chaque circonscription ».
Ce processus de mise en candidature devait tenir compte de différentes catégories de circonscriptions : « L’ensemble des circonscriptions où nous avons des députés qui se représentent et l’ensemble des circonscriptions où il nous a été historiquement difficile de gagner les élections. Dans ces deux types de circonscriptions, les assemblées de mise en candidature devraient pouvoir se tenir entre trois et six mois avant la tenue des élections. » Pour les circonscriptions « où les candidats seront désignés par le chef », ce choix se fera « sur la base des recommandations qui lui seront faites par le Comité exécutif ».
Non seulement cette réforme dont il s’est servi pour gagner les votes des militants au Congrès des membres est restée lettre morte, mais c’est tout le contraire qui s’est produit. L’éviction de François Ouimet qui a admis, les larmes aux yeux, qu’il avait été trahi par son chef, en est l’illustration.