Dion-Viens, Daphnée - Le rayonnement de la Charte de la langue française dépasse les frontières du Québec. Depuis son adoption en 1977, plusieurs États s'en sont inspirés, à commencer par la Catalogne en 1983, suivie par l'Estonie, la Belgique, le pays de Galles (Royaume-Uni), etc. Mais saviez-vous que la loi 101 a aussi servi de modèle... à la Chine et à Porto Rico ? En voici quelques exemples.
La Catalogne
Difficile de passer à côté. Région autonome d'Espagne, "la Catalogne a à peu près copié la loi 101", lance Pierre Auger, directeur du département de linguistique de l'Université Laval. La Llei de Normalitzaci Lingüstica, adopté en1983, a pour la première fois donné un statut de langue officielle au catalan, menacé de disparition après avoir été censuré pendant 40 ans sous la dictature de Franco. La loi linguistique a par la suite été renforcée en 1998. Le catalan est devenu obligatoire dans la fonction publique et son usage a été étendu dans les administrations et les commerces. Il faut mentionner que le catalan est la langue maternelle d'environ 60 % de la population locale alors que le castillan (espagnol) est parlé par tous. Même si l'espagnol demeure très présent en Catalogne, M. Auger estime que cette loi inspirée par la Charte québécoise aura néanmoins permis de sauver le catalan. "Il s'agit d'une belle réussite", dit-il.
La Chine
En 1997, une délégation chinoise se rend au Québec pour visiter l'Office de la langue française et en apprendre davantage sur la loi 101. Trois ans plus tard, le gouvernement chinois adopte la Loi sur la langue et l'écriture d'usage communes, qui présente des points semblables à la Charte québécoise. La loi chinoise stipule que le putonghua (langue commune) et les caractères normalisés sont la langue et l'écriture d'usage commun de Chine. Ils doivent être utilisés dans la fonction publique, dans l'enseignement, dans les publications, etc. Bien que les domaines d'utilisation ne soient pas tout à fait les mêmes, l'influence de la Charte est bien réelle, affirme Zhou Qingsheng, chercheur à l'Académie des sciences sociales de Chine, dans un article de la Revue d'aménagement linguistique publié en 2002. Le gouvernement chinois se serait aussi inspiré de la loi 101 pour imposer, en 1999, un test de maîtrise de la langue aux employés occupants certains postes (enseignants, animateurs, acteurs, etc.). Cette décision aurait été inspirée par la disposition de la Charte qui impose aux entreprises du Québec ayant 50 employés ou plus d'obtenir un certificat de francisation.
Porto Rico
L'île de Porto Rico, située dans les Antilles, est un "État libre associé aux États-Unis". La quasi-totalité des habitants est hispanophone, mais l'anglais est une langue aussi officielle que l'espagnol. Environ le quart des Portoricains maîtrisent les rudiments de la langue anglaise. À la fin des années 70, les revendications souverainistes du Québec et l'adoption de la loi 101 ne passent pas inaperçues dans les rangs des mouvements autonomistes et indépendantistes portoricains. Dans les médias et les facultés universitaires, les atouts et les excès de la Charte de la langue française sont analysés en long et en large. En 1991, le Parti populaire démocratique (autonomiste) fait de l'espagnol la seule langue officielle, tout en maintenant l'utilisation de l'anglais dans les rapports avec le gouvernement fédéral américain. Cette loi a toutefois été abrogée peu après la victoire du Nouveau Parti progressiste, qui a rétabli l'anglais comme langue officielle en 1993. "Mais l'intérêt pour la situation juridique du Québec reste toujours vivant", écrit Luis Muniz-Arguelles, professeur de droit civil et comparé à l'Université de Porto Rico.
Les Grands Dossiers
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